AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,44

sur 16 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
J'ai découvert ce livre en préparant ma liste “Plumes féminines en SFFF”. C'est ainsi que j'ai lu la critique de Relax : un vrai coup de coeur pour lui et donc je me suis laissée tenter.

Avant de commencer ma critique, je dois avouer que je ne sais absolument rien de la Renaissance italienne… mais l'affaire Henri VIII/Anne Boleyn ça oui (quand même ^^). Quoi qu'il en soit, cela n'a pas vraiment d'importance car il est tout à fait possible d'apprécier la lecture de ce livre sans cela. La preuve : j'ai adoré ce bouquin.

Pour ma part, donc, difficile de comparer l'utopie à la réalité mais il suffit de trouver le bon angle de lecture…

L'accroche. Lodovico atterrit avec Bellimbusto (son hippogriffe) et son chittarone en Nueva Genova. Il a tout l'air d'un héros : « Debout, Lodovico attendait, les bras croisés sur la poitrine, juste au-dessous du collier d'or et de saphirs qui commémorait son commandement héroïque de l'expédition en Orient contre la la grande forteresse des Mille Tours d'Or, lorsqu'il y avait défait le grand mandarin en combat sinuglier. » C'est la fantasia.

Dans la realtà… Lodovico est un poète myope qui écrit un récit de fantasy dont il est le héros. On comprend immédiatement que l'histoire va aller tout le long de l'un à l'autre.

J'ai trouvé le personnage de Lodovico très attachant… par l'écriture de son histoire, il vit la vie qu'il ne peut pas avoir (il a l'air assez frustré). J'ai aussi beaucoup aimé le personnage de Damiano et sa relation particulière avec Lodovico. Intrigues… complots… trahisons… sorciers… guerriers de grès et de glace… tous les ingrédients pour donner de la saveur aux récits.

C'est le premier livre de Chelsea Quinn Yarbo que je lis et je dois dire que j'ai été ravie par son style.

Le seul petit bémol est cette histoire de canards… qui n'était pas trop crédible mais passons. Il y a aussi autre chose… la 4ème de couverture m'a fait anticiper quelque chose qui ne s'est jamais produit et cela m'a un petit peu déçue : « (…) Telle est la relatà (…) Telle est la fantasia (…) Jusqu'au jour, tragique, où rêve et réalité se rejoignent… »

Quoi qu'il en soit, une belle découverte qui m'a donné envie de combler mes lacunes en histoire.
Commenter  J’apprécie          393
Ce livre je l'ai lu il y a plus de 3 ans. Mais mes yeux tombant dessus dans ma bibliothèque m'est immédiatement revenu le plaisir sans limite que j'avais ressenti en le lisant. Il fallait définitivement que je le grave dans mes livres pour une île déserte.
Évidemment c'est pas facile de chroniquer après si longtemps, mais j'avais rapidement chroniqué ce précieux quelque part ailleurs. le voici:

J'ai adoré cet ouvrage. J'apprécie beaucoup les uchronies et je me retrouve avec deux pour le prix d'une.
Dans une Italie renaissante alternative - et fédérée! - le poète Arioste (celui du "Orlando Furioso") est secoué comme une feuille par les vents des complots des diverses factions qui agitent le pays et l'Europe. Pour s'évader - plutôt pour laisser une trace immortelle - il écrit un "roman" qui conte la lutte des italiens de Nouveau Monde alliés aux indiens Cherokee contre l'immonde "Chasseur de Canard". Dans son conte Arioste lui-même est le héros sans peur, fougueux, noble de caractère, loyal en amitié.
Comment l'évolution du "monde réel" va-t-elle affecter celle du conte?
Une merveille. N'hésitez pas à vous jeter dessus comme des morts de faim.
Commenter  J’apprécie          3211
Paru en 1980, Ariosto Furioso est un roman ambitieux de Chelsea Quinn Yarbro, car il lorgne sur différentes genres et sous-genres pour remodeler la Renaissance italienne telle qu'elle aurait pu être.

