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Critique de beatricesun


Plus habituée à lire des écrits professionnels, je me suis offert ce plaisir polyphonique.
Ce livre est magnifiquement bien écrit.
Subtile et à la fois universelle, la prose de Sandrine Yazbeck offre de la compassion à tous ces amours que nous avons éprouvées dans notre chair et pourtant pas vécues pleinement.
J'ai le sentiment que l'auteure dans une bienveillance tournée vers son public, s'est adressée à nous directement, à nos désirs profonds, souvent gardés secrets autant qu'à nos peurs et nos joies dissimulés.

La finesse avec laquelle l'auteure décrit la psychologie de ses trois personnages confrontés à des choix de vie qu'ils n'ont pas osé faire est remarquable.
Nous pouvons avoir la sensation d'avoir raté notre vie, de ne pas avoir le courage de prendre les décisions qui s'imposent (Clara qui n'a pas le courage de quitter Gamal, Gamal et la fuite de ses propres fantômes dans un idéal et Howard qui n'a pas su dévier de la vie prédestinée par son père) et pourtant sur notre chemin surgira un événement capable de nous offrir l'opportunité de réinterrroger notre destinée.

En ce sens, l'auteure nous invite à nous questionner :

Qu'avons-nous fait toutes ces années ? Pourquoi n'avons-nous pas regardé un autre homme, une autre femme. Pourquoi n'avons nous rien fait de cet amour qui nous tendait les bras ?
Faisons nous des choix de vie pour se sentir appartenir, pour se venger, pour répondre à l'appel d'un idéal ?
« Aveugle à sa force et à sa propre richesse, Clara avait cherché un roc auquel s'agripper de ses petites mains apeurées au lieu d'embrasser le monde avec aplomb et confiance »
Qui sommes-nous et qu'est-ce que nous recherchons ?
Vivre pour nous-même, dépouiller une à une nous illusions, réinterroger le chemin emprunté et nos motivations. Peut-on forcer notre réalité ou la solution au bonheur est-elle d'en accepter tous les paradoxes ?

« La peur, l'envie, la jalousie, et ce matin-là la curiosité... ce jonglage éternel entre l'appétit de savoir et la sagesse d'ignorer, entre ne pas poser les questions dont on ne veut pas avoir la réponse et ne poser que celles dont la réponse va nous aider, tracer la ligne entre ce qui nous détruira et ce qui va nous protéger, apprivoiser ce sentiment puissant et naturel dans son propre intérêt. »
Une fin très poétique où l'auteure nous rappelle qu'il est humain de se tromper dans ses choix mais pas de se mentir à soi-même. Sous peine d'un retour de boomerang spectaculaire.
Lorsque Clara découvre qu'elle est malade, dans le même temps elle réalise qu'elle a des ailes. Porter des ailes subitement peut apparaître salvateur, oui, mais qu'est-ce qu'on en fait ?
Devant l'incontrôlable, faut-il faire un dernier choix utile ou totalement futile s'interroge l'héroïne ?

Nos imperfections ont trouvé une voix lucide et bienveillante. Ça fait du bien !
Merci Sandrine Yazbeck pour la compréhension et la mise en valeur de notre humanité parfois cruelle et toujours vulnérable.
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