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Critique de DreamBookeuse


Ce recueil de nouvelles pourra vous sembler cliché, ou vu et revu mais moi je le trouve extrêmement juste. Magali Wiéner fait un formidable travail de romancière où chaque nouvelle trouve un ton unique et une chute totalement différente. Elles se lisent à une vitesse hallucinante tant la plume est fluide et les quelques pages destinées à chaque personnage prenantes.

Elle a pris le parti d'écrire pour les filles et les garçons…ou plutôt pour l'adolescent. L'adolescence. Certaines situations choquent. Certains propos bloquent. Certaines chutes mordent. Mais chacune de ces nouvelles a résonné en moi d'une étrange manière : comme un air de déjà vu, un air de souvenir et de mémoire.

Je ne me plains pas de mon adolescence elle a été à bien des égards bien plus faciles que la plupart des gens, mais je me souviens avoir été, comme tous ces portraits qu'elle dépeint : hésitante, persuadée d'être seule et abandonnée, l'impression de ne pas me faire comprendre et que les adultes savaient forcément mieux, plus. Qu'ils pouvaient toujours tout expliquer alors que ce n'était pas ça que l'on veut. C'est être écoutés. Être aimés. Être regardés. Et pas besoin d'interrompre, pas besoin d'explication foireuse, juste de l'écoute, un regard, un câlin. Vous trouverez ce recueil »cliché » parce que vous retrouverez toutes les thématiques que l'on aborde aujourd'hui, les pratiques que l'on dénonce, les fous rires qui nous prennent, les amours qui nous blessent. Vous le trouverez « cliché » parce qu'il correspondra exactement à l'idée que vous vous faites d'un adolescent mal dans sa peau. Vous le trouverez « cliché » parce qu'il soulèvera des questions auxquelles vous pensez avoir déjà répondu. Auxquelles vous pensez que 13 reasons why, Miss Dumplin, La lune est à nous et tous les autres romans pour les adolescents ont déjà répondu. Ils n'ont répondu à rien. Ils soulèvent. Proposent. Exposent. Offrent des visions du monde. J'ai envie qu'on m'aime en offre 10 et pour cette pluralité, je dis chapeau.

Vous ne referez pas le monde avec ce recueil. Peut-être qu'il vous ennuiera « bof, pas ma came, j'ai pas vécu ça ». Peut-être qu'il vous parlera « ah Chiara on dirait moi ». Peut-être qu'il vous révoltera « pourquoi juge t-on autant, tout le temps, n'importe comment sans comprendre ni savoir? ». Moi, j'ai ris, souris, pleuré, j'ai grimacé. Parce que dans ce roman Magali Wiéner n'est pas absente. Elle parle, dénonce, n'accuse personne, mais par le biais de milliers de petits détails distille son point de vue. Pas forcément féministe parce que ce mot fait presque peur aujourd'hui mais au moins féminin, ouvert, conscient. Sans pour autant que les hommes en soient absents et sans pour autant qu'ils soient toujours les monstres, les bêtes curieuses, les cruels. Il ne manque d'ailleurs peut-être qu'une seule chose, une nouvelle sur l'hyper virilité.

Il y a dans ses pages ceux qui s'en sortent, à coups de poing, avec la force de leur volonté, avec la force de leurs mensonges. Qui prennent le dessus. Qui s'envolent. Comme Basile par exemple qui sort avec Justine, et tant pis si elle est plus âgée qu'elle « et alors, tant qu'on s'aime ». Comme Sacha qui prépare un couscous pour le repas de Noël avec sa belle famille du Front National. Oui il y a des ados qui rient, vivent, crient, s'élancent. Ne croyez pas qu'ils ne souffrent pas ou moins, ils ne souffrent pas de la même manière, c'est tout. Mais il y a ceux qui n'arrivent tout simplement pas à s'exprimer, à faire face.

Et puis, bien sûr, il y a les points de vue qui vous glacent parce qu'ils vous rappellent tant de choses, vous parlent, situation similaire, enjeux similaires l'amusement des autres, la volonté des autres, l'impression de ne pas être soi, de ne pas pouvoir être soi. Moi aussi mon premier baiser ce fut cela. Et même s'il y en eut des centaines d'autres après pour l'effacer, me faire oublier cette sensation si désagréable, il me reste en mémoire. Petit fragment d'une enfance qu'on commençait à me voler.

Magali Wiéner ne dépeint pas seulement les adolescences actuelles, mais celles qui ont toujours existées. Mais qui d'un coup, par inadvertance, par les réseaux sociaux, par les rumeurs qui ne peuvent plus se contrôler, par tous ces relais qui nous bousillent, d'un coup prend une toute autre tournure. L'intimité n'existe plus, et quand elle existe encore, c'est en soi même qu'elle se fait arracher. J'ai envie qu'on m'aime est un recueil de nouvelles essentiel pour les adolescents, pour les parents, pour les adultes, pour les prochaines générations à venir. Il y a des choses dont il faut prendre conscience, maintenant. Et arrêter de se réfugier derrière le « si je suis passé par là tu pourras ».

En résumé

J'ai envie qu'on m'aime est un recueil de nouvelles pluriel qui ne peut guère laisser indifférent. Avec un pluralité de points de vue, de situations et de personnages, Magali Wiéner dépeint l'adolescence avec un grand A sans se soucier de plaire. de très nombreux sujets sont abordés tous plus réalistes et urgents les uns que les autres : du désir de pulvériser la couronne sans mérite de la masculinité au supplice d'un jeune adolescent en rupture, de la relation homosexuelle, au culte de la beauté, Magali Wiéner n'oublie rien et signe un recueil splendide
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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