AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 19 notes
5
7 avis
4
7 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chronique de juin du Prix des Auteurs Inconnus (PAI) 2022 dans la catégorie littérature « Imaginaire »

Le pitch : Londres. XIXᵉ siècle. Adrian Meredyth est un jeune aristocrate doublé d'un esthète accompli dont le goût pour le beau l'a conduit à devenir un peintre au talent reconnu. Notre protagoniste a aussi pour ami proche le dandy Edgard de Beaumont, amateur de bonne chère attiré par tout ce qui brille, et comme dévoué serviteur le roué et irrévérencieux valet Melmoth qui n'est rien de moins que l'un des seigneurs de l'Enfer…

La trame du récit : Adrian a donc en apparence tout pour être heureux. Toutefois, il n'a pas toujours côtoyé l'or des salons. Dix ans plus tôt, sa condition n'avait rien d'enviable : enfant orphelin, il grandissait dans la crasse des taudis sans trop se poser de questions, hormis comment se remplir le coco. Cependant, le cours de son existence va être bouleversé par un terrible événement. Où ce satané Melmoth jouera un rôle crucial justement ! Et le tout sera scellé par un pacte en bonne et due forme...

Adrian qui garde de ses origines modestes un certain goût de la sobriété se sent parfois en décalage dans le grand monde. Cependant, lors d'une soirée à laquelle il ne peut se soustraire, son hôte et mécène est assassiné. S'ensuivra une série de meurtres à la mise en scène macabre ayant pour cible de riches victimes. le même mode opératoire est à chaque fois empreint d'une certaine sophistication artistique qui ne peut laisser indifférent l'oeil expert d'Adrian. Et le concours d'un démon s'avérera bien utile pour élucider l'enquête…

Ressenti :

Dans cette histoire aux allures de foisonnant jardin à l'anglaise où planent les ombres de Jack the Ripper et de Méphistophélès, une odeur de soufre se mêle au parfum des roses. Même si le thème du pacte avec le Malin n'offre rien de neuf à la sphère fantastique, une certaine fraîcheur se dégage d'un livre au titre énigmatique et à la couverture qui aimante le regard. La couverture parlons-en, celle-ci agit en effet comme un bonbon pour les yeux. Et la lecture offre un deuxième effet « Kiss Cool » grâce à une plume ciselée, addictive et remplie d'humour qui nous emporte dans une intrigue riche en rebondissements. L'auteure restitue avec beaucoup de réalisme une très belle ambiance victorienne. Maîtrisant l'art de la description, celle-ci est aussi à l'aise pour dépeindre les vanités mondaines que l'atmosphère anxiogène des bas-fonds. Sur ce dernier point, j'aurais néanmoins apprécié plus de détails sur la vie interlope de l'époque. En effet, autant les moeurs de la haute société sont contées par le menu, autant en revanche la condition des humbles est presque passée sous silence. Je déplore donc dans ce traitement un déséquilibre entre la soie et la souillure.

Ceci étant, tout du long le langage se fait précieux jusqu'à confiner au maniérisme. Cela sent la prouesse stylistique et on ne peut que s'incliner devant ce remarquable exercice de style. Revers de la crinoline : un tel parti pris freine la spontanéité de la lecture, curieux que nous sommes de percer le sens de tant de vocables certes charmants mais oubliés ou peu usités. Quoi qu'il en soit les amoureux de la langue française seront aux anges. À n'en pas douter quiconque réussira à en placer quelques-uns pourra faire briller sa conversation de mille feux. Aux prochains repas de famille ou ailleurs !

Lien : http://scambiculturali.over-..
Commenter  J’apprécie          81
D'entrée de jeu, et même si je ne suis pas fan des descriptions aussi poussées et détaillées, elles ont leur sens puisqu'elles posent les bases d'un univers fantastique. Il suffit de lire l'incantation, après tout. D'un enfant de rue, Adrian est dans une autre sphère quand on commence véritablement l'histoire : par ici l'aristocratie, et le monde artistique.

Nous faisons la connaissance de son valet, un démon, Melmoth, de son ami Edgar, et des nobles qui gravitent autour. Entre le côté superficiel des Lord, des Lady, l'argent, des discussions de salon, et les desseins des dessins, l'histoire met un temps à arriver. Un meurtre, puis un autre, et voilà qu'Adrian se met à enquêter.
Qu'est-ce qui pousse ce criminel ? Ses intentions ? Pourquoi signe-t-il ses oeuvres dans la « chair de ses proies » ? Et puis bon, il nargue bien la police aussi, et pour cela, même pas besoin d'user de la magie… comprendra qui lira la référence.

