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Critique de Marie-Nel


Je ne connaissais pas du tout David Zaoui, j'avais déjà entendu parler de lui, mais je n'avais encore jamais lu aucun de ses romans. Je crois que cela va changer maintenant que j'ai lu celui-ci. le peintre du dimanche est la version poche du grand format paru aux éditions Lattès, Sois toi-même, les autres sont déjà pris. J'avais entendu parler de ce roman au moment de sa sortie, le titre est évocateur et est tiré d'une célèbre citation d'Oscar Wilde. Et maintenant que je connais l'histoire, je dirais que les deux titres, la version grand format ou la version poche, collent parfaitement avec l'histoire.

L'auteur nous fait faire connaissance avec Alfredo Scali. Il est peintre, artiste, pas peintre en bâtiment. Il peint l'inconscient des animaux à travers leurs rêves. C'est déjà pas banal comme idée. Il aimerait bien exposer dans une galerie et se faire un nom. Mais pour l'instant ses recherches sont vaines. Il est au chômage, et reçoit beaucoup de propositions d'emploi de la part de son conseiller Pôle Emploi, qu'il envoie paitre bien souvent. Pas question pour lui d'être déménageur, ou encore faire une formation pour être conducteur de tramway.
Un jour, la maladie d'Alzheimer est découverte chez sa grand-mère. Une association va lui amener un singe capucin, capable d'aider la vieille dame dans des tâches basiques du quotidien. C'est une petite femelle, qu'elle appellera Schmidt, nom que la grand-mère prend de sa série fétiche Derrick. le souci est que la maladie de sa grand-mère s'accentuera, elle ne saura plus s'occuper de Schmidt, et c'est donc Alfredo qui va l'accueillir chez lui. Alfredo va vite se rendre compte que ce petit singe est malicieux, et que grâce à lui, il va pouvoir enfin exposer ses toiles dans une galerie parisienne. Et comment me direz-vous ? Il s'avère que Schmidt peint, à certains moments de la vie d'Alfredo, et les toiles ont apparemment du succès. Mais Alfredo s'en veut du subterfuge et aimerait bien être reconnu pour sa propre valeur à lui... comment va-t-il faire ? Quand Schmidt peint-il pour lui ? Va-t-il arriver à exposer ses propres créations ? Ça je vais vous laisser le découvrir. Je ne voudrais pas plus gâcher la surprise. Déjà que j'ai la sensation de vous en avoir dit de trop...

Ce que je ne peux pas vous retranscrire dans ce résumé de l'histoire, c'est le ton qu'a pris David Zaoui pour décrire les faits et les personnages. L'humour est en première ligne, la dérision aussi. C'est drôle, on ne peut que sourire et même rire devant certaines remarques, certains faits. Évidemment, avec un singe comme compagnon de route, on se doute bien que les situations comiques et cocasses vont s'enchainer. J'ai beaucoup ri quand Alfredo doit masquer Hutch de la série télévisée Starsky et Hutch parce que Schmidt ne l'aime pas. Vous voyez, c'est plein de petites allusions qui sont faites et qui mettent beaucoup de drôlerie dans l'histoire. Et pourtant, les messages qui transpirent du personnage d'Alfredo sont très sérieux et très nobles. Car cet homme n'a qu'une envie, c'est de vivre de ce qu'il aime faire, d'être épanoui et de se consacrer à sa passion. Et comme on le comprend. Tout le monde rêve de vivre de sa passion, et on sait très bien que c'est souvent irréalisable. Mais après tout, pourquoi pas, pourquoi ne pas essayer ? Il aimerait vivre d'autre chose que des boulots alimentaires, et pour ce faire, il va devant de grandes désillusions. J'ai trouvé beaucoup de profondeur dans les propos de l'auteur sur ce sujet du travail, de la passion, et de la différence entre vivre de sa passion et vivre pour manger. Un sujet très vaste et que chacun d'entre nous connait.

