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Critique de PGilly


Au crépuscule de ma vie, inquiet pour les générations futures, noyées dans le réchauffement climatique et la culture numérique, je viens de lire et je continue à lire des propos réalistes et enthousiasmants, que je conseille absolument aux parents, aux enseignants, aux citoyennes et citoyennes, aux ministres de l'Éducation de toutes nations, à quiconque soucieux des transformations de nos façons de lire, de penser et d'écrire. J'ai encore des étoiles plein les yeux. Je n'ai pu en décerner que cinq alors qu'une constellation s'imposait.
Je vous demande un peu de « patience cognitive », (développée dans l'ouvrage) pour lire avec attention ce qui suit, non que ce soit ardu, mais long dans l'expression d'un émoi que j'aimerais partager avec vous.
Allons-y !
Maryanne Wolf écrit neuf lettres aux lectrices et lecteurs. Elle parle d'elle, de ses recherches, d'études, de projets, d'initiatives, d'hypothèses susceptibles de mesurer les effets et les conséquences d'une transformation larvée de notre manière de lire découlant de notre pratique intensive des écrans. Maryanne s'auto-observe et constate, lors d'une relecture en trois temps d'un livre adoré jeune, que les phénomènes qu'elle épingle commence à la gagner ; vitesse déraisonnable et attention fluctuante.
Directrice d'un centre d'études sur la dyslexie, elle innove considérablement en invitant à la construction d'un cerveau bi-compétent à la prime enfance entre cinq et dix ans, associant l'imprimé et le numérique : montrer aux gamines et gamins ce que chaque médium a de meilleur. Numérique et imprimé sont abordés séparément durant les deux premières années d'école, jusqu'au moment où l'élève a intégré les spécificités de l'un et de l'autre.
L'auteure avance son hypothèse, non prouvée à ce jour, que ce développement parallèle est susceptible de prévenir l'atrophie des capacités de lecture concentrée observée chez l'adulte lorsque les processus de lecture sur écran « déteignent » sur ceux de la lecture sur papier.
L'enfant devenu fluide devant l'écran, devant un livre ou un document serait capable de choisir, « chacun des deux médiums aurait sa place, et les enfants apprendraient au passage lequel est le plus approprié à chaque tâche d'apprentissage. »
Lumineux, n'est-il pas ?
Oui, mais possible si trois conditions assez exigeantes sont réunies.
1/ Investir dans la recherche sur les impacts cognitifs de l'imprimé et du numérique sur le cerveau des enfants, notamment ceux qui ont du mal à lire, que ce soit pour une raison biologique ou sociale.
2/ Former les enseignants et créer des outils pédagogiques innovants.
3/ Faciliter l'accès au numérique.
Sur ce dernier point, Maryanne Wolf en appelle à la coopération internationale pour concevoir des applications efficaces et combler ainsi les écarts dans l'accès au numérique, surtout en ce qui concerne l'implication des parents. Ceux-ci ont un rôle essentiel dans le développement des aptitudes cognitives de l'enfant : soutien et affection, surtout (c'est moi qui souligne).
Voilà l'apport essentiel de ce livre indispensable à la révolution du passage de l'écrit au numérique. Je tenais à vous en faire part illico. Je vais reprendre la lecture suivie et approfondie de l'ensemble.
Un mot encore sur la neuvième et dernière missive, vibrant plaidoyer sur la nécessité d'aider les enfants à devenir de bons lecteurs, c'est-à dire de les libérer des modes de lecture appauvris -TLPL, trop long, pas lu ; sortir du vite autant que possible, lentement si nécessaire – au bénéfice d' « un rythme temporel qui permette d'aborder le texte avec conscience et résolution. » Se hâter avec lenteur afin de développer questionnement et réflexion.
L'ensemble des lettres est un manuel de lecture à cerveau ouvert, dont le fonctionnement en mode lecture est remarquablement décrit et dessiné, déplié la belle métaphore des cinq pistes de cirque. L'humanité et la clarté de Maryanne Wolf, étayée par de nombreuses références, complètent l'approche de chercheurs américains inquiets du non-pensé de l'évolution numérique, tels que Sherry Turkle et James Bridle.

Thank you so much !
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