Côté univers, les démons, surtout Moth, les créatures, sont très bien exploitées et ce jusqu'au prologue, même si j'ai trouvé celui-ci un peu long. Certaines informations, exceptée la loyauté on le sait déjà, auraient mérité d'être encore plus présentes dans l'histoire. Les quartiers anglais, l'ambiance, l'environnement et les descriptions sont agréables. On a beaucoup d'éléments d'origine, de palabres sur les personnages. Pourquoi pas.
Les phrases sont souvent longues, et j'ai parfois manqué de souffle, sans oublier les éléments pas assez mis en valeur. Ceux et celles qui apprécient le vocabulaire, un style historique avec des mots peu courants seront ravis. Bon, je n'ai pas eu besoin de dictionnaire à part pour « thrène », je ne connaissais pas !

Côté personnages, Adrian joue « le fils endeuillé à la perfection », mots tirés de l'ouvrage, et reste hyper convaincant tout du long. le pauvre Edgar, qui aimerait bien qu'Adrian se sépare de ce satané valet, comprendra qui lira, échappe même de peur à la panthère. M'enfin, tout va bien, il aura le droit à un tableau pour apaiser les tensions. Dommage, je l'aurais bien vu gratiner dans un four, ce valet ! Niark… en parlant de Moth, je le trouve trop présent, et je me permets de citer un passage :
« — Je constate qu'une fois de plus, vous m'envisagez comme solution de facilité, monsieur. »
C'est en effet ce qui m'a posé souci. Adrian ne risque rien.
Quant aux autres, j'ai adoré Henriette, sa présence redonne un peu de fraîcheur, Lawrence, Saint-Clair, c'est pas mal, mais encore une fois, pour ma part, deux persos pas assez creusés. Je ne spoilerai pas, mais j'en attendais beaucoup et le « duel » final…

Côté histoire, je me suis interrogée longtemps sur l'intrigue. Commence-t-elle « après la découverte du corps de Lord Pelham » ? Dès le départ finalement avec l'apparition ou est-ce à la venue d'Hawkins, l'inspecteur de Scotland Yard ? Ou quand on évoque « le parfum de rose » ? Les questions posées permettent de bien cerner ce qui rôde autour de Adrian Meredyth, après tout. J'ai été plus à fond dedans au moment finalement de l'enquête.

J'ai aimé, le côté historique, on est dedans, le vocabulaire, le décorum comme j'ai l'habitude de dire est respecté. L'enquête, le valet aussi enfin ce démon, même si j'ai trouvé qu'il savait un peu « trop » faire de choses. Comment avoir peur pour Adrian ? Moth a toujours un truc ! le thème de l'identité est très intéressant, de l'Amour avec un grand A, lequel ? Il faudra lire pour comprendre et en saisir tous les bords. L'univers est palpitant, et y a une volonté de nous emmener dans du fantastique jamais vu/lu. Là-dessus, c'est très plaisant !
J'ai moins aimé, les « on » impersonnels. Plusieurs fois je me suis dit « on » qui ? L'absence de variation pour les enchaînements (mais début de phrase). L'absence de carte, sur laquelle on pourrait se référer, et les phrases longues. Il faut revoir les propriétés du chloroforme et l'erreur souvent répétée d'une formulation.

