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Critique de Seraphita


Les « Carnets de l'autre amour » se composent de fragments ténus d'écriture, à la manière d'aphorismes. Cette oeuvre hybride et atypique – essai, journal ? – est à l'image du parcours professionnel de l'auteur, Sandrine Willems, peu conventionnel : artiste, écrivain, docteur en philosophie, psychologue auprès de patients toxicomanes et alcooliques, passionnée par les thérapies accompagnées par des animaux.
La pensée des Carnets est dense, concentrée en peu de lignes et s'articule autour d'un point central, nodal pour l'auteur : l'amour, à la lisière de l'autre et du soi, l'amour de l'humain, transcendé, transcendant, qui interroge la dimension spirituelle. L'épaisseur du propos rend sa compréhension ardue, parfois hasardeuse : c'est à la fois tout le charme de l'oeuvre, mais aussi ce qui vient la rendre hermétique, parfois imperméable voire agaçante. La forme de l'écriture vient imposer un type particulier de lecture : par petites touches, çà et là, discontinu en tout cas.
Ces Carnets partent de l'autre, les patients de Sandrine Willems dans le cadre de ses consultations de psychologue dans un service d'addictologie. L'autre qui, nécessairement, vient résonner en soi, faire écho à l'autre soi-même dans la relation. L'auteur va donc explorer le lien qui l'unit à l'autre, entre forces et fragilités, à l'image d'une flamme. Les mises en abyme sont permanentes, dessinant la complexité à être de tout humain, la complexité également de la pensée de l'auteur : on se perd parfois dans les méandres d'une psychè autre qui, pourtant, résonne, çà et là, avec la sienne, l'autre en soi, ce « fantôme » que chacun porte, et qui porte chacun.

Et puis, parvenu au terme des Carnets, quelques phrases résonnent encore, viennent hanter notre psychè, tant les mots sont pleins d'un pouvoir évocateur saisissant. Si je devais n'en retenir que deux, ce seraient peut-être d'abord, p. 100 :
« L'autre comme horizon, qui recule à mesure qu'on s'avance.
L'autre comme asymptote, qu'on n'atteindrait qu'à l'infini. »
Et puis, p. 133 :
« L'origine est toujours devant nous. »

Je tiens à remercier Babelio (Opération Masse Critique) ainsi que les éditions Les Impressions Nouvelles pour cette découverte atypique.
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