Ariosto Furioso est avant tout un très bon roman historique. Chelsea Quinn Yarbro utilise des connaissances certaines, extrêmement solides, sur la Renaissance italienne du XVIe siècle jusque dans les moindres détails parfois jusqu'à l'érudition comme dans sa connaissance du personnage de Ludovic l'Arioste, le poète Lodovico Ariosto. Celui-ci est un artiste du nord de l'Italie moderne, mort en 1533 à Ferrare, surtout connu pour un vaste poème épique, Orlando Furioso (Roland furieux) publié en 1516. À l'aide d'une quantité folle de détails, Chealsea Quinn Yarbro nous embarque gaiement dans les affres politique de l'Italie renaissante, notamment autour de Florence et de sa cour. Ce constat se repère d'autant mieux dans l'usage au sein du texte des mots latins et italiens nécessaires à la transcription exacte de la réalité voulue. Pas d'inquiétude pour autant, ce n'est pas gênant à la lecture et si vraiment ça l'est pour vous, il y a un glossaire complet en fin d'ouvrage.
Toutefois, dans le détail des événements, un certain nombre de points, d'éléments proprement historiques diffèrent de notre réalité, ce qui fait clairement de ce roman un ouvrage uchronique. En effet, ce qui est défini comme « la realta » ne correspond pas à l'Histoire que nous connaissons. le héros, Lodovico, n'est pas resté au service de la dynastie d'Este, mais est passé dans l'entourage très proche de Damiano de' Medici, petit-fils de Lorenzo il Magnifico. Puisque nous sommes, au moment de l'intrigue, en 1533, Lodovico n'est donc pas du tout mis à l'écart, mais est au contraire au plus proche du pouvoir, à Florence. Ce pouvoir florentin est quasiment la capitale d'une « Italia federata » qui a unifié les différents podestats, républiques et petites principautés d'Italie, même le Vatican ! Devant la précision de cette uchronie, je dis cependant non à la mention de Philip K. Dick pour son Maître du Haut Château sur la quatrième de couverture, car ce n'est pas le même principe utilisé ici : tout roman uchronique n'est pas à rattacher automatiquement à ce classique, aussi bon soit-il, il faut quand même que l'uchronie contienne une oeuvre qui transcrit l'Histoire que nous connaissons (ici la mise en abîme se fait avec une oeuvre de fantasy). Ici, l'uchronie est d'ores et déjà passionnante ainsi, en suivant ce rêve fou : comment se serait débrouillée une Italie fédérée au cours du XVIe siècle face à des mastodontes comme le royaume nouvellement anglican, le Royaume de France qui lorgne sur les territoires italiens ou les royaumes espagnols qui viennent de trouver une unité ? Évidemment, même fédérée, cette Italie uchronique n'a pas un avenir radiant qui lui tend les bras et le héros a un rôle à jouer dans cette tempête diplomatique.
Mais tout cela ne serait rien si Lodovico Ariosto ne s'était pas décidé à écrire la suite de son Orlando Furioso, le fameux Ariosto Furioso. Dans cette saga épique qui constitue « la fantasia » de ce roman, il imagine que son prince l'a envoyé au Nouveau Monde secourir Nuovo Genova. Sans cette couche supplémentaire d'histoire, sans ce « récit dans le récit » (mise en abîme qui sous-tend l'organisation sans chapitre du livre), le héros n'aurait pas eu tant d'importance que cela, car ce double récit nous montre toutes les facettes qui lui sont inculquées. En effet, « la realta » n'offre pas toujours à Lodovico des moments d'irrésistible bonheur : même si sa famille lui est plutôt proche, même s'il est proche de son prince florentin, la politique ne lui est pas très agréable, les cachotteries ne sont pas forcément sa tasse de thé, il rêve donc à plus d'aventure, à plus d'avancées technologiques, à plus de découvertes et « la fantasia » lui apporte tout ceci. Dans son nouveau poème épique, il s'imagine donc en aventurier irrésistible, qui s'affranchit des stratégies militaires puisqu'il domine même les plus grands généraux, qui tente de s'affranchir des affres de la vie amoureuse puisqu'il essaie tant bien que mal de se consacrer à sa mission divine, et qui s'affranchit même des préoccupations humaines puisqu'il embrasse à bras-le-corps une destinée de héros surpuissant, luttant contre ses fêlures et chevauchant une créature ailée très fantaisiste. Ce magnifique portrait qu'il s'octroie est constamment construit en parallèle de ce qu'il ne supporte pas dans sa vraie vie : chaque nouveau coup de plume est une réponse à une situation réelle qu'il aurait voulu meilleure ; chaque défaut qu'il se trouve, il le tourne en qualité dans une autre situation.