Un dernier mot ? Pensez-vous que le violet puisse faire une jolie couleur d'iris ? Et auriez-vous envie de poser… ?
La suite sur ma page.
Attention j'ai lu cet ouvrage dans le cadre du prix des chroniqueurs, le barème chronique est différent du barème prix.
Lien : https://www.facebook.com/mar..
Commenter  J’apprécie          30
📜Mon ressenti📜
Etant membre du jury pour le Prix des Auteurs Inconnus 2022, dans la catégorie «Imaginaire », j'ai eu le plaisir de découvrir ce roman.
Tout d'abord il faut que j'avoue que lors des pré-sélections, malgré une couverture qui m'avait laissée dubitative, j'avais bien accroché à l'extrait. Je savais que la lecture allait être fastidieuse pour moi, car l'histoire est écrite dans un langage soutenu voir sophistiqué que je n'ai pas l'habitude de lire. Mais le pitch est accrocheur et je me suis laissée emportée par cette intrigue hautement menée.
L'histoire se passe au 19ème siècle à Londres. Tout commence avec l'incendie de l'église Sainte-Marie Matfelon et un enfant des rues de 11 ans qui assiste à 2 tragédies : l'église qui brûle mais aussi l'enlèvement d'une jeune femme et son triste sort. En ce funeste jour il croisera le Mal ou plutôt le Malin et il conclura un pacte.
10 ans plus tard on suit les frasques d'un artiste, Adrian Meredyth, dans des soirées très huppées. Il est souvent accompagné d'un ami très cher, Edgard de Beaumont et de son fidèle serviteur Melmoth.
Au fil des pages des meurtres atroces sont commis : tripes à l'air et corps pendus, les sorties de nos deux amis sont quelque peu entachées. Mais qu'à cela ne tienne, ils essayeront de résoudre ces crimes et surtout de comprendre pourquoi. Vous me direz que l'histoire a l'air cousu de fil blanc mais que nenni l'auteure nous entraine dans des salons voluptueux et des descriptions riches en couleurs et senteurs. On ressent ici toute l'époque victorienne et la prouesse de l'écrit et je salue ici le travail de l'auteure.
Bien que ma lecture fût ralentie par de nombreuses descriptions et des mots totalement inconnus, j'ai vraiment beaucoup accroché à ce roman avec ses nombreux rebondissements. J'avais un doute sur le nom du criminel, et sans rien spoiler je peux vous dire que le dénouement est rondement bien mené.
Une belle découverte que ce roman qui ne fait pas partie de mon style de lecture, de narration et qui m'a fait sortir de ma zone de confort.

https://www.facebook.com/prixdesauteursinconnus/
https://www.instagram.com/prixdesauteursinconnus/
https://twitter.com/prixdesai
https://www.prixdesauteursinconnus.com/
Commenter  J’apprécie          20
I. Une plume très atypique

Alors, de base, faut savoir que ce roman ne fait pas du tout partie de mon style de lecture. OK, on cause hémoglobine et tartare de tripes, mais là je te parle de la plume de l'auteure. Je suis dys, (et accessoirement un peu limitée intellectuellement) donc + la plume est simple, mieux je me porte.

Ici, l'auteure a super bien calqué son style à celui du XIXeme, ce qui fait que les phrases sont longues, le vocabulaire assez riche, etc.. J'ai vu que certains lecteurs disaient qu'ils n'avaient pas eu besoin de dico (kiss kiss Maritza). Bah, je suis un peu moins culturée que la moyenne, parce perso, j'ai dû faire des petites recherches. MAIS, c'est pas du tout négatif ! Je m'explique : j'ai cherché les mots parce que je voulais être sûre de bien comprendre le sens, et aussi pour pouvoir me la péter + tard. Au final, même sans la définition, j'arrivais tout à fait à comprendre le sens de la phrase.

Oui, c'est une plume très riche, on a un peu perdu l'habitude d'en croiser des comme ça de nos jours, mais c'est pas pour autant que la lecture est compliquée. Ça change et surtout, c'est beau à lire.

II. Et l'histoire ?

Le pitch de base est intriguant, et surtout, ça commence direct. Tu as même pas le temps de comprendre ce qui se passe que t'assiste au premier mort. J'ai beaucoup aimé ce point. Tu es direct dans l'ambiance.

Après, même s'il y a encore des morts, le rythme se ralentit. Clairement, je serais la + grosse des hypocrites si je devais redire un truc par rapport à ça, parce que mes débuts de romans sont toujours lents sur le 1er tiers et même en tant que lectrice, j'aime ça. Donc pour moi, aucun problème avec ça. Non, là où j'ai eu un chouilla + de mal, c'est que j'avais du mal à comprendre où voulait nous mener l'auteure. J'avais du mal à savoir quand ça commençait vraiment.

Pourtant, je me suis pas ennuyée. Je ne me sentais pas investie dans la vie des perso, je ressentais pas une peur ou une angoisse pour eux, pas de challenge, mais pourtant j'avais envie de continuer la lecture. Pourquoi ça ? Bah, c'est justement le point suivant !

III. Les dialogues

Alors, il y a beaucoup de dialogues dans ce roman. En fait non. Il n'y en a pas BEAUCOUP, mais ils sont faits d'une telle façon qu'ils ressortent vraiment. Je les trouve très théâtraux, et dans le bon sens du terme. Genre, tu vois bien la scène, il y a de l'humour (assez subtil), du rythme… je sais pas !

