Spin, tome 1

Compte-rendu de relecture, entreprise après que Vortex, le troisième volume de la série, m'a fortement ennuyé. Quand j'ai lu Spin pour la première fois, j'ai été frappé par les événements cosmiques étranges qu'il raconte : l'encapsulage de la Terre dans une espèce de bulle temporelle, le parti que les hommes tirent de cette situation, les mystères et angoisses cosmologiques et théologiques que subit l'humanité. A la seconde lecture, ces événements spectaculaires, même l'ensemencement de Mars (qui m'avait fasciné), sont passés au second plan et j'ai surtout été sensible à la manière dont Wilson parvient à entretisser l'universel cosmique avec l'histoire particulière de ses trois héros, de leur prime enfance à la fin de leurs aventures. Cette compétence, qui consiste à faire voir l'extraordinaire par le petit bout de la lorgnette humaine, est le B.A. BA de tout romancier de science-fiction, mais Wilson s'en sort particulièrement bien, en campant des personnages ni banals ni convenus, dans des relations complexes et subtilement évoquées. Tout le monde, dans sa profession, ne peut en faire autant. L'ennui que j'ai éprouvé à cette relecture ne vient pas de ce que je "connaissais la fin", qui d'ailleurs n'en est pas une, puisque le lecteur est lancé dans le tome II, Axis, qui mène au III, Vortex. Non, c'est plutôt une certaine banalité d'écriture, la manière dont le narrateur brode sans nécessité autour de son récit, ou seulement la traduction. D'autres romans de lui, comme "Le vaisseau des voyageurs" ou "Darwinia", m'ont paru plus nerveux.