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Critique de GeraldineB


Le mot ” Liberté ”, comme le mot ”Amour”, est un mot auquel il ne faut rien adjoindre. Ni le mot ”Total”, ni le mot ”Absolu”, encore moins le mot ”Conditionnel”, ce dernier mot détruisant toute la force et l'espoir portés par ”Liberté ”.

Kikutani a tué. La justice l'a condamné pour cela à la prison à perpétuité. Mais au bout de 15 ans d'obéissance et d'effacement de lui-même, Kikutani se voit enfin offrir une ”Liberté conditionnelle”. C'est le retour à la vie, avec un logement, un travail, la possibilité de manger ce qu'il veut, de s'acheter ce qu'il veut. Kikutani avait oublié l'odeur des villes et le goût du riz blanc. Il est heureux, comme un enfant. Bien sûr, autour de lui, le monde a changé et tout l'insécurise mais très vite il reprend pied et ”s'intègre”. Il continue cependant de suivre les règles. Car cette nouvelle liberté est très encadrée et Kikutani doit sans cesse rendre des comptes.

"Quand il avait franchi les portes de la prison, il avait été tellement remué par le sentiment de sa libération qu'il aurait voulu pousser des cris de joie, mais ce n'était peut-être qu'une illusion finalement. Toutes sortes de murs se dressaient autour de lui, qui l'entravaient sérieusement dans son action."

Sa nouvelle vie est-elle si différente de sa vie en prison? Libéré des murs mais toujours prisonnier d'un système judiciaire, englué dans son passé, Kikutani vit recroquevillé sur lui-même. Lui sera-t-il possible, un jour, de recouvrer une vie normale?

L'intrigue va lentement et descend en profondeur dans le psychisme de Kikutani. le style est sobre, élégant, parfait écrin à une tension dramatique qui va crescendo. le héros est ici un homme ordinaire, un coeur pur qui n'a pas supporté la trahison et qui s'est mué en monstre. Il aimerait tant éprouver la douceur du repentir. Il sait aussi que la société attend ça de lui. Pourtant, il ne parvient pas à pardonner. Homme détruit par ses désillusions et ses nombreuses années de soumission, il ne ressent plus rien qu'une sourde colère.

Il n'y aura pas de rédemption pour cet homme attachant malgré tout. Car pour ceux qui ont connu la vie carcérale, la dette n'en finit jamais d'être payée. Il leur faut vivre avec la culpabilité, avec la peur, avec la honte. Il n'y a pas de liberté sans la possibilité de l'oubli et les hommes n'oublient jamais.
Yoshimura nous le démontre d'une façon magistrale.






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