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Critique de Pancrace


« A la campagne on a besoin d'hommes fort pour travailler, pas d'une bouche à nourrir, pas d'une pisseuse bonne qu'à chialer. Une fille, c'est perdre son nom de famille, c'est la honte pour un villageois. Qu'est ce qu'il pouvait faire d'un déchet humain ? Lui éclater le crâne entre deux pierres, l'enterrer à côté du chien ? »

« La petite marchande de porte-clefs » Orelsan. (Effroyable chanson qui colle des frissons).

Province de l'Anhui, Chine, de nos jours…
Pauvre homme, Six filles, même pas de prénom !
Une-Deux-Trois-Quatre-Cinq-Six.
Une est mariée à un vieux barbon.
Deux s'est noyée pour échapper au même sort.
Quatre est muette.

Ce roman retrace l'histoire de Trois, Cinq et Six.
Le deuxième oncle qui est le frère cadet de la famille Li va aider Trois à s'enfuir, quitter la campagne pour aller à la ville, à Nankin.
Trois, finaude va entrainer Cinq présumée laide et stupide et Six qui a fait quelques études.
Pour prouver au père qui se ronge et se morfond qu'elles peuvent être utiles.

Xinran a été une sorte de « Ménie Grégoire » chinoise, l'acuité de son regard sur la condition des femmes est remarquable autant par sa finesse que par son humour. Les coutumes et les usages de la vie quotidienne sont traduits avec l'authenticité du vécu.
« Même si le bol de la famille est vide, mieux vaut mourir de faim que voler le gruau du voisin ».

Si parfois la candeur et la naïveté de Trois, Cinq et Six sont exaspérantes, je reconnais que leur innocence autorise des réflexions savoureuses et rafraichissantes.

L'auteur en profite pour mettre en exergue la fracture ville/campagne : « Ces gens des villes, faut vraiment qu'ils aient un professeur pour tout, ils peuvent rien apprendre tout seul. Ils ont qu'à faire marcher leur ciboulot comme nous à la campagne ».
Xinran prône une naissance de féminisme dans ce milieu exclusivement patriarcal et machiste. Elle n'hésite pas non plus à égratigner les institutions et la bureaucratie :
« Mao était un Dieu, et les policiers d'infaillibles représentants de l'Armée Céleste ».
Les gens étaient arrêtés pour des motifs futiles ou seulement pour un manque d'autorisation pour se déplacer d'une ville à une autre.

Il y a un tel décalage entre des vies d'européens et celles désuètes de ces chinois de la terre en ce début de 21ème siècle que ce roman pourrait paraitre niaiseux s'il n'était épargné par l'emploi fréquent du second degré.

Serait-il possible que des filles soient désormais capables de soutenir un toit ?
A découvrir. La provocation, c'est bon parfois !

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