En conclusion, Ariosto Furioso n'a pas dû être un roman simple à concevoir, encore moins à écrire, et en définitive pas non plus à lire pour le lecteur. Pour autant, il faut reconnaître qu'il y a là des qualités certaines de style, de reconstitution historique et d'originalité dans l'imaginaire.

Commenter  J’apprécie          244
Et si le grand Ludovico Ariosto avait décidé d'écrire une suite à son « Orlando furioso », poème épique écrit au milieu du XVIe siècle ayant eu un succès retentissant ? C'est ce que se plaît à imaginer Chelsea Quinn Yarbro, auteur qui m'était jusqu'alors inconnu et qui signe avec « Ariosto Furioso » un roman atypique et plutôt plaisant à découvrir. le récit alterne entre deux types de point de vue, celui du poète Ariosto, homme de confiance du grand Damiano di Mecici évoluant dans la « réalta », et celui du héros Ariosto, guerrier renommé chevauchant un magnifique hippogriffe et vivant de folles aventures dans la « fantasia ». le premier univers (le notre, donc) est effectivement très réaliste, en grande partie grâce au remarquable travail de reconstitution effectué par l'auteur qui nous dépeint une Italie du XVIe siècle si riche et si animée qu'on s'y croirait. Et pourtant, certains détails uchroniques viennent bouleverser cette apparente vraisemblance et ajoutent une touche d'originalité supplémentaire à l'ensemble. On apprend par exemple que les grandes et orgueilleuses cités italiennes ont finalement acceptées, avec plus ou moins de bonne volonté, de s'unir en une fédération. A la tête de cette union ? Un prince Médicis, bien décidé à garantir l'unité de l'Italie mais néanmoins rongé par les actes contraires à l'honneur qu'il se voit forcer de commettre pour parvenir à ses fins.

L'univers de la « fantasia » est quant à lui beaucoup moins traditionnel puisqu'on y croise hippogriffe et sorciers indiens dotés de pouvoirs stupéfiants. Il s'agit là de la fameuse suite du « Orlando furioso » dans laquelle le poète tranquille et maladroit se met lui-même et scène et se transforme en héros noble et courageux luttant sur les terres du Nouveau Monde afin de secourir ses alliés indiens. Les chapitres consacrés à ce fier et brave guerrier m'ont un peu moins convaincue car trop ampoulés (intentionnellement, cela dit), même si je me doute qu'une grande partie du charme de ces passages tient aux clins d'oeil renvoyant à l'oeuvre d'origine que je n'ai pu relever puisque ne connaissant pas l' « Orlando furioso ». Les chapitres mettant en scène le poète Ludovico sont pour leur part beaucoup plus passionnants. D'abord parce que le personnage est, de part sa maladresse, très attachant, ensuite parce que l'aperçu que nous offre l'auteur des intrigues de la cour florentine est pour le moins prenant. A tel point d'ailleurs que l'on pourrait regretter qu'il ne s'agisse justement là que d'un aperçu et que l'auteur n'ait pas choisi de développer un peu plus cette Italie uchronique. le personnage de Damiano de Médicis, prince n'hésitant pas, pour le bien de sa fédération, à employer les méthodes les plus condamnables préconisées par Machiavel tout en souffrant de son honneur et son honnêteté perdus, mériterait à lui seul quelques centaines de pages supplémentaires.

