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Critique de Osmanthe


L'année nouvelle à peine entamée...et voici déjà pour moi un coup de coeur littéraire. Un livre qui comptera sans nul doute dans mon panthéon.

Nous sommes quelque part dans l'immense campagne chinoise, dans une zone montagneuse où vivent des paysans besogneux mais tributaires des affres du climat...Depuis des jours et des jours, c'est la sécheresse. Terrible, elle fait mourir les cultures et épuise leurs réserves de nourriture. Il faut fuir vers des terres plus hospitalières.
Mais un septuagénaire, l'aïeul, se trouve trop vieux pour migrer, tient trop à sa terre où il a décidé de se battre coûte que coûte pour faire pousser un unique pied de maïs. Il lui reste pour seul compagnon son vieux chien aveugle.

Cette mission qu'il s'assigne est quasi insurmontable, tant les malheureux doivent se priver en eau et nourriture et tant ils doivent déployer d'efforts pour veiller et entretenir ce plant si fragile, dont la survie est bien précaire.
L'homme et le chien savent qu'ils auront sort commun et sont unis par l'âme et le coeur.

Rien ne leur sera épargné, les loups affamés, et surtout les rats, innombrables, intrépides et immondes, qu'il va bientôt falloir se résoudre à manger pour survivre.

Une histoire empreinte d'une formidable humanité, qui mérite à mon sens bien des qualificatifs : poétique, émouvante, mais aussi tragique, horrifique...

Lianke Yan nous offre un hymne à la vie, mais aussi à son caractère dérisoire face à la grandeur de l'univers. Il rend hommage à la puissance de la nature et du temps qui s'imposent à l'Homme, et à leurs cycles sans cesse renouvelés, au courage et à l'humilité de ces hommes des campagnes. Hommage aussi à la fidélité du chien dont l'âme est finalement si proche de l'âme humaine...
Pour autant, il ne donne pas le sentiment d'en faire des tonnes dans la dramaturgie, conférant à son aïeul une pointe d'humour malicieuse malgré sa situation désespérée...

Cette écriture, au-delà de sa beauté simple, a le don de décupler la puissance dramatique de l'histoire, l'auteur exacerbant l'expression des sens par des oxymores et autres utilisations à contre-emploi : les rayons du soleil pèsent (en grammes, vraiment) sur les feuilles du plant de maïs, un murmure se fait cri dans le silence, les sons ont des couleurs, un regard grince...ce style empreint d'expressionnisme donne une épaisseur et une intensité à un récit dont la trame pourrait sembler assez ténue à l'origine.
Et puis vraiment, ce binôme entre l'aïeul et l'aveugle est extrêmement poignant...

Une découverte merveilleuse que ce livre d'un des plus grands romanciers chinois ! Et qui appellera d'autres lectures de ses œuvres.




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