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Critique de Dionysos89


De Roger Zelazny, il est possible de passer à côté de grandes choses. On connaît son cycle grandiose des Princes d'Ambre, mais sinon une large partie de sa production littéraire tient dans des nouvelles qu'il a parfois étendues en romans par la suite. Les domaines abordés dans ces récits y sont bien souvent très divers. Parmi eux, le Songe d'une nuit d'octobre, réédité par ActuSF au début de l'année 2018 apparaît comme un roman un peu particulier, dans sa mythologie et dans son traitement.

Que ce soit dans ses personnages ou dans son décor, le Songe d'une nuit d'octobre multiplie les références, de manière à la fois vague et précise (si, c'est possible de faire les deux). Pour expliquer cela plus précisément, imaginez que vous convoquiez dans une intrigue des personnages ultra connus, qui sont largement reconnaissables par des attitudes ou des éléments vestimentaires, mais que vous laissiez constamment planer le doute en ne donnant jamais les noms des dits personnages très connus. de fait, le mélange est intéressant car des références, il est possible d'en voir partout, notamment dans tout ce qui concerne un univers victorien (l'appellation steampunk ici serait un peu abusée), mais avec toujours ce petit côté « enquête » où l'identité des personnages ne nous est pas donné facilement. Ce mélange des genres se retrouve dans la mythologie convoquée pour servir d'appât à tous ces personnages : un portail va s'ouvrir et permettre potentiellement à des « Grands Anciens » à grosses tentacules de pénétrer dans notre monde. La préface de Timothée Rey est très éclairante à ce sujet, montrant que Roger Zelazny mêle habilement deux mythologies et y incorpore une troisième, la sienne (préface éclairante qui aurait sûrement mérité d'être une postface du coup).
Le traitement, lui non plus, n'est pas commun. D'ailleurs, une fois n'est pas coutume, le héros du roman est un chien. Snuff parcourt la ville où il vient de déménager et visite chaque jour, chaque nuit, les autres aminaux familiers qu'il connaît de plus ou moins loin et parcourt les lieux les plus mal famés du bled. Ce sont ses trente jours d'enquête urbaine qui structurent la construction de l'intrigue. La quatrième de couverture (qu'il vaut mieux éviter de lire pour se garder certains éléments à chercher soi-même) annonce la tenue d'une « murder party » entre détectives, enquêteurs et créatures victoriennes. Et c'est tout à fait à cela qu'il faut s'attendre ; tous les grands sont là et vous avez tout le mois d'octobre pour vous armer, vous préparer et vous placer en bonne position. L'amusement provoqué par l'auteur vient à la fois du point de vue du narrateur canin (ainsi que de son étrange maître et de ses captifs), de l'ambiance « Cluedo » qui règne dans cette bourgade et des coups tordus qui sont constamment fomentés par les différents protagonistes. Bref, la lecture est ici prise sous l'angle du jeu.

En définitive, cela fait bien plaisir de découvrir un tel roman atypique : un polar victorien teinté de différentes mythologies et une autre façon de découvrir un grand auteur comme Roger Zelazny.

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