AMER HIC
Vendre n'importe quoi et à n'importe qui ,
Depuis les Iroquois qu'on soûlait de whisky ,
Vendre sur la jachère des bétonnées campagnes ,
Mais vendre pierre et chair aux visiteurs du bagne ;
Vendre les ballons blancs de l'enfant de Saïgon ,
Cadences redoublant au gré des harpagons ;
Vendre le poulet mort , le cadavre chimique
Élevé sans remords en camps agronomiques ;
Vendre enfin les nuages puis aller à son heure
S’enivrer du mirage , Ô merveilleux bonheur :
Acheter , consommer le cola et mille œuvres !
A son tour assommé , avaler ses couleuvres .
Ohé , Léo ! Hé , oh , Ferré ! Ah ! te voilà grand frère ! Te voilà ! Bien , bien .....
Les morts , il suffit qu'on fasse silence pour qu'on les entende .
Comment ça va là-haut ? Comment ça va , Léo , sur ton nuage de lacrymo , au soleil de la mémoire , sur les barricades de mots que tu as laissé dans l'histoire . Comment ça va Léo ? Comment ça va ?
On est quelques-uns à être venus , tu vois ! On t'a pas oublié ! Même avec le temps .
Vingt ans , vingt ans déjà . Vingt révolutions terrestres , mais toujours aussi loin du soleil . Vingt ans de gribouilles rupestres sans que les mots ne se réveillent . Juste des murmures au pied des murs . Rien à abattre , rien à débattre , rien à combattre . Il fait trop jour , pour réinventer la lumière , trop lourd pour ramasser des pierres .......
Quarante cinq ans que la merde déborde de nos caddies , de nos bagnoles , de nos frigos , de nos histoires monocordes , de nos oreilles bouchées ........Leur tout est le contraire de tout . Leur tout est un leurre , partout , et leur montre à l'heure , itou . Plouc ! Pressé , compressé , oppressé . Plouc ! Et Facebook pour parloir ........
Le papier , c'est fini , disent-ils . Il faudrait tout passer au numérique : les mots , les idées , l'amour , les boutiques . Les livres , la parole , le fric . Tout .
Tout , et puis une caméra dans l’œil pour savoir ce qu'on regarde . Et puis un micro sur la langue pour savoir ce qu'on dit . Et puis un mouchard dans la tête pour savoir ce qu'on pense , à quoi on rêve , de quoi on crève , si remonte la sève , et si le vent se lève ......
On répond plus au téléphone , aux mails , aux messages , aux textos , toujours trop tard , toujours trop tôt , on s'arrange pour faire répondre n'importe quoi ..... un mail c'est du numérique : des mots-prisons , binaires , en briques . Une lettre c'est pas pareil ! Ça se mouille , et ça sèche au soleil , ça se lit du bout des doigts , ça se retourne à l'envers , à l'endroit , ça se caresse ou ça se brûle , mais ça reste pas dans sa bulle .
Ni dieu , ni maître , ni phrase , ni style , ni mail , ni politesse et BASTA !
Alors , reste l'amour Léo , une solution à un problème qui reste un problème .
Alors , alors , alors , ajoutons à l'amour autre chose quand même , autre chose qu'on aime , sur le même thème , sans faire de mystère , pour se donner de l'air : tous ces mots en R portant la passion , distillant l'action .
Tous ces mots en R qui nous donnent de l'air : Rébellion , Résistance , Révolte , Révolution .......
Penser et agir sans concession , sans faux-semblants ni compromission . Oui , mon vieux Léo , oui , mon vieux , là-haut , vivre et mourir ..... avec , pour seul horizon :
L'AMOUR ET LA RÉVOLUTION !
Si tu crois qu'un poéte est un sculpteur de vers
Qui choisit sa matière au hasard du moment ,
Et plus souvent l'or fin , tu as tout à l'envers :
Le poète est un chien signant ses excréments .
