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Critique de Sachenka


Janvier 1991, les exactions de Saddam Hussein poussent la communauté internationale à lancer un ultimatum à l'Irak. La guerre est peut-être pour bientôt. Toutefois, avec En retard pour la guerre, l'autrice Valérie Zenatti choisit non pas de raconter ce conflit, plutôt de démontrer l'impact qu'il a pu avoir 1 000 km plus loin, à Jérusalem. Les Juifs craignaient des représailles (il faut croire qu'à l'époque, déclarer s'en prendre à l'État d'Israël était la réponse automatique des pays arabes avoisinants…), des missiles de longues portée, des gaz, etc. Un climat lourd s'installe, certains cèdent à la panique, d'autres tâchent de rester calmes. Plus on se rapproche du dernier jour de l'ultimatum, plus on a cette impression de compte à rebours vers la fin du monde. C'était troublant.

Mais pas trop pour Constance Kahn, une Française installée depuis peu à Jérusalem pour écrire son mémoire sur l'historien antique Flavius Josèphe. Cette jeune femme regarde d'un oeil extérieur le climat se détériorer à Jérusalem. Les journaux y vont de grands titres prédisant la catastrophe, on distribue des masques à gaz, certains produits ne sont plus achetables… Se dirige-t-on vers une ration ? Puis, éventuellement, Kahn elle-même est gagnée un peu par toute cette agitation, surtout quand sa vieille voisine de palier perd la boule et tente de mettre le feu à sa porte. Je dois admettre ne pas avoir aimé ce passage bien qu'il démontre clairement comment la tension pouvait affecter n'importe qui. Pareillement pour sa relation avec Nathanaël, qui me semblait brouiller l'essentiel du message de l'autrice et complexifier inutilement le roman. À l'opposé, il y a ces petites scènes de la vie quotidienne, avant et pendant l'incertitude, qui n'apportent rien (ou si peu) à l'histoire. À certains moments, je me demandais si la guerre n'était qu'une intrigue de second plan. Ça donne l'impression d'être plutôt inégal.

Je l'écrivais plus haut, Constance Kahn travaille sur Flavius Josèphe, un auteur romain d'origine juive du 1er siècle qui a écrit, entre autres, La guerre des Juifs. Ça raconte la prise de Jérusalem par les Romains en l'an 70. Cette deuxième trame apporte une dimension supplémentaire au roman En retard pour la guerre. C'est comme si l'histoire de Kahn était une répétition de l'autre guerre, deux mille ans plus tard. Comme si tout était toujours inévitable dans ce coin du monde. Je trouve seulement que cette autre trame n'ait pas été davantage exploitée. Seulement de brefs extraits en début de chapitres. Et si La guerre des Juifs était difficilement utilisable de première main, Kahn aurait pu y penser davantage, imaginer comment les habitants de Jérusalem devaient se sentir à l'approche des Romains, lors de l'attaque de la cité, comparer les réactions des gens, etc. Mais bon, je dois critiquer ce roman et pas ce qu'il aurait pu être, je suppose que son public cible, les jeunes adultes, vont apprécier. Zenatti a réussi à bien faire passer les émotions de ses personnages et à rendre accessible les enjeux de ce conflit.
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