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Critique de LoupAlunettes


Ses jupes volaient au vent, claquaient comme pour marquer l'urgence.  Pénélope roulait, filait comme le vent, saluant à peine du regard les rues londoniennes avec lesquelles elle venait à peine de faire connaissance. Son académie de Swanburne ne l'avait certainement pas préparé à de telles situations. Échevelée et affolée, Pénélope avait confié les enfants Ashton et elle s'en mordrait les doigts si ils n'étaient déjà si serrés autour du guidon du vélocipède que lui avait prêté un enfant des rues. "Prêté" était un bien grand mot. Elle douta qu'un gamin des rues puisse s'offrir un tel engin et les scrupules finiront de la tourmenter sur ce détail supplémentaire lorsque cette journée aboutira à l'heureux dénouement attendu. Comment les événements pouvaient-ils régulièrement tourner court dès qu'il s'agissait de ses protégés?
  Madame Ionesco, une diseuse de bonne aventure, avait prédit une chasse ouverte, pointant son doigt vers les enfants. C'était pour l'instant, elle, Pénélope, qui se trouvait à leur poursuite, ne  prêtant pas attention aux circulations. Elle avait confié les enfants Ashton à leur nouvel ami Simon, un comédien et le Juge Quinzy, fraîchement arrivé à Londres, s'était joint au groupe pour les mener au...Zoo. le sang de Pénélope ne fit qu'un tour à l'idée que le triste épisode des fêtes de Noël ne se reproduisent et virent à la catastrophe. 
 Voir les enfants saccager la maison et courir après un écureuil semblait avoir été un divertissement pour le Juge qui probablement en redemandait. Tous ses efforts à défaire ces pauvres enfants sauvageons de leur réputation d'incorrigible réduis à néant. Pourquoi le sort s'acharnait-il? le sort ou quelqu'un. Pénélope n'eut pas le temps d'épiloguer d'avantage, une voiture fit irruption devant elle, la voiture du Juge et Pénélope n'eut juste que le temps de freiner furieusement. Les jupons en désordre et la tête embrassant le sol, Pénélope pria pour que le beau Simon ne la vit pas dans sa posture de sauvageonne.
 
: Revoici Pénélope Lumley, graine d'institutrice et gouvernante d'une fratrie sauvage chez la noble famille Ashton qui en a acquit la tutelle. Ils ne sont plus vraiment les si bien nommés Incorrigible. Si tout aussi noble entourage de Lord Frederick ne semble pas porter d'intérêt ni d'espoir à l'idée de recueillir trois enfants sauvageons sans éducation, le fil du récit nous démontre que Alexandre, Beowulf et Cassiopée finissent par adopter un comportement plus civilisé qu'au 1er tome, un langage construit et ne manque ni d'intelligence, de finesse et de politesse. Mais bien sûr, il s'en faut de peu pour que le nature des grands espaces ne reviennent au galop et que le trio ne se mette à courir à quatre pattes et à japper. C'est ce qui fait le sel entre autre de chaque tome, dans la drôlerie et la honte, pour le contexte plein de manières et de retenues. Il s'en
 faudrait de peu pour que la fratrie ne soit de nouveau abandonnée, un petit coup de pouce même. le premier tome laissait supposer qu'il pouvait exister une aide aussi malveillante à l'affût de la moindre occasion. le mobile reste toujours à découvrir ainsi que les origines du trio. La famille Ashton est en route pour Londres et cela donne un nouveau décor prompte à lancer la comédie omniprésente. Pénélope continue d'évoluer dans un monde de caricatures théâtrales, le bourru Lord Frederick continue, lui, de ne jurer que de chasse, d'affaires sérieuses et brille toujours par son absence dans sa propre "maison", Lady Constance continue son rôle de jeune épouse riche éplorée, délaissée, capricieuse. Tandis que la gouvernante et les enfants vont et viennent tranquillement au rythme équilibré de vie de ces derniers, la maison s'active