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Critique de mylena


Ce court récit, écrit par Evgueni Zamiatine en 1929, le dernier avant qu'il quitte l'URSS, est une véritable petite perle.
C'est un drame sordide qui se noue à Saint-Pétersbourg dans les années 1920. La présence de la ville, des conditions de vie très rudes de l'époque, de la Neva en crue, est impressionnante. Cela fait penser au Cavalier de bronze de Pouchkine qui se déroule aussi lors d'une des crues de la Neva. La montée des eaux se déroule au même rythme que la tension narrative jusqu'au meurtre, qui a lieu non pas au moment du pic de crue, mais au moment de la débâcle, et puis, neuf mois plus tard, une nouvelle crue et le dénouement final. Cette métaphore de l'inondation pourrait paraître banale, mais elle concerne aussi le récit qui s'infiltre dans l'esprit du lecteur, monte puis déferle, emporte tout sur son passage comme les pensées qui bouillonnent dans la tête de Sophia. Il y a beaucoup de non-dit, les faits sont tout juste suggérés, car les personnages sont des taiseux, la douleur tourmente Sophia, mais reste indicible, l'atmosphère devient de plus en plus pesante, nul doute sur ce qui va advenir. L'écriture est d'un style exceptionnel, d'une densité et d'une intensité incroyable, épurée à l'extrême pour ne garder que ce qui sert à dépeindre l'environnement triste et pauvre de Sophia ainsi que ses sentiments confus. Des métaphores reviennent, un peu comme des thèmes musicaux, jalonnant le récit. C'est un récit de toute beauté.
Je ne suis pas surprise de découvrir qu'en 2018 un opéra ait été créé à partir de L'inondation. Au passage, il y a aussi deux films, un lituanien de 1992 et l'autre franco-russe de 1993 avec Isabelle Huppert dans le rôle de Sofia. Je n'ai vu aucun des deux, mais j'imagine très bien Isabelle Huppert dans ce rôle.
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