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Critique de paikanne


Mon avis : ceux qui me lisent régulièrement savent tout le bien que j'ai pensé du roman Traque sauvage de Sylvie Wolfs, découvert au hasard de mes pérégrinations sur le Net. Lorsque j'ai su que Cheveux-de-Feu, publié voici quelques années, racontait l'histoire de Jewell avant les années de Traque sauvage, je me suis procuré le roman.

Bien sûr je partais avec un a priori positif car quand on a apprécié un "héros de papier", on est heureux de le retrouver ; j'étais donc ravie de retrouver Jewell même si je "parcourais la route à l'envers".

Nul regret de m'être embarquée pour ce voyage qui allait me conduire de l'Irlande sur le continent américain alors encore peu exploré mais en passe d'être ravagé…

Alternance de la narration dans ce récit qui présente une double histoire en parallèle : celle de Jewell dans une Irlande qu'elle aime mais qui sera bientôt la proie de la famine ; celle de Petit-Serpent, jeune Sioux qui apprend la vie au sein de son peuple. Chacun est confronté aux prémices de son destin futur et tâche d'être à l'écoute des signes qui lui permettront de faire des choix souvent essentiels…

La petite fille souffre depuis toujours dans sa chair et dans son coeur à cause de sa mère, la Mauvaise, dont l'horrible comportement ne peut être adouci que par l'amour de son père et de sa petite soeur. Mais la famine s'abat bientôt sur l'Irlande et Jewell va découvrir qu'il est toujours possible de s'enfoncer davantage dans la misère et la souffrance. Bientôt contrainte et forcée de faire le voyage vers le continent américain, elle prend bien vite la mesure de l'horrible sort qui lui est réservé, jusqu'à ce que l'Ouest sauvage l'appelle. Irrésistiblement.

Petit-Serpent, quant à lui, se doit d'apprendre encore et toujours, à l'unisson de la Nature, précieux présent dont les Indiens ont la garde depuis des temps immémoriaux. Curieux, courageux, intelligent, respectueux, il est impatient de découvrir le nom qui sera désormais le sien lorsque sera venu le moment. C'est par son intermédiaire que nous découvrons des pans de la culture des Indiens d'Amérique en une époque où leur temps est compté.

Pourquoi ai-je aimé ce roman ? À côté des mes "retrouvailles" avec Jewell, j'ai été enchantée par les pages dévoilant cette culture indienne à mille lieues de la nôtre, une conception de la vie respectueuse de l'autre, où la solidarité n'est pas un vain mot, où la Nature est reine et honorée comme il se doit, où les faibles ont leur place, où les esprits se manifestent généreusement. En totale opposition avec ce que Jewell a connu de "l'autre monde", celui qui se permet de vouloir transformer ces "Sauvages" à son image. On souffre avec Jewell, on souffre avec ces Indiens qui se savent d'ores et déjà condamnés mais qui lutteront jusqu'au bout contre les Tuniques Bleues.

Jewell rencontre son nouveau peuple et pour la première fois de sa vie se sent en harmonie avec elle-même…

La plume (!) de l'auteur est, m'a-t-il semblé, moins poétique que dans Traque sauvage mais tout aussi fluide et agréable à lire ; autour des deux protagonistes majeurs, gravitent des personnages attachants comme Phyllis, compagne d'infortune de Jewell, Martha, adolescente noire mutilée qui n'a connu que la misère et les bas-fonds new yorkais, Né-dans-les-Larmes, le frère de Petit-Serpent, Loup-qui-voit-Loin, définitivement lié à Jewell ou encore Mat, ce pionnier au destin tragique, amené à reconsidérer son point de vue sur les "Sauvages". Et puis les brutes sanguinaires qui se repaissent des massacres perpétrés à l'encontre de ces derniers, avec pour conséquence le caractère de Jewell découvert dans Traque sauvage.

"La caravane poursuivait sa migration vers l'Oregon, entre les rivières Kaw et Big Blue. le convoi progressait, dans sa torpeur habituelle et Jewell menait elle-même son chariot. Elle observait avec intérêt le paysage et ne s'en lassait pas. Elle allait de découverte en découverte et ne se serait jamais doutée comme ce pays pouvait être aussi grand et beau. Les chariots avaient atteint la rivière Platte qui déployait ses splendeurs à travers la prairie. Cette rivière-là n'avait rien de civilisé et, comme son nom l'indiquait, était aussi large que peu profonde. de loin en loin, Jewell apercevait des petites îles et des bancs de sable. de nombreux oiseaux la survolaient, que Jewell n'avait jamais vus ailleurs. C'était grandiose et la chaleur étouffante de ce mois de mai faisait trembler la surface des eaux calmes et majestueuses. Un sentiment de paix envahit Jewell, mais aussi d'humilité face à cette nature insoumise."

J'attends maintenant le retour de Jewell
Lien : http://paikanne.skynetblogs...
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