Un roman original mêlant deux uchronies : l'une, plus réaliste, mettant en scène l'Italie du XVIe siècle, et l'autre, plus fantastique, se déroulant sur les territoires indiens du Nouveau-Monde, où toute forme de magie n'a pas encore disparu. Deux mondes qui vont pourtant tragiquement finir par se mêler. Une bonne découverte pour laquelle je remercie Relax67 sans qui je serais sans doute passée à côté de ce roman.
Commenter  J’apprécie          244
Conseillé par Relax67, ce roman avait tout pour me plaire : une uchronie se déroulant quelques décennies après ma période préférée en Italie (Renaissance tardive italienne allant de la fin du XVème au début du XVIème siècle) mais en plein sous le règne d'Henry VIII, en Angleterre.

Le récit est divisé en deux parties : l'une est une uchronie (La Realta) et se déroule en Italie tandis que la seconde (la fantasia) mène son action dans la Nouvelle Gènes, ce qui équivaut aujourd'hui aux Amériques fraîchement découvertes. Dans la première partie, Lodovico Ariosto est un poète de la cour du podestat de Florence, Damiano de Médicis et se retrouve rapidement mélés aux intrigues diplomatiques entre son patron et l'Angleterre. Quand il trouve le temps, il écrit un récit de fiction dans lequel il apparaît comme un courageux chevalier, monté sur un griffon, qui doit sauver les peuplades amis de la Nouvelle Colonie face à un sorcier maléfique.

Je n'ai pas pour habitude de lire les synopsis avant de débuter un roman : peut-être, cette fois, aurais-je dû faire exception tant le récit m'est apparut nébuleux. En effet, j'avais débuté le roman par les soixante premières pages au mois de juillet. Étant donné que je n'y comprenais rien et que je n'arrivais pas à rentrer dans l'histoire, j'avais mis cela sur le compte de la fatigue. En août, pendant mes vacances, j'ai donc recommencé le récit sans me sentir davantage concernée (j'en ai lu environ 220 pages, quasiment la moitié).
- La partie uchronie m'a beaucoup plu et s'est révélée être un jeu de piste pour savoir quelles étaient les évènements qui divergeaient par rapport à notre histoire : l'Italia Federata trois siècle auparavant, Savonarole qui ne meurt pas à Florence sur le bûcher mais se réfugie en Allemagne, Thomas More qui sent que son Roi Henry VIII va le faire exécuter, met sa famille en sûreté dans les Provinces Unies avant de demander l'asile à Florence, les Amériques sous domination italienne et non espagnole, etc... J'ai trouvé cela très intéressant d'autant plus que je ne connaissais pas Lodovico Ariosto et je ne savais pas non plus que le poète avait réellement existé.
- En revanche, la partie Fantasy m'a beaucoup ennuyé et m'a semblé quelque peu ridicule parfois. Déjà, je n'avais pas compris qu'elle se passait dans les Amériques (j'aurais dû lire le synopsis) et le personnage d'Ariosto me semblait un peu grotesque et emphatique. Il est possible aussi que ce soit fait exprès mais j'avoue que je n'ai pas du tout accroché.

En conclusion, je n'ai pas aimé Ariosto Furioso, d'où mon choix d'arrêter à la moitié. Je me suis fortement ennuyée, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages et très honnêtement, même si je connais un peu la période, j'ai trouvé ce roman difficile d'accès sans jamais réussir à véritablement rentrer dans l'histoire.
Commenter  J’apprécie          144
Une uchronie d'un intérêt discutable, une mauvaise Fantasy, mais paradoxalement… un excellent roman quasi-historique !