Les personnages sont très attachants, que ce soit la grand-mère, Alfredo ou ses amis Casimir et les autres. Ils sont tous très bien travaillés avec leurs qualités et leurs défauts et surtout avec cet amour de la vie, quelle qu'elle soit. Ce sentiment d'attachement à Alfredo est renforcé par le choix narratif de l'auteur que j'aime beaucoup. En effet, il utilise la première personne du singulier pour faire parler son personnage principal. C'est un procédé que j'aime beaucoup et que je préfère, car il me permet de me sentir au plus près du héros, de ressentir la moindre de ses émotions, de rentrer dans sa tête et de connaître la moindre de ses pensées. Et vous pouvez me croire que c'est une folle expérience que de rentrer dans la tête d'un homme comme Alfredo. Il ne m'a pas déçue, j'ai aimé son extravagance, mais aussi sa grande sensibilité et son amour de la vie. Il m'a fait rire bien souvent, il m'a énormément touchée et émue aussi. Ce qui m'a fait le plus souvent sourire, ce sont ces interludes faits avec les courriers que lui et son conseiller Pôle Emploi s'envoient. Les réponses automatiques du conseiller mettent à mal la patience d'Alfredo, il a beau répéter ce qu'il a déjà dit, rien y fait. J'attendais ces lettres avec impatience dans ma lecture car je savais qu'elles étaient synonymes de rigolade et d'humour, elles étaient totalement jubilatoires. En fait, tout est raconté avec tellement de naturel et d'authenticité qu'il était difficile pour moi de ne pas croire que tous ces personnages n'existaient pas réellement.

Le livre au format poche n'est pas très long, à peine trois cents pages. Je passais un tel bon moment avec lui que je n'arrivais pas à le lâcher pour mes obligations quotidiennes, je n'avais qu'une envie, c'est de me replonger dedans pour savoir ce qui allait se passer. Car, bien que ce ne soit du tout un polar ou autre livre à suspense, l'auteur a justement bien su le créer ce suspense. Je me suis demandée tout le long, comment allait s'en sortir Alfredo, s'il allait révéler que c'était Schmidt qui avait peint à sa place, et allait-il réussir à vivre de son art. Comme si on se posait des questions au sujet d'un ami. C'est sa la grande force de ce livre, c'est que l'on considère très vite Alfredo comme un pote, comme quelqu'un de notre entourage et on s'inquiète pour lui et on voudrait qu'il ne lui arrive que des bonnes choses. Je le quitte avec regret, la fin est belle, jolie, inattendue, attendrissante. J'ai été très émue par celle-ci, et le mot final est donné encore avec une pointe d'humour, comme s'il ne fallait pas oublier de sourire au travers de l'émotion qui envahit. Et comme il est dit si bien, "Il existe des êtres si rares que, lorsqu'on les croise, ils vous touchent à jamais. Alors il ne faut pas les quitter d'une semelle. Il faut les suivre au bout du monde." Je crois que si une personne comme Alfredo existait et était mon ami, je ne le lâcherais pas...

Je ne suis pas déçue du tout de ma lecture. C'est une belle découverte, j'ai passé un moment extra en compagnie de tous les personnages et de David Zaoui. Je ne partais avec aucun a-priori, la couverture m'avait fait sourire, l'histoire m'a émue et fait rire. David Zaoui fait aimer la vie avec une telle histoire, et nous suggère à nous lecteurs, de toujours croire en nos rêves, de se battre pour eux et de tout faire pour les réaliser. Une très belle leçon de vie, sans pour autant avoir pris un ton moralisateur...le message passe dans l'humour et l'allégresse. Comme il dit d'ailleurs, "Sois libre et écoute ton coeur, c'est le seul moteur de l'inspiration. " Je suis entièrement d'accord avec ça.

Donc, si comme moi, vous ne connaissiez pas encore David Zaoui, je ne peux que vous encourager à le faire avec ce livre ci, ou avec le dernier qui vient de sortir aux éditions Jean-Claude Lattès, le financier en chef. J'avoue que ce livre me fait bien envie aussi, et cette fois, c'est une poule qui se retrouve en couverture... et le résumé est fort tentant. Moi, en tout cas, je vais continuer de lire cet auteur, il est une très belle surprise de ce Prix des Lecteurs, il m'a fait passer un excellent moment, distrayant et tellement profond. Un style fluide et décalé, un auteur à lire absolument..
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