Ces dialogues ont une putain (faudra que je censure ce mot pour l'avis sur Amazon !) d'aura théâtrale. Ils dégagent un truc super vivant. On y crois, on est dedans.

OK, le récit, c'était peut-être un chouilla trop XIXeme pour mon cerveau atrophié et j'avais du mal à rentrer totalement dedans, mais les dialogues ! Je vois bien l'auteure écrire une pièce de théâtre ! (À partir de combien de mots compris dans le champ lexical du théâtre utilisés dans cette chronique on peut parler d'une répétition abusive ?)


PÉPITE OU PAS PÉPITE ?

Ce n'est que ma première lecture pour ce prix, je n'ai pas encore découvert les autres romans, mais je pense que ça sera peut-être pas mon choix numéro 1. Disons, que j'ai pas eu un coup de coeur. Pourtant, je comprends qu'il fasse parti de cette sélection au vu de la qualité de la plume et des dialogues !

Si je devais résumer, je dirais que c'est un très bon roman qui mérite sa place dans ce classement, seulement, la rencontre ne s'est pas faite entre lui et moi. Je ne suis pas la lectrice qui lui correspond, mais je ne doute pas une seconde que s'il devait tomber entre les mains d'une personne capable de l'apprécier à sa juste valeur, il ferait des ravages. le genre de roman qui peut être un coup de coeur, malheureusement, juste pas le mien.

Commenter  J’apprécie          21
Alors qu'il participe à une soirée organisée par la Haute Société, Adrian Meredyth va assister à un meurtre particulièrement sanglant. Ce dernier, accompagné de son (diabolique) valet, va tenter de faire la lumière sur cette sombre affaire qui tend à se répéter. Cette enquête pourrait bien faire ressurgir les fantômes du passé du jeune homme…
Dès les premières pages de ce roman, j'ai su que ce serait une lecture exigeante me demandant parfois de relire plusieurs fois une phrase afin d'être certaine d'en comprendre le sens. L'écriture est très soutenue et a très clairement enrichi mon vocabulaire. Cette plume se prête cependant très bien au style gothique, horrifique et victorien de cette histoire.
De manière générale, j'ai beaucoup aimé cette lecture et surtout l'enquête liée à la recherche du meurtrier. Entre créatures mystiques et diaboliques, humour caustique et une pointe de séduction : tous les critères étaient réunis afin de découvrir cet univers si particulier. Au niveau des personnages, j'ai vraiment adoré Melmoth le serviteur d'Adrian. Ses réflexions sont décapantes et cyniques à souhait.
Tout au long de ce roman, on avance au coeur d'un certain brouillard où se mêlent arts occultes, peinture et histoires sulfureuses. L'autrice développe et maitrise son intrigue à la perfection. L'histoire ne souffre pas un seul instant d'essoufflement ou de longueurs à mon sens. L'amour y est présent à juste dose et casse les codes du genre, ce qui rend ce récit humain et intéressant. le seul point négatif pour moi : des chapitres assez longs qui ont donné du fil à retordre à mon côté psychorigide.
Je vous conseille vivement de découvrir cette lecture originale, macabre et frissonnante à souhait!
Lien : https://viedelivres.com/2022..
Commenter  J’apprécie          20
La première chose qui frappe quand on ouvre le roman, c'est la langue. Dès les premières lignes on sait que cette lecture sera exigeante, qu'il faudra de la patience et peut-être relire certaines phrases pour les comprendre…et ça ne m'a pas dérangée, bien au contraire ! J'ai d'autant plus plongé dans le XIXe que la langue châtiée avec laquelle il était décrit ne m'était pas familière. Si le début de ma lecture fut donc laborieux, le temps que mon cerveau habitué aux romans jeunesse et YA s'alligne sur ce nouveau langage, le texte se fait de plus en plus fluide au fur et à mesure des pages et on oublie bien vite le registre pour se concentrer sur l'intrigue.

Le premier chapitre s'intéresse à cette fameuse nuit, dix ans plus tôt, où Adrian, alors petit garçon, croque le corps gracile d'un chat à même le bitume. Attiré par des bruits de cris et de cavalcades, il fait la rencontre d'une femme à la beauté époustouflante que son âme d'artiste ne peut s'empêcher de vouloir dessiner, peindre, épouser. La peur dans ses yeux et ses appels au secours le pousseront à poursuivre la voiture qui l'emmène dans la nuit, alors même que son corps de petit garçon ne pourra rien pour la sauver de son funeste destin. L'eut-il fait que cela aurait sans doute changé le cours de l'histoire. Impuissant il assiste donc à son sacrifice dans une messe noire à laquelle il ne comprend rien, ivre de rage, il enjoignera le Seigneur des Ténèbres invoqué, Melmoth à faire passer les hommes présents de vie à trépas.

