A quoi pensent les Russes

Une BD très originale : Nicolas Wild, dessinateur, se voit proposer par des Indiens un reportage en BD sur la Russie, alors que celle-ci est fermée aux journalistes étrangers (mais pas aux artistes). Il atterrit à Saint-Pétersbourg pendant la période des Nuits blanches. Pendant toute la BD j'ai passé mon temps à l'envier : il ne connaît rien à la Russie, et il voit un peu des Nuits blanches, la plus célèbre opposante de Saint-Pétersbourg (la mamie artiste survivante du blocus), un rocker connu, il visite des grottes préhistoriques à peine inaugurées. Quelle chance il a eu ; en quelques jours il a vu les deux villes principales, la campagne, et fait un bref séjour en Bachkirie. Pas mal ! Il a rencontré toutes sortes de Russes : des opposants qui se présentent comme tels, mais aussi toutes sortes de russes, un kaléidoscope dont nul ne peut dire s'ils sont représentatifs. On voit nettement le poids de l'armée, et les contradictions parfois surprenantes dans lesquelles baignent les Russes. Ces Russes «moyens» ressemblent beaucoup aux Soviétiques moyens de 1984-1985, et il vaut mieux les aborder avec la même prudence qu'à l'époque. C'est triste, et le pire c'est les enfants : cette fillette qui apprend à démonter des armes, cet enfant qui veut un T-shirt avec un Z,… En quinze jours je trouve qu'il a su saisir beaucoup d'éléments significatifs et intéressants.
Ce reportage graphique est très bien réalisé, en noir et blanc, avec quelques touches de couleur. Et un vrai travail de journaliste !