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Critique de PhilippeCastellain


Texte terrible que celui-ci ! Nous sommes en 1895. Ayant un peu trop fait le malin devant les tribunaux, et conformément à la loi anglaise, Oscar Wilde vient d'être condamné à deux ans de prison en raison de son homosexualité. Il purge sa peine dans la prison de Reading, au milieu des détenus de droit commun.

Parmi eux, il y a un ancien soldat, Charles Wooldridge, condamné à mort pour avoir tué sa femme. Les détenus n'ont pas le droit de parler entre eux. Muet, ils l'observent déambuler dans la cours en contemplant le ciel. Un jour, en rentrant de la corvée, ils passent devant une tombe ouverte. Ces hommes qui n'ont jamais priés passent la nuit à genoux. Le lendemain, les gardes paradent fièrement. Leurs bottes sont maculées de chaux. Le corps a été enseveli nu, aspergé de chaux vive qui rongera ses chairs en les empêchant de se décomposer. Rien ne marquera jamais sa tombe…

Rien ne peut rendre la beauté de ce texte, ni le désespoir qui l'habite. On mesure la terrible épreuve que fut pour Wilde son emprisonnement, au cours du quel il ne bénéficia que de très minces aménagements en raison de sa notoriété. Ce n'est plus l'esthète brillant, plein d'humour et d'ironie. C'est un être brisé, qui a plongé dans la misère et le désespoir.

On mesure également la profondeur de sa conversion religieuse. Comme Silvio Pellico, il semble que ce soit la seule chose qui lui ait permis de tenir. de toutes ses forces, il s'accroche à ce Dieu dont la justice surpasse celle des hommes, au Christ qui pardonne au bon larron et relève ceux qui ont été brisés. Car ce n'est pas Dieu qui nous impose les épreuves de la vie : ce sont les autres hommes. Et le pouvoir du Christ est de réparer ce que les autres hommes ont irrémédiablement brisé. Il y a celui qui croit au ciel et celui qui n'y croit pas. Mais c'est en s'accrochant à cet espoir comme à un rocher qu'Oscar Wilde a pu éviter de sombre dans la folie.

Étrangement, le ‘De Profundis' ne figure pas dans-cette édition-là, ce qui est assez rare. Sa sobriété permet de mieux apprécier ce texte si particulier.
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