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Critique de MarieKey


Un roman autobiographique ? Non, pas tout à fait, pourtant, on l'aurait presque cru. Les oranges ne sont pas les seuls fruits reprend les souvenirs d'enfance de Jeanette Winterson et nous les propose au sein d'un récit réaménagé, retravaillé. C'est clairement le titre qui a attiré mon attention, j'étais loin d'imaginer tomber sur une histoire basée sur des faits réels, mélangeant religion et homosexualité, qui plus est.

Les missionnaires chrétiens sont au coeur de ce roman. Élevée par une mère très pieuse au sein d'une communauté religieuse très active, Jeanette est destinée à devenir une missionnaire. On découvre leurs rôles de prêcheurs, leurs activités. Pour ceux qui l'ignorent (comme c'était mon cas avant ma lecture) le but des missionnaires est de diffuser le message du Christ, de faire des prédications pour toucher le plus de personnes possible ou alors d'organiser des oeuvres caritatives ou des activités. L'objectif étant d'amener les gens à se convertir.

Chez Jeanette, toute passion est un péché (c'est sa mère qui le lui a dit). L'attachement ne se montre pas, qu'il soit amoureux, maritale ou filiale. Les rapports entre Jeannette et sa mère sont très distants, quant à la relation de couple de la mère et du père, elle est inexistante. D'ailleurs, les hommes sont très peu présents dans le roman. C'est dans ce milieu religieux où les femmes sont omniprésentes que Jeannette grandit. Les oeuvres sont gérées par les femmes, les hommes sont très peu actifs.

Le style est agréable lorsque l'auteur évoque sa jeunesse, parfois sur le ton de l'humour, d'autre fois plus sérieux. Il se dégage une certaine curiosité face à cette famille plutôt atypique. le père effacé, dont on a l'impression qu'il n'est là que pour faire figure de patriarche. La mère forte et très pieuse ayant adopté Jeanette car elle serait l'Élue.

En revanche, les histoires et mythes religieux ou même médiévaux insérés dans le récit ne m'ont pas toujours semblé pertinents. Sous ses aires de fable morale, on a parfois du mal à s'y retrouver.

Cependant, j'ai beaucoup apprécié le point de vue du roman. le regard intérieur de Jeanette qui garde sa foi chrétienne quoiqu'il arrive, analyse tout avec sa curiosité d'enfant, se pose des questions. L'évolution de sa pensée, de son orientation sexuelle également. Elle accepte à la fois Dieu et son attirance pour les femmes, sans jamais voir en quoi cela pourrait être une mauvaise chose. Elle se heurte à sa mère, à son église pour qui le pêché est de haut niveau. Elle sera d'ailleurs blâmée, rejetée, exorcisée même pour l'amour qu'elle porte à Mélanie, jeune fille rencontrée à l'église.
Jeanette ne comprend pas forcément sa mère, ni en quoi son amour est un péché et le regard posé sur ses croyances et la prétendue incompatibilité avec ce qu'elle ressent est intéressant.

Il est certain que le roman a de l'intérêt, les deux grands sujets qu'il aborde (religion et homosexualité) et confronte en font un récit initiatique pertinent que le ton souvent mordant de l'héroïne rend plaisant à découvrir. Malgré tout, le livre m'a semblé très court et j'aurais aimé que certains aspects soient plus approfondis. Intéressant donc, mais pas forcément mémorable en ce qui me concerne.
Lien : http://desmotsenvrac.blogspo..
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