Ce roman est une curiosité. Il arrive à mêler une Uchronie (un monde où l'histoire a pris un cours différent de celui que nous lui connaissons) et un récit de Fantasy imbriqué à l'intérieur. En effet, le protagoniste (le poète Lodovico Ariosto, qui a réellement existé), pour s'évader des intrigues de cour italiennes dans lesquelles il baigne, bien malgré lui, toute la journée, rédige une geste dans laquelle il se fantasme en guerrier intrépide combattant un effroyable sorcier dans une Amérique qui n'a qu'un rapport lointain avec celle de sa réalité. Bien que la quatrième prétende que le procédé rappelle le Maître du haut-Château de Dick, le rapport n'est en fait que lointain, alors qu'il est bien plus net dans un roman comme La Porte des Mondes de Silverberg.

Uchronie

Commençons par l'aspect uchronique : le point de divergence (selon l'expression consacrée en matière d'Uchornie, le point où l'histoire diverge par rapport à la nôtre) n'est pas unique mais triple : d'abord, l'Italie s'est unifiée avec trois siècles et demi d'avance par rapport à notre Réalité, en une Fédération encore jeune et relativement instable appelée Italia Federata. Ensuite, c'est pour son compte que le Nouveau Monde a été découvert, revendiqué et (vaguement) conquis. Il n'existe qu'une colonie italienne, la Nouvelle-Gênes. Enfin, en cette année 1533, Savonarole, prédicateur catholique intégriste, est bel et bien vivant (dans notre histoire, il est exécuté pour hérésie et appel au schisme en 1498) mais exilé en Allemagne, où il provoque une guerre civile opposant ses partisans aux protestants.
Il existe bien d'autres différences avec notre histoire, mais je ne suis pas assez fin connaisseur de l'époque pour toutes les pointer. Une des principales est cependant que l'Espagne a été mise à l'index par le Pape et ne se mêle pas de la colonisation des Amériques. D'après le peu que l'auteur en dit, elle a plus ou moins pris la place occupée par le Portugal dans notre histoire, colonisant une partie de l'Afrique et des Indes.

Tout l'intérêt d'une uchronie est basé 1/ sur la crédibilité du point de divergence et 2/ sur une description détaillée, facilement identifiable et enthousiasmante pour le lecteur de ses conséquences. Autant le dire tout de suite, le point de divergence (unification italienne au 16ème siècle) ne me paraît pas crédible, et d'ailleurs, à la fin du roman, il ne l'est clairement plus du tout. de plus, la description des divergences est soit trop floue (pas assez de détails), soit pas assez identifiable (tout le monde n'est pas un spécialiste de cette période très complexe, et ne connaît pas Savonarole par exemple…), soit pas franchement glop pour le lecteur. Si l'écrasante majorité des uchronies choisissent un très petit nombre de périodes historiques (en général la Seconde Guerre Mondiale, la Grande Peste Noire, la chute de L'empire romain et la guerre de Sécession), c'est que le lecteur connaît relativement bien ces périodes et que les changements entraînés sont spectaculaires et évidents pour tous. Voir par exemple Chronique des Années Noires de Kim Stanley Robinson ou La Porte des Mondes de Silverberg : la Peste Noire vide l'Europe de ses habitants, ouvrant dans les deux cas la voie à une conquête musulmane (Ottomane ou Arabe) du continent.

Je suis resté systématiquement frustré par l'aspect uchronique, donc : le fait que les deux Amériques soient aussi peu colonisées par les Italiens est peu logique et compréhensible. de plus, tant qu'à faire une uchronie basée sur une conquête italienne des Amériques, autant y placer l'action, non ? A la décharge de l'auteur, c'est ce qu'elle a fait mais… dans la partie « fantasy » du roman, dans le conte rédigé par Ariosto.

