La Ballade de la geôle de Reading et autres poèmes

Poème d'anthologie ? Je ne saurais dire. Complainte d'une noirceur étouffante, car on y sent d'emblée toute la puissance du vécu, bien loin de la noirceur métaphorique et un peu crâne du "Portrait de Dorian Gray", oeuvre d'une conscience acérée comme un poignard qui n'en justifie pas moins les appétits inavouables par le goût sublimé du beau et ne résiste pas aux aphorismes vachards pleins de paradoxes. Relégué parmi les damnés, Oscar Wilde parle de la souffrance à travers la mise à mort d'un authentique criminel, sans jugement ni intellectualisme, avec l'humanité d'un pauvre mortel brisé par l'épreuve. "Il ne se tordait pas les poignets, il n'avait ni larmes ni langueur ni curiosité, mais l'air, il le buvait comme si c'eût été une potion de santé, et, bouche grande ouverte, il buvait le soleil comme si c'eût été du vin !" Peut-être eût-il été d'accord pour dire que les oeuvres les plus parlantes sont celles qui provoquent le silence.