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Critique de fuji


De l'impression des mots sur le papier à l'empreinte gravée sur le mur de calcite de notre âme…
Un accident gravissime est un bouleversement dans une famille qui remet chacun de ses membres face à la fragilité de la vie et les recadrent en son sein.
C'est par cet évènement que l'auteur va construire le récit d'une vie décomposée par l'Histoire.
La polyphonie familiale va s'élever après le « la » donné par Léna :
« Nous arrivons de pays épuisés où notre jeunesse devait chaque jour s'arracher aux ruines. Les fantômes nous accompagnaient partout, s'agrippaient à nos chevilles, pesaient sur nos épaules, ne nous laissaient même pas rêver. Sans parler des morts, partout autour de nous, vivants mais morts là-bas, ne sachant ni revivre vraiment ni cesser, se taisant ou parlant trop et seulement de ça, de ce là-bas où une part d'eux-mêmes continuait d'être terrifiée, avait peur et froid et mal, à jamais. »
Anna, la jeune soeur, maman de Marie/Carole, sera familière aux fidèles de l'auteur, qui ont lu « Chez eux », ils la retrouveront et comprendront son sentiment exprimé comme ceci : « Je suis toujours aussi fière de ma soeur courageuse et volontaire, mais le désir de la rejoindre s'est émoussé. »
Autour de ces deux femmes il y a la génération du passé, les parents Saba et Satba, heureux grands-parents, mais porteurs de l'Histoire et Saba le résume ainsi : « Je ne m'autorisais que des semblants de sourire, un vague mouvement de la main dans leur direction, car c'est ainsi, je ne sais plus comment renoncer à la réserve digne qui me sert de masque et d'armure. En moi toutefois, de les voir, ça jubilait, ça riait aux éclats. »
Joachim, le mari de Léna, c'est l'incarnation de la colère, de la révolte : « Mais la terre qu'il foule — il ne la travaille pas, il a un jardinier pour ça — n'est pas la sienne. Comment peut-il vivre avec la possibilité d'être chassé, lui qui avec moi, sa main et ses mots noués aux miens le temps de la longue fuite, a été jeté de notre ancien monde comme rien, comme os immangeable, la mauvaise herbe, les fruits pourris ? »
Carole Zalberg en mots choisis sait nous faire partager les émotions de chacun, je vous laisse découvrir ceux de la jeune génération.
Le titre n'est pas une interrogation et c'est une évidence à la lecture.
Une analyse toute en finesse et en délicatesse, d'une profonde humanité qui touche sa cible en plein coeur et fait sentir au lecteur une appartenance à la grande famille des humains.
Comme je le disais au début de cette recension, l'impression des mots sur le papier restera l'empreinte gravée sur le mur de calcite de notre âme…
Carole Zalberg est une passeuse d'âmes dans le monde des vivants.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 27 octobre 2018
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