Fantasy

Le souci, c'est que si il s'agit incontestablement d'une fantasy (le héros monte un Hippogriffe et combat un sorcier indigène), celle-ci est bien peu enthousiasmante. Déjà, les noms italiens donnés aux indiens sont à la limite du ridicule, aussi bien en Italien qu'une fois traduits en français. Songez que ce redoutable sorcier et nécromancien s'appelle… Chasseur de Canards ! Ensuite, et surtout, tout ce conte est narré sur un ton théâtral qui, s'il n'est pas inintéressant en théorie, montre en pratique vite ses limites car n'aidant pas, là aussi, à installer une certaine crédibilité. En gros, l'Ariosto auto-fantasmé en chef de guerre intrépide dans cette Amérique de contes de fées passe tout son temps la larme à l'oeil, à faire l'apologie du courage et de la dignité de ses Nobles Sauvages de compagnons indigènes.

A part ça, il ne se passe pas grand-chose dans cette partie Fantasy, et surtout pas grand-chose d'enthousiasmant ou d'intéressant pour le lecteur. Je pense qu'il y avait là un potentiel énorme de faire une moitié de roman épique, car songez à ce que nous avons sur le papier : un noble bretteur Italien, dans une Amérique de la Renaissance où la magie existe, qui part au combat monté sur un fier hippogriffe… Donnez ce genre de pitch à certains auteurs ayant écrit des mélanges mousquetaires (ou assimilé) / fantasy, et vous obtiendrez quelque chose de bien plus grande qualité.

Roman historique

Bon. A ce stade là, vous vous dîtes probablement « Uchronie peu intéressante et crédible, fantasy peu ou pas passionnante, bref quel est l'intérêt d'acheter ce livre ? ». Il y en a deux en fait. D'abord, dans les toutes dernières pages, la fantasy et la réalité uchronique se télescopent d'une façon tout à fait poignante. Ensuite, si ce roman a un intérêt relatif en tant qu'uchronie et pratiquement aucun en tant que fantasy, c'est en revanche une photographie absolument remarquable des relations internationales et des intrigues de palais de cette époque. Certes, l'histoire n'est pas vraiment la nôtre, mais la description que l'auteur dépeint des intrigues d'alcôves, relations tourmentées entre le pouvoir seigneurial et le Pape et de celles, effroyablement complexes, entre les grandes dynasties italiennes (des Medici aux Sforza, Della Rovere, Borgia et autres), est très intéressante et extrêmement réaliste et documentée.

En conclusion

Une uchronie discutable car assez peu réaliste et pas assez décrite pour ce qui aurait intéressé le lecteur moyen. Une fantasy peu enthousiasmante car trop théâtrale et trop plate (il ne s'y passe pas grand-chose d'intéressant). MAIS une liaison entre les deux poignante dans les dernières pages du roman et surtout, une remarquable immersion dans les intrigues de palais de l'époque, intéressante et « réaliste » même si elle se déroule dans une uchronie. Au final, un roman qui se révélera souvent trop aride pour celui qui recherche de l'exotisme, que ce soit sur le volet uchronique ou sur le volet fantasy.
Lien : https://lecultedapophis.word..
Commenter  J’apprécie          77
Lu l'édition présence du futur, il y a bien longtemps ; pas accroché à l'histoire qui peinait à se faire connaître. Abandonné et revendu à un bouquiniste en juin 1984 avant de quitter Grenoble.
Commenter  J’apprécie          50
Contrairement à la 4ème de couverture, ce n'est pas le lien entre realtà et fantasia qui m'a plus. J'ai préféré l'histoire de Lodovico, qui a un aspect quasiment historique, avec sa reconstitution d'une Italie de la Renaissance, ce poète qui aimerait écrire mais se retrouve obligé de participer aux intrigues politiques de cour. En revanche, son récit fait trop "cliché" et m'a moins convaincu.
Commenter  J’apprécie          20
Un roman fantastique qui se déroule dans une Florence des Médicis un peu différente de l'historique, scrupuleusement reconstituée.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (66) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4878 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}