Dès le début donc, le roman se pare de violence, de sang, et d'invocations démoniaques, une pointe de surnaturel glauque, sombre et ténébreuse qui n'est pas sans rappeler les oeuvres des grands de cette époque comme le Portrait de Dorian Gray, ou encore Frankenstein. Il faut dire que le Londres du XIXe siècle, avec ses tueurs en série très connus, n'est pas des plus avenants alors que la révolution industrielle frappe aux portes de la ville et noircit les perpétuels nuages de la capitale. Qu'à cela ne tienne. Adrian est désormais aristocrate, gagne plus d'argent qu'il n'en dépense, est servi par un démon aux capacités de majordome stupéfiantes (entre la nourrice, le valet et le garde du corps). Il faut dire qu'Adrian est un personnage plutôt capricieux et cynique, qui pose sur le monde un regard sans fausseté. A travers ses yeux d'artiste, c'est l'âme des autres qu'il sonde. A ses côtés, son plus fidèle ami, un français du nom d'Edgar de Beaumont duquel il pourrait bien être amoureux…et qui agace profondément son majordome.

En un peu moins de cinq cent pages, l'autrice développe une intrigue qui prend son temps, entre enquête, pirouettes artistiques, et scènes macabres. On flirte gentiment avec le surnaturel sans jamais trop y baigner ce qui contribue à en faire un roman d'ambiance à la Penny Dreadful. On y rencontre aussi tout un tas de « freaks » pour l'époque comme ce qu'on appellerait aujourd'hui des drag queens ou des transgenres mais aussi des homosexuels. J'ai apprécié que Wilhelmina intègre des réflexions tout à fait moderne à cette époque qui l'est moins, comme pour nous rappeler que l'intransigeance, l'intolérance et la violence ont toujours fait partie de ce monde mais que l'on peut aussi le changer par des choses presque anodines, comme reconnaître l'autre pour ce qu'iel est, plutôt que ce qu'iel devrait être selon la morale.

Un indice sur l'auteur des crimes est donné…mais on y repense seulement à la fin quand l'autrice consent à nous révéler l'assassin. de ce côté-ci j'aurais apprécié un côté moins nébuleux et des indices un peu plus clairs mais cela permet une montée progressive de la tension dans le récit et nous enjoint à tourner les pages de plus en plus vite. J'aurais également voulu ressentir plus d'émotions de la part des personnages, bien qu'ils soient souvent sujets à la passion, à l'envie, au désir, ou à la colère, je suis davantage touchée par la peur, la tristesse ou la douleur or Adrian en est quasiment exempt. Cela peut s'expliquer (orphelin des bas fonds de Londres, âme donnée à un démon, cynisme du personnage) mais cela m'a manqué. Finalement, une de mes scènes favorites est justement le moment où Adrian fait montre de fragilité, lorsqu'il demande à son démon si celui-ci est heureux à ses côtés. On retrouve ici un côté un peu BlackButler (côté manga) ou Sorcery of thorns (côté romans YA) et j'avouuuuue mon côté romance surnaturelle à deux balles aurait adoré qu'il y ait un petit truc entre Melmoth et Adrian !

En résumé

La Rose des Carcasses est un premier roman auto-édité très bien construit à la langue exigeante. S'il m'a manqué de l'émotion pour me toucher véritablement, l'ambiance dans laquelle nous plonge l'autrice est glaciale, gothique et macabre digne du quartier de Whitechapel dans lequel l'aventure commence. Mais avec ce petit grain de folie et de surnaturel qui en font une aventure déjantée, loufoque, aux accents horrifiques.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
Commenter  J’apprécie          20
Il est évident que ma lecture, m'a amené à me rappeler quelques livres que je lisais étant plus jeune, à l'époque où l'époque victorienne et son univers semblait plus présent dans mes lectures. Mais aussi, ça m'a un peu rappelé le manga Black Butler, sur le principe de démon serviteur et d'enquête menée, à l'époque victorienne.

Je tiens à le dire, parce que, clairement, je pense que ç'a aidé à ce que j'apprécie ma lecture. le trope du démon, à l'époque victorienne, avec tout ce qu'il y a de plus élégant qui existe, j'avoue, c'est un peu un de mes spécifiques péchés mignons.