Si tu crois qu'un poète est un peintre d'oiseaux ,
De fleurs et lieux communs , limité à ces thèmes
Pour mériter son titre , oublie les traits du zoo :
N'importe quel sujet peut sortir d'un poème .
Si tu crois qu'un poète est un pur musicien
Écoutant chaque note et mesurant d'abord ,
Prends garde à l'écrivain au pas de technicien :
Son pied chaussé de règle est pour ceux qu'il abhorre etc....
QU'AI-JE LE DROIT DE DIRE ?
Pas sur Dieu ni les saints ni les rois affairés ,
Pas non plus sur l'amour autrement qu'il se doit ,
Je n'écrirai de vers , et je m'excuserai :
Poète assis , comptant les sujets sur ses doigts .
Je fleurirai le monde et les cours fastueuses ,
Les femmes , les ronds-points , les sentiments , les villes ,
Et ne salirai plus les traditions tueuses :
Ni la foi ni l'argent ni leurs maisons serviles .
Je dormirai , bien sûr , d'un sommeil éthylique
Souffrant ce cauchemar par la voie symbolique ....
Puis rirai au réveil de cette mascarade .
Car jamais , non jamais , je ne renoncerai ,
A versifier sans frein ni collier mes tirades .
Non par droit mais devoir , je nous blasphémerai .
****** IMAGINE JUSTE UN INSTANT ******
Passant , qui dans ce monde , a perdu l'essentiel ,
Cloué à ton destin par la superstition ,
Imagine un instant ni paradis au ciel
Ni enfer sous nos pieds ni autre diversion .
Personne à remercier pour l'aube dans nos cils
Quand , chaque jour nouveau , rien n'est aussi luisant .
Essaie d'imaginer ce vœu simple et facile
L'entière humanité vivant libre au présent .
Tu peux répondre en souriant
Que je ne suis qu'un doux rêveur
Mais cet espoir est si brillant
Qu'il luit partout avec ferveur .
Incrédule et conscient, écoutant ta raison
Peux-tu dès lors admettre entre nos différences
Que soient dressés des murs comme autant de prisons
Cloisonnant nos tribus selon nos apparences ?
Imagine un pays unique et sans drapeau ,
Où seraient révolus les guerriers sacrifices ,
Sans clans ni religion ni marque sur la peau ,
Où pourraient vivre en paix nos filles et nos fils .
Ce désir de changer les choses
Pourrait bientôt gagner chacun ,
Si tu nous rejoins , si tu oses ,
Et le monde ne fera qu'un .
La baronnie Salières , en ses salons baroques ,
Lorgne la fourmilière émancipée du roc ,
Le fleuve hors de son lit d'insalubres barrières
Et le nomme " chienlit " ou menace guerrière " .
Le baromètre monte et les rues sont barrées .
Quelques barbus démontent une statue dorée .
Au bas d'une prison aux vieux barreaux rouillés ,
On joue sur le gazon près d'un car barbouillé .
Les baraques se vident où la route s’arrête
Puis se hérissent , avides et joyeuses , d'arêtes ,
Bariolées de barda , passants et baroudeurs
Attendent les soldats pour seuls ambassadeurs .
Un poireau du gratin , entre deux malabars ,
Verse son baratin , accusant les barbares
De troubler son banquet , au cours d'une interview
Au info d'un laquais .... à l'heure du barbecue !
PRIERE DES PENSIONNAIRES
Notre père qui êtes vicieux,
Que votre verge arrive,
Que votre fellation soit faite,
Sur ces lits qui chancellent
Donnez-nous aujourd'hui votre pine, en secours,
Et caressez-nous les fesses,
Comme nous caressons aussi
Celles qui nous les ont léchées,
Et délivrez-nous
De l'isolement des mâles :
Qu'ils viennent!
et chacun rote, chie, se vidange
le porte fric
sous couvert de plastique
chacun monstre
en coeur
sa part d'inhumanité