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Critique de Fleitour


Alice Zeniter invente avec son nouveau roman, l' Urbanisme Littéraire, imaginer et créer un environnement à un écrivain plutôt peu connu pour pouvoir lui donner une empreinte, une place, bien plus qu'une rue, mieux un vrai territoire.
Et quel plus beau site qu'une île flottante au milieu des Hébrides, inhabitée pareille aux Blaskets et moins people que Guernesey.
Le choix de l' humanisme avec Joris-Karl Huysmans ayant été pris par Houellebecq, Malcolm Lowry ayant un fan club pointilleux, son choix s’est porter sur Galwin Donnell, écrivain peu connu, et admirateur de Arthur Conan Doyle, à qui on pouvait sans provoquer un séisme le déclarer un addict au sexe, c'est à la mode, et sur cette île des Hébrides,Mirhalay, le ciel est toujours paré de diverses nuances de grey.
Pouvoir laisser son esprit vagabonder, lui inventer une histoire sur une île inhospitalière c'est l'ambition réussie de Alice Zéniter en nous proposant, sa bibliographie, son conservateur et son mentor Martin Stafford tout droit sorti de Cambridge...
Cette belle fiction commence avec le congrès des spécialistes de Cet Auteur de romans noirs qui réunit tous les trois ans, sur l'île de Mirhalay tout ce que le monde littéraire compte de Dollériens...

Blasphème, vous diront certains agrégés, un tel auteur de romans noirs porté au faîte des écrivains majeurs, au même titre qu'un James Joyce ou d'un Samuel Beckett !
Une normalienne, représentée ici par Emilie la protégée de Martin Stafford organise ce colloque avec gourmandise, son œuvre est analysée par les meilleures pointures universitaires, comme celles d'Oxford, ses archives font l'objet d'un soin particulier, sa mort en 1985 apparaît légendaire et son suicide suscite des enquêtes, son dernier chapitre disparu,le roman inachevé devient culte.

Mais Alice Zeniter jubile, car ces savantes voix paraissent bien académiques et vieillies par leurs analyses qui depuis 1985 de colloques en colloques s'étiolent.
Deux personnages vont précipiter la fête en Hommage à Galwin Donnell, en roman Noir, l'homme de Mirhalay, Jock le gardien de l'île, pièce essentielle pour la réussite du colloque, observe en silence, il passe tel un souffle d'air dans cette comunauté de docteurs, il a pourant connu Donnell comme son père, et Frank l'accompagne, le petit ami d'Emilie, toute jeune universitaire .

Jock se lie d'amitié avec Frank.Lui est infirmier il touche la mort de près et cette réalité le hante, il est dans le réel pas dans la fiction, Jock est un dur qui affronte la mer et la solitude depuis qu'il est né.

Ces deux personnages vont peu à peu nous faire découvrir le vrai visage de Galwin Donnell.
Ce sont leur propos qui vont exprimer pour nous lecteurs, la vision d' Alice Zeniter sur l'écriture, «  Frank en était conscient,ce n'était pas très bon » ou encore « ses personnages se trainaient de page en page comme des clochards du bonheur ».
Frank et Jock nous offrent une humanité forte, profonde et des dialogues incisifs, drôles, et d'un inventivité délicatement écossaise »on vient de découvrir une maladie et déjà l'Ecosse bat des records »P252 ou « encore «  le super héros Dr House, il nous a salopé le boulot ».

Alice Zeniter en vrai universitaire nous guide dans le labyrynthe de la création littéraire, mais pas seulement, c'est la nature humaine qui est son champ de prédilection.Elle n'a pas besoin de passer 4 ans dans des archives pour nous donner de beaux personnages tourmentés loufoques et poétiques.

Le roman est un laps de temps juste avant l'oubli, entre une histoire d'amour qui se délite « tous leurs derniers instants avaient été une suite de séparations minuscules », et une ferveur pour Golwin Donnell qui se défait, l'île va retrouver l'oubli, comment cette île fantôme, va se défaire ce « dernier livre fantôme », Alice Zéniter s'efface juste avant l'oubli mais nous laisse une perle baignée de vents.

Oh j'ai lu dans Télérama c'est trop construit !
Elle doit jubiler Alice Zéniter car cette belle construction par à la dérive, c'est même le sujet du livre !
L'île retourne aux vents aux mousses et aux fantômes....
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