AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Olelko


Revenant de la bataille perdue de Sekigahara, Takezo et son ami Matahachi, blessés, sont recueillis par la sévère Oko et sa fille Akemi, qui vivent seules de butins glanés sur les cadavres des champs de bataille, activité licencieuse mais nécessaire aux deux femmes pour survivre en ces temps de troubles et de conflits armés. Après avoir lentement pensés leurs blessures, Takezo se décide à partir retrouver sa soeur et son village alors que Matahachi ne peut se résoudre à quitter Oko avec qui il commence à nouer une relation. Lorsqu'il arrive chez lui, c'est une grande déception qui l'attend : la mère de Matahachi, qui a fiancé son fils à la très belle Otsu est sûre que Takezo est revenu pour le déshonneur de son fils mais aussi du village tout entier. Attaché et laissé pendu à un arbre pour mourir par le drôle de prêtre Takuan, Takezo sera finalement secouru par Otsu avec qui il fuira, commençant ainsi ses célèbres aventures.

Ainsi il ira à travers forêts et champs vers les châteaux, où il sera enfermé pendant fort longtemps avec des livres comme seuls compagnons. Là, le jeune homme fougueux et sanguin se transformera progressivement en un être sage et discipliné, avide de connaissances et de perfection. Puis vers Kyoto, capitale de l'époque, où se concentrent les meilleures hommes d'épée, à la renommée dépassant les frontières des nombreux daimyo. Son chemin croisera de nombreux obstacles, notamment l'école Yoshioka avec laquelle une querelle longue et sanglante éclatera. Alors qu'Otsu vagabonde seule elle aussi, à la recherche de Takezo devenu Musashi en jouant avec la façon d'écrire son nom, d'autres personnages viendront se greffer à leur petit groupe, qui viennent et partent aux grès du samouraï : Jotaro l'insolent élève de Musashi ou encore Koetsu qui fera comprendre beaucoup de choses à notre héros, à travers une visite dans une maison close ou lors d'une cérémonie du thé.

Le roman d'Eiji Yoshikawa est particulièrement long et La Pierre et le Sabre n'en est que la première moitié ! À travers ces quelques 850 pages, ce ne sont pas uniquement des combats de sabre qui sont décrits, mais l'auteur a pris le temps de raconter une époque, un monde et les gens qui le peuplent. On rencontre beaucoup de samouraïs, mais aussi des femmes, des enfants et d'autres badauds. On découvre ainsi les ouvriers attelés à la naissance d'Edo, la future Tokyo et capitale, les geisha et leurs cérémonies, les bains et nombres de petites gens. Il s'agit là de la grande force d'Eiji Yoshikawa et son roman : proposer un univers, nous y entraîner et nous y perdre, parfois.

Alors que la quête de perfection de Musashi avance, on suit aussi les personnages secondaires que sont Matahachi, Otsu, Akemi, le ronin Kojiro ou encore la vengeresse mère de l'ami d'enfance de Musashi : Osugi. Tous sont en quête de notre héros avec des raisons différentes. Ils se rencontrent puis se quittent avant de se retrouver. Les chemins mènent toujours à Musashi mais ceux-ci, dans leurs diversités et leurs difficultés rendent ce livre grand et fort. Malgré tout, parfois les dialogues et les scènes prennent un temps fou à se résoudre et on aimera bien que le récit avance alors qu'on a l'impression de stagner. Pourtant, on espère avec Otsu qu'enfin son Takezo la retrouvera et qu'ensemble ils puissent être heureux.

La Pierre et le Sabre est un roman épique, et justement comparé parfois à Gone With The Wind : amours, guerre, combats et aventures jonchent les chemins tortueux de nos héros. Avec par-dessus tout cela une dimension morale japonaise parfois exotique mais qu'on se prend rapidement à comprendre et à apprivoiser. Alors que certains personnages jouent les retors, on s'énerve et lorsque Musashi reste droit, humble et honnête l'on a envie de l'applaudir. Ce roman est une réussite, mais néanmoins parfois dur à digérer tant il y a de scènes, de dialogues, de parcours. Il faut avoir l'estomac accroché avant de suivre le périple du jeune ronin, mais lorsqu'on est plongé au coeur de l'action, le récit coule comme une fraîche source de montagne, on l'on s'y désaltère avec plaisir !
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}