On découvre donc, Adrian, gamin des rues, devenant artiste reconnu en grandissant, grâce à la présence de Melmoth, son démon serviteur. Adrian est un personnage assez téméraire, haut en couleur, et qui, sait s'adapter aux mondes dans lequel il vit : riche comme privé.
Mais surtout, on découvre son entourage. Et une série de meurtres plus sordides les uns que les autres, qui ne semblent pas être produits par un humain.

J'ai apprécié ma lecture : comme j'ai dit plus haut, c'est un de mes tropes chouchou. Par contre… Là où Black Butler m'a lassé, La Rose des Carcasses a su m'offrir des personnages et des relations qui me paraissaient juste et vrais. Malgré quelques instants qui paraissaient subtilement moins “matures” au niveau de la plume, et qui me faisait l'effet d'un livre young adult plus que d'un livre de cette carrure, j'ai vraiment apprécié ce qui se crée. La relation entre Adrian et Melmoth, ou même Melmoth et Edgar. Ou même, les personnages mystérieux que sont Willoughby et Henriette, par exemple.
J'aimais beaucoup les dialogues, et comment les personnages interagissaient entre eux.

Plus que ça, l'autrice ose quelque chose de particulièrement plaisant : placer des éléments LGBTQ+ d'une diversité certaine, dans un ouvrage causant de l'époque victorienne. On retrouve donc un personnage bisexuel, une personne trans, et d'autres. Et qu'est-ce que c'est plaisant ! Surtout vu la justesse utilisée pour décrire tout cela, en rappelant bien sûr l'époque qui n'était pas propice à pareille personne.

Et bien entendu, il y a l'enquête. Mon plus grand regret est que l'enquête semble facile. Je savais qui avait commis le crime (enfin “les crimes”), et me doutait du côté plus fantastique qu'il n'y paraît de la chose. Je n'avais pas tout deviné (heureusement !), mais malgré tout, je n'ai pas eut d'effet de surprise.
Ce n'est pas tant un mal : le livre se concentre sur l'imaginaire, et s'est présenté dans l'imaginaire, pas dans le roman noir ! Et quel imaginaire. J'ai beaucoup aimé ce qu'on apprend sur les démons, et découvrir un peu leurs capacités.

Quant à l'écriture… Elle est ce qui divise le plus. Certains, vous diront que c'est son point fort : une écriture tout en élégance, avec des métaphores et figures de style à ne plus savoir quoi en faire. Si l'art nouveau avait eut un style littéraire (si ça se trouve il en a un), probablement que la Rose des Carcasses aurait ressemblé à ça. Tout en arabesque et en fioriture. (à moins qu'en fait ce soit le rococo…).
Et si c'est une qualité, qui permet de rentrer dans l'ambiance de l'époque, et dans le côté artistique dépeint par le personnage d'Adrian… Certains, vous diront que c'est son point faible : des détails inutiles, des longues descriptions, des moments où on ne souffle pas et où la fluidité du récit se perd par l'envie d'aller vérifier dans le dictionnaire tel ou tel mot.

Personnellement, je me place au milieu. J'ai apprécié l'écriture pour ce qu'elle offrait : une ambiance. Quelque chose de visuel et métaphorique. J'affectionnais pouvoir imaginer les choses avec ce que la narration me décrivait, et trouvait cela tantôt poétique, et tantôt parfaitement placé dans l'univers.
Mais : À mon goût, elle en fait trop. En effet, même les plus vieux classiques, écrits au mot payé, ne proposent pas autant de fioritures et descriptions qui à mon goût prenaient parfois trop de temps, et de choses pas si intéressantes. L'entrée dans le récit ne se fait alors que si on adore les écritures « compliquées ».
Je pense que l'autrice devrait trouver un entre deux. Atténuer le côté “too much” de cette façon d'écrire, et proposer des moments aussi fluides que ne le sont les dialogues.

Ma conclusion sera tout de même que j'ai apprécié ma lecture, et notamment les tropes utilisés, ou les personnages présentés. J'ai apprécié découvrir à la fin les quelques twists proposés. J'ai apprécié ce sous-entendu de suite possible qui me donne envie de l'avoir déjà dans les mains. Et si je suis neutre quant à l'écriture, et que certains passages me semblaient bien moins matures que le reste, il n'empêche que oui, je pense que j'en garderai toujours un bon souvenir.
Lien : https://koalavolantchronicle..
Commenter  J’apprécie          10

Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
441 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}