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Critique de Kirzy


*** Rentrée littéraire 2018 ***

Outch, j'ai été percutée par Turner, un mec comme on en voit peu dans les romans. Ça fait très longtemps que je n'avais pas rencontré un personnage aussi surpuissant , à la fois testostéroné et porteur de valeurs fortes.

«  T'es un homme qui sait comment sont les choses. Ce qui se résume à juste de la merde. Rien n'a de sens. C'est un putain de chaos. Mais quelque part dans ce gigantesque océan de merde pure, l'homme qui voit comment sont les choses doit choisir les merdes qui semblent le plus de valeur et les défendre. C'est peut-être une femme qui te donne l'impression de mesurer trois mètres. Ça peut être le drapeau d'un pays qui t'enterrera sans y penser plus qu'un chat qui enfouit sa merde dans sa litière. C'est peut-être une fille sans nom allongée morte dans la rue. Mais c'est surtout de savoir que si tu refuses de le faire, si tu prends le fric et que tu te barres, tu ne serais plus qu'un le fantôme de toi-même. Tu ne seras rien. C'est ce sentiment que tu as dans le sang, quand tu sais qu'il foncer, jusqu'à ce que tu t'écrases. » lui dit un de ses adversaires.

Ce mec qui sait comment sont les choses, c'est Turner. Il a le regard d'un psychopathe mais est devenu flic et jette toute ses forces obstinées pour arrêter celui qui a tué involontairement lors d'une nuit de beuverie une jeune SDF noire puis a fui. Un jeune blanc friqué couvé par maman. Et il est prêt à s'écraser pour que justice soit faite, refusant la corruption qui gangrène l'Afrique du Sud et sa police.

Une bombe dégoupillée qui m'a fait penser au Nicholaï Hel ( du fabuleux Shibumi, de Trevanian ), capable de tout, y compris de survivre dans un désert de sel. Incroyable scènes de survie ... juste parce que ceux qui s'opposent à lui ont commis la petite erreur de le balancer là en compagnie d'un cadavre, et qu'un cadavre tout frais, c'est 60% d'eau ... hum je vous laisse deviner la suite ...

On est là en plein western ( sud-africain ) avec tout le décor, des mines de manganèse, le désert, le poor lonesome cow-boy, des desperados mandatés pour tuer le gêneur dont la tête est mise à prix, des morts qui s'empilent, des affrontements musclés et une boss d'anthologie.

Mais on est surtout en pleine tragédie gréco-shakespearienne. La Boss, c'est une Lady Macbeth mais sans roi, contrôlant toute la région grâce à sa fortune. Son fils, c'est un Hamlet en puissance, protégé de tout jusqu'au jour où, même pas au courant qu'il a tué tellement il était bourré, on lui cache tout et lorsque ces yeux se décillent, les dilemmes cavalent dans sa tête. Il y a même une Juliette black qui l'aime cet Hamlet-Roméo mais qui a cédé sous la pression de la mère en le quittant quelques temps avant. Décidément, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Lady Macbeth.

Tout cela est emballé par une écriture précise et rock'n roll, furieuse, qui te tient en haleine, collé aux basque de ce Turner qui connait si bien la mort. Ça dépote, ça pétarade ça pulse, bref je me suis éclatée.
Brillant, magistral, jouissif !
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