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Critique de kuroineko


Six-Quatre est le premier roman traduit en français du Japonais Yokoyama Hideo. Classé roman policier, c'est à la fois vrai et plus que cela.

En effet, le titre fait référence à une enquête non élucidée d'enlèvement d'une fillette avec demande de rançon, se terminant par la découverte du cadavre de l'enfant. L'enquête porte comme nom de code Six-Quatre en référence à la 64ème année de règne de l'empereur Showa. Ce dernier meurt peu de temps après le début de l'enquête, laissant place à l'ère Heisei. Pour les policiers du département d'en place à cette époque, la défaite reste amère, même quatorze années plus tard.

Là où le roman prend une dimension plus large, c'est qu'il se concentre beaucoup sur les jeux de pouvoirs, les rumeurs, les complots et les antagonismes au sein de la Direction Départementale de la Police de D. Les frictions sont particulièrement vives entre la partie enquêteurs et la partie administrative, les premiers méprisant ceux-ci et les deuxièmes protestant contre le manque de communication fiable de ceux-là. Au sein de chaque division, les rapports ne sont pas forcément plus sereins. Pas plus que le secteur Relations publiques - où officie comme directeur Mikami, la cinquantaine, et vingt-quatre années comme flic de terrain - avec la presse.

Ces longues descriptions de l'organisation policière et des manoeuvres entre services, dans un respect formel d'une hiérarchie souvent parachutée de Tokyo, peuvent refroidir les amateurs de romans policiers plus basés sur des enquêtes criminelles et de l'action. Pourtant, j'y ai trouvé une masse d'informations sur le maillage policier à différents niveaux sur l'archipel, du kôban de quartier à l'Agence Nationale de la Police. L'auteur, journaliste judiciaire avant de se consacrer à l'écriture, connaît les rapports presse et relations publiques policières de l'intérieur. A ce que j'ai pu en lire, ça peut se révéler houleux et violent.

Au-milieu de tout ça, Mikami Yoshinobu, coincé entre son passé de flic et son nouveau rôle de directeur RP qu'il prend presque comme une sanction. Coincé entre une hiérarchie intransigeante sur la retenue des informations et des journalistes exigeant une totale transparence. Coincée entre la crainte et l'espoir après la fugue, quelques mois plus tôt, de sa fille unique et adolescente, Ayumi, ne sachant plus comment rompre le silence qui s'est instauré avec son épouse Minako.
Mikami est un personnage complexe et qui se retrouve pris entre tant de feux qu'il en vient à se perdre lui-même. Force lui sera de réfléchir à ce qu'il est vraiment et à se déterminer dans son poste, sans être épargner par les doutes. Une figure attachante malgré sa difficulté à exprimer ses émotions.

Et la toile de fond de l'affaire Six-Quatre, proche de la prescription, revient s'inscrire sur l'imbroglio administratif. de quoi rouvrir des plaies et révéler nombre de secrets.

J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman policier qui opte pour un angle original. Toujours avide d'en apprendre plus sur le Japon, et même en tenant compte du caractère fictionnel de l'intrigue, j'ai désormais une meilleure vision de l'organisation  policière nipponne. J'espère que d'autres traductions de cet auteur suivront ce très bon récit.
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