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Critique de nadejda


Dans ces nouvelles écrites (à part trois très courts textes) entre 1917 et 1923 alors que l'ancienne Russie des campagnes , la «Rouss», avec toute sa vie, ses couleurs, ses songes mystiques et ses «diableries», résurgences de cultes païens, n'a pas encore été complètement étouffée, Zamiatine nous offre de petits textes qui ressemblent aux miniatures sur laque qui décorent les boîtes de Palekh, images nées des bylines, ces histoires imprégnées de merveilleux que des vagabonds transmettaient oralement, d'un village à l'autre, lors de soirées accompagnées de musique. Ils en ont la beauté magique et nous prennent dans leurs sortilèges. Toutefois ils ne sont pas sans roublardise, plein d'ironie et parfois d'amertume. le conteur Zamiatine, en les écrivant, devait avoir les yeux rendus brillants à la fois par la mélancolie et la malice. Bravo au traducteur qui a su redonné en français, à l'aide de mots choisis et parfois rares, toute la poésie, la truculance et la variété colorée de ces textes. Laissez-vous saisir et ils vous emporteront très très loin....

«Un lac -- profond, profond. Et, tout au bord, sur la mousse émeraude : une ville blanche-écume -- créneaux et tours, croix aurifiées ; et dans l'eau, à l'envers : une autre ville, féerique, blanc-dorée, posée sur un plateau smaragdin. C'est l'ermitage de Larivon. Une cloche chante dans la ville féerique, allentie, profonde, assourdie, elle résonne dans l'abîme vert. Comme il fait bon vivre pour ceux que cette verte profondeur isole du monde !»

«Sortir, se planter sous un sorcier-bouleau de neige ébouriffé, aspirer l'air vif, et avoir les joues qui rougissent à cause du gel... et à cause d'autre chose encore ! Et sentir qu'il y a encore, oui, encore quelque chose dans l'avenir, qui attend, qui est proche...»

«Il était une fois un village du nom d'Ivanikha ; tous les moujiks s'y nommaient Ivan, seuls leurs surnoms différaient : Ivan l'Automordu (dans son sommeil, il s'était machouillé l'oreille), Ivan l'Effréné, Ivan le Farfouilleur-de-nez, Ivan Oreilles-salées, Ivan l'Enragé, Ivan Maître-cracheur. Il y en avait tant qu'on ne pourrait tous les dénombrer, mais le Maître-cracheur se posait comme leur chef à tous. Il y a des gens qui sèment et qui binent ; les Ivans, eux, la panse tournée vers le haut, crachaient au ciel -- à qui cracherait le plus haut.»
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