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Critique de SophieLesBasBleus


Franck, infirmier qui n'aime pas son prénom, aime en revanche Emilie, sa compagne. Lorsqu'il la rejoint sur Mirhalay, une île des Hébrides uniquement habitée par un énigmatique gardien, il est décidé à lui demander de passer le reste de sa vie avec lui. Mais Emilie est plongée dans sa thèse sur Galwin Donnell, l'illustre écrivain de romans policiers, qui a vécu en ermite sur Mirhalay avant de disparaître au large, dans des circonstances jamais élucidées. le colloque d'études, qu'elle organise sur cet auteur adulé, réunit des universitaires, spécialistes de l'oeuvre donnellienne, des étudiants, l'éditrice qui a refusé son premier roman... tout un petit monde perclus d'admiration obsessionnelle pour leur auteur favori. Franck se sent un peu perdu, un peu délaissé, un peu seul.

Le massacre peut commencer.

Non, il ne s'agit pas d'une réécriture des "Dix petits nègres"... quoique. D'ailleurs, il ne s'agit pas d'un roman policier... enfin, si un peu. Alice Zeniter nous entraîne avec une virtuosité époustouflante dans une intrigue où tout fait sens, échos, résonances, réminiscences. Elle tisse un réseau serré de références littéraires, complètement fondues dans l'intrigue, et engage un jeu stimulant avec le lecteur ravi. de ce roman, dont la première strate raconte un amour qui prend fin, elle fait une réflexion amusée sur la littérature, sur le pouvoir de la fiction et ses effets sur le réel. Au passage, elle esquisse une typologie hilarante du monde littéraire en faisant des participants au colloque des "types", qui nous renvoient - une nouvelle fois - au monde réel, dans un éblouissant jeu de miroirs. La lecture nous emmène toujours plus loin jusqu'à la question de la place de la littérature dans la "vraie" vie, en particulier quand un amour prend fin.

La fluidité de l'écriture, son humour décalé, la construction signifiante, qui fait se répondre analyses littéraires de l'oeuvre de Donnell et péripéties vécues par les personnages, l'effet de réel inscrit jusque dans le nom du détective, personnage récurrent des romans de Donnell, donnent à ces vertigineuses mises en abymes une richesse inépuisable. Je suis sortie de ce roman à regret, certaine de n'avoir pas encore élucidé toutes les énigmes que l'auteur dispose savamment comme pour une chasse au trésor. "Juste avant l'oubli" est, pour moi, un roman de jubilation intense qui offre au lecteur les émotions et les multiples interprétations qu'il attend de la lecture.
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