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Critique de Annette55


Je croyais emprunter un livre apaisant , une romance d'été : mal m'a en a pris .......
Voici un ouvrage bouleversant lu d'une traite, la gorge serrée, révoltée, clouée à ma chaise, jusqu'à la dernière page apportant in extremis une touche de résilience bienvenue ....
C' est l'histoire de Filiz, basée sur des faits réels , une jeune fille vivant dans un village reculé de Turquie.
L'innocente Filiz , mariée à douze ans , mère à treize ans , soumise et terrorisée sous la coupe de son mari, Yunus, dédaigneux et méchant , brute , qu'elle sert comme une esclave domestique.
La belle - mère , dite " l'araignée", tisse sa toile , lui interdit de manger, même enceinte , et le mari fort de son statut d'époux , transforme la sexualité conjugale en viol avéré chaque jour et grossesses non désirées .
Des "bijoux" bleus ,bleu pâle ou bleu foncé ne tardent pas à recouvrir son corps , fruits de la tyrannie et des coups qui sont la signature du borné Yunus.
Indifféremment il la bat avec un outil en bois ou en fer qui déterminera la nuance de "bleu" .
Elle subit cette violence sans broncher , se tait , ainsi que ses enfants Halil , Selin et Séda battus comme plâtre eux aussi ........tout ceci à huit- clos ........
L'indicible est raconté crûment sans fioritures , en phrases et chapitres courts , presque minimalistes , des mots qui claquent et résonnent d'une extraordinaire poésie , douce , baignée de couleurs et de lumière , paradoxe d'un tel ouvrage.
Comment de par le monde , peut- on rabaisser une femme au niveau d'un chien ? ( dans notre pays les chiens sont bien traités)
Folie, imbécilité , orgueil masculin , obscurantisme d'un autre âge ?
Heureusement le 1er août 1998, les voisins ont appelé les urgences et la police , une page se tournera , Fiiiz et ses enfants s'en sortiront ........
Elle voit enfin la lumière de la liberté .......
Un livre poignant à ne pas mettre entre les mains d'âmes sensibles !
" Des coups pleuvent du plafond.
Des coups pleuvent des murs.
Des coups surgissent des interstices du parquet .
Un coup . Deux coups . Un coup . Deux coups .
Tu me bats à mort mais tu ne m'atteins pas
Il me brise le nez, me brise les deux mâchoires .
Il me brise les bras et les côtes .
Il brise la table de nuit, le bois du lit, les dessins des enfants tombent du mur .
Tu veux ma vie , mais tu es mon bourreau ..."

Traduit de l'allemand par Pierrick Steunou chez Actes Sud.
Un premier roman qui a reçu le prix Mara -Cassens en Allemagne .
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