hystériquement, remuant   ciel et terre pour les repas somptueux, menant son personnel à la baguette et se préoccupant inlassablement des pièces rangées, briquées comme un sou neuf. Malheureusement pour Lady Constance, son nouveau mariage ne sera pas à la hauteur de ses attentes sociales. C'est une vraie comédie en effet. On dirait presque que l'auteure Mary Rose Plum se plaît à brosser un tableau prêtant régulièrement à rire de sa belle noblesse, avec une Pénélope éduquant de très jeunes enfants avec les seuls livres de la bibliothèque à sa disposition, les Guerres du Péloponnèse ou les tragédies théâtrales, ou même une Lady Constance découvrant l'existence de la pauvreté avec des actes de charité. Des bulles sont créées, chacun dans ces réalités abordées avec dérision et légèreté. Pénélope sort de la sienne, élevée toute sa vie dans une école. Peu à peu, elle s'  amende des leçons enseignées, des maximes de vie et des livres de référence (" les aventures du poney Arc-en-ciel") pour recueillir les leçons de ses progressives expériences. Les lecteurs suivront deux fils d'aventure, celui des enfants apprenant à se conduire en société, distinguant Londres et les bois sauvages, et celui de Pénélope qui découvre le monde et la nature humaine avec beaucoup    d'ingénuité. La ville leur tend les bras et ce n'est pas triste, la première de couverture en témoignant. Pénélope n'aura pas honte de corriger les bêtises le rouge aux joues et en feu. C'est un défi qu'elle est prête à relever.
L'apparition du beau Simon vient contrebalancer l'apparente hostilité de Londres, des pickpockets à la diseuse de bonne Aventure jetant mystérieusement vers les enfants son "la chasse est ouverte!". Beaucoup d'éléments semblent incongrus aux yeux de Pénélope, même le cadeau de son ancienne directrice Mme Mortimer, un guide de ville dont les indications de direction sont des poèmes. Pourquoi son ancienne protectrice fait elle promettre à Pénélope de masquer sa belle chevelure avec un horrible masque de soin qui les ternit? Curieux? le bon sens contraint le personnage à prendre ses propres décisions et suivre son instinct d'autant qu'il n'y a pas de mal à pêcher un peu par orgueil pour un regard du gentleman Simon. Qu'en disent ses livres?. L'arrivée impromptue du Juge Quinzy à Londres donnera l'occasion d'écouter son instinct. Pourquoi se trouve t-il si empressé d'approcher les enfants, se proposant  même de les accompagner gentiment au Zoo. Pénélope ne perd pas de vue le précédent incident passé des fêtes de Noël et les lecteurs non plus. le séjour est ponctué de points d'interrogation et d'exclamation, ce n'est pas triste. Pourquoi Simon le  beau comédien ne revient-il plus la voir, ne lui adresse plus de courriers? S'est-il déjà désintéressé ou se trouve t-il en danger? Londres est imprévisible pour Pénélope. Les suppositions fantaisistes ne manquent pas et la naïve Pénélope en devient touchante.  De l'anecdote personnelle proche du journal intime à l'intrigue aventureuse, le bon ton est vraiment maintenu, avec une délicate fantaisie et un snobisme revendiqué.
Le ton complice choisi de la conversation, bavarde et polie, donné au narrateur, nous fait entrer dans l'univers de la novice institutrice et participe grandement à une légèreté ambiante de circonstance. Il reste frais, en direction d'un jeune auditoire plus moderne, prend les jeunes lecteurs à témoin sans adopter pour autant les tournures poussiéreuses d'époque. Pénélope ne sera pas au bout de ses surprises et l'auteure creuse le mystère des enfants, liant leur destin et celui de Pénélope encore plus étroitement. Peut être ont-ils plus de choses en comme que les heureuses heures passées ensemble?
Une suite restant toujours accessible.
A découvrir.
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