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Critique de boudicca


Et si le grand Ludovico Ariosto avait décidé d'écrire une suite à son « Orlando furioso », poème épique écrit au milieu du XVIe siècle ayant eu un succès retentissant ? C'est ce que se plaît à imaginer Chelsea Quinn Yarbro, auteur qui m'était jusqu'alors inconnu et qui signe avec « Ariosto Furioso » un roman atypique et plutôt plaisant à découvrir. le récit alterne entre deux types de point de vue, celui du poète Ariosto, homme de confiance du grand Damiano di Mecici évoluant dans la « réalta », et celui du héros Ariosto, guerrier renommé chevauchant un magnifique hippogriffe et vivant de folles aventures dans la « fantasia ». le premier univers (le notre, donc) est effectivement très réaliste, en grande partie grâce au remarquable travail de reconstitution effectué par l'auteur qui nous dépeint une Italie du XVIe siècle si riche et si animée qu'on s'y croirait. Et pourtant, certains détails uchroniques viennent bouleverser cette apparente vraisemblance et ajoutent une touche d'originalité supplémentaire à l'ensemble. On apprend par exemple que les grandes et orgueilleuses cités italiennes ont finalement acceptées, avec plus ou moins de bonne volonté, de s'unir en une fédération. A la tête de cette union ? Un prince Médicis, bien décidé à garantir l'unité de l'Italie mais néanmoins rongé par les actes contraires à l'honneur qu'il se voit forcer de commettre pour parvenir à ses fins.

L'univers de la « fantasia » est quant à lui beaucoup moins traditionnel puisqu'on y croise hippogriffe et sorciers indiens dotés de pouvoirs stupéfiants. Il s'agit là de la fameuse suite du « Orlando furioso » dans laquelle le poète tranquille et maladroit se met lui-même et scène et se transforme en héros noble et courageux luttant sur les terres du Nouveau Monde afin de secourir ses alliés indiens. Les chapitres consacrés à ce fier et brave guerrier m'ont un peu moins convaincue car trop ampoulés (intentionnellement, cela dit), même si je me doute qu'une grande partie du charme de ces passages tient aux clins d'oeil renvoyant à l'oeuvre d'origine que je n'ai pu relever puisque ne connaissant pas l' « Orlando furioso ». Les chapitres mettant en scène le poète Ludovico sont pour leur part beaucoup plus passionnants. D'abord parce que le personnage est, de part sa maladresse, très attachant, ensuite parce que l'aperçu que nous offre l'auteur des intrigues de la cour florentine est pour le moins prenant. A tel point d'ailleurs que l'on pourrait regretter qu'il ne s'agisse justement là que d'un aperçu et que l'auteur n'ait pas choisi de développer un peu plus cette Italie uchronique. le personnage de Damiano de Médicis, prince n'hésitant pas, pour le bien de sa fédération, à employer les méthodes les plus condamnables préconisées par Machiavel tout en souffrant de son honneur et son honnêteté perdus, mériterait à lui seul quelques centaines de pages supplémentaires.

Un roman original mêlant deux uchronies : l'une, plus réaliste, mettant en scène l'Italie du XVIe siècle, et l'autre, plus fantastique, se déroulant sur les territoires indiens du Nouveau-Monde, où toute forme de magie n'a pas encore disparu. Deux mondes qui vont pourtant tragiquement finir par se mêler. Une bonne découverte pour laquelle je remercie Relax67 sans qui je serais sans doute passée à côté de ce roman.
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