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Critique de oiseaulire


Voici le premier roman de Virginia Woolf, dont le titre en anglais est "The voyage out", peut-être moins gracieux que le titre français, mais aussi expressif.

Woolf écrivit ce texte en 1915 à l'âge de trente trois ans. Et si l'on voulait être un peu pompeuse, on dirait que c'est un voyage christique vers l'au-delà des apparences, c'est-à-dire leur véritable endroit, l'envers étant le monde des apparences, toujours biaisées, fugaces et incertaines.

Une jeune femme de vingt-quatre ans, non encore modelée par les conventions sociales et musicienne solitaire par goût et ascèse (pour déjà, sans le formuler, aller au fond des sensations), découvre son être véritable à travers l'inévitable fréquentation d'autrui dans des lieux fermés sur eux-mêmes : un grand navire voguant vers l'Amérique du Sud, un hôtel dans la ville imaginaire de Santa Marina, enfin une excursion à pied le long du fleuve Amazone dans une forêt de plus en plus resserrée.

Elle découvre aussi "l'autre", un jeune homme qui, depuis sa différence, accomplit le même voyage initiatique (le mot est à la mode mais désigne bien ici l'ambition du roman).
Parviendront-ils à se rencontrer au travers des apparences aux mille reflets trompeurs dans lesquels il est si aisé de s'égarer ?

J'ai beaucoup aimé ce livre, pas si facile et pourtant l'un des plus abordables de l'auteure qui en est au début de sa recherche stylistique. L'on pressent déjà qu'elle sera exigeante, et que le style, pour Virginia, est précisément, comme pour son héroïne, le sentier étroit vers l'au-delà des apparences. Rien d'étonnant à ce que chaque oeuvre ait épuisé ses forces et l'ait plongée un peu plus dans la mélancolie qui finira par l'emporter.

Peut-on dire que Virginia mit fin à ses jours vingt-six ans plus tard parce qu'elle avait parcouru le chemin à travers les apparences et qu'elle était arrivée à destination ?

Je me garderais bien d'une telle conclusion, mais il est possible qu'elle ait estimé avoir assez oeuvré, assez souffert, pour avoir le droit de passer enfin à l'endroit du monde.
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