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Critique de oiseaulire


"Le mari idéal" est une réussite à tous points de vue : action, caractères, peinture sociale, réflexion sur l'amour (pas seulement celui qui unit un homme et une femme) et le mariage, ce que sont la féminité, la virilité, la probité, l'amitié, le rachat et le pardon.

Peut-on changer et s'amender ? Est-il légitime de taire la vérité pour sauvegarder une union ? Est-il possible de devenir un honnête homme quand on a commis une malhonnêteté dans le passé ?

En creux et sans fanatisme, Oscar Wilde érafle l'institution du mariage victorien et démontre avec subtilité comment l'éducation différente des garçons et des filles contribue à introduire des discordances dans le couple, les premiers étant formés au pragmatique et à la tolérance de la politique politicienne, tandis que les secondes sont élevées dans la croyance d'une vie devant coïncider en tous points à l'idéal : d'où une intégrité inhumaine, une inflexibilité face aux principes moraux, et le sens suraigüe des convenances qui leur sont imposées dès l'enfance. Or la vraie vie est faite de compromission, nous dit Oscar Wilde, l'homme ne peut respirer dans une atmosphère trop pure.

Et c'est Lord Goring, le dandy apparemment superficiel et infatué de soi qui réconcilie les deux pans de l'existence humaine, à savoir le versant masculin de la vie contingente soumise aux aléas, et le versant féminin des obligations éthiques auxquelles on doit se conformer sous peine de déchéance morale.
Sa légèreté à la limite de la désinvolture n'est que politesse à l'égard d'autrui destinée à adoucir dans les rapports sociaux le tragique inhérent à l'existence. Sous cette façade séduisante et facile, il recèle un grand sens du devoir. Sans ostentation dans sa générosité, il sait être un confident sans complaisance et un ami fidèle. Il ne suborne pas les faibles, n'accable pas les coupables.

Ecoutons-le : "Tout ce que je sais c'est qu'on ne peut pas comprendre la vie sans une grande miséricorde et qu'on ne peut pas vivre sans miséricorde." et "C'est l'amour, et non pas la philosophie allemande, qui est la véritable explication de ce monde, quelle que soit celle de l'au-delà".

Se dessine ainsi la conception du dandy selon Oscar Wilde : loin de n'être qu'un élégant sans épaisseur, celui-ci doit avoir développé une exigence intérieure fondée sur trois principes de vie : s'efforcer de suivre la voie la plus droite possible ; être indulgent aux fautes d'autrui ; leur venir en aide dans le malheur plutôt que les accabler.

Il y aurait cent autres choses à dire sur cette oeuvre, très supérieure à "L'éventail de lady Vandermere", tant du point de vue psychologique et social que politique et philosophique.
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