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Critique de oran


J'ai apprécié le titre - 1945 La découverte -
Un titre sobre , percutant, éloquent :
Couvrir : co ( préfixe augmentatif) et operire : couvrir totalement= cacher. Découvrir c'est voir c'est aussi révéler.

Pour rédiger ce livre, l'historienne Annette Wieviorka s'appuie, notamment, sur le travail de correspondants de guerre mené par l'américain Meyer Levin et un photographe français, travaillant pour l'AFP Eric Schwab, tous les deux de confession juive, qui vont, de février à mai 1945, couvrir la libération des camps allemands : Ohrdruf, Buchenwald, Dachau…
Nous apprenons que la libération de ces camps n'était pas une priorité, ils furent découverts au hasard des opérations militaires et ils ne représentaient pas une cible prioritaire pour aucun des Alliés, la victoire militaire étant l'objectif primordial.
Ils furent ainsi parmi les premiers à pénétrer au coeur de l'enfer. Les écrits de l'un, les photos de l'autre, sont des témoignages irréfutables sur les crimes commis par les nazis dans ces univers concentrationnaires.
Quand les Américains pénétrèrent dans certains camps (Struthof, Lublin-Majdanek, Natzweiler-Struthof ), ils avaient été, en totalité ou pour une grande partie , évacués : Pour les Nazis, les détenus étaient des témoins gênants . En effet, les représentants de huit gouvernements en exil, ainsi que ceux du Comité national français, réunis dès janvier 1942 au Palais St. James, à Londres, avaient affirmé « leur volonté de poursuivre, de rechercher, de juger et de condamner les criminels, sans distinction d'origine, et de veiller à l'exécution des sentences dans le cadre d'une juridiction internationale
Il fallait donc faire disparaitre ces témoins oculaires survivants. Par ailleurs, ces transferts résultaient aussi de l'avancée des alliés et certains nazis souhaitant poursuivre, coûte que coûte la guerre avaient besoin d'esclaves pour poursuivre leurs industries de mort.

Ce récit évoque aussi le sort des prisonniers une fois le camp libéré. Aucun dispositif spécifique n'était prévu pour venir en aide, soigner les malades, les mourants. Il a fallu improviser. de nombreux prisonniers sont restés livrés à eux-mêmes alors qu'ils nécessitaient des soins vitaux d'extrême urgence. Des vies auraient pu être sauvées. Certains (les Français notamment) purent rejoindre leur pays plus ou moins rapidement, d'autres durent séjourner encore longtemps dans des camps de transit, dans des conditions précaires.

La mère d'Eric Schwab avait été déportée, il n'avait aucune nouvelle et ignorait bien sûr si elle était toujours en vie. Il la retrouva dans le camp-ghetto de Theresienstadt.

Quelques pages sont consacrées à « l'après », et notamment à la parution du Journal d'Anne Franck qui créa une controverse houleuse entre Otto Franck, son père rescapé et Meyer Levin.

Un livre remarquable, concis, qui permet de mieux connaitre ce que fut la vie dans ces camps, leur état quand Alliés y pénétrèrent. Un document historique d'une incontestable valeur.
Enfin, les quelques photographies d'Eric Schwab insérées au texte disent, hurlent, l'horreur de « cette découverte »
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