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Critique de Krissie78


C'est sur la recommandation d'une amie que je me suis lancée dans la lecture de ce prix Goncourt des lycéens 2017. Je suis loin d'avoir lu tous les livres lauréats depuis sa création mais, à l'exception du Karine Tuil je n'ai jamais été déçue. Et « L'art de perdre » est cette fois encore une belle découverte.

Alice Zeniter choisi pour son 5ème roman publié en 2017 de mettre en avant des oubliés parmi les oubliés, à savoir les harkis, population honnie tant de l'Algérie que de la France. C'est par une saga familiale qui traverse trois générations. Naïma a la trentaine quand elle doit organiser une rétrospective de l'oeuvre d'un artiste algérien. Ce projet professionnel va pousser cette petite-fille de harki à partir à la rencontre d'un pays et d'une histoire qui sont la sienne sans l'être. Son histoire parce que celle de sa famille, de ses origines s'inscrit pleinement dans l'histoire de l'Algérie et de la France depuis les années 1950. Mais ce passé elle n'en a jamais entendu parlé avant ses 30 ans. Ses grands-parents et son père ont toujours fait silence sur ce pays qu'ils ont du quitter en 1962, sur les raisons de ce départ, sur ce qu'ils ont vécus. Cette transmission qui ne s'est jamais faite l'a éloignée de cette culture.

Avec ce livre Alice Zeniter lève le voile sur un tabou et redonne la parole à une population qui a vécu (vit en encore) des décennies sous le poids du secret et de la honte. le titre, emprunté à un poème d'Elizabeth Bishop, rappelle que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs.
Naïma fait partie des perdants, descendante de ces harkis qui ont rejoint la France en 1962, fuyant une terre devenue hostile pour purger dans des camps (qui ne disparurent que dans les années 1980) une peine jamais prononcée.

Le roman de présente en trois parties. « L'Algérie de papa » c'est celle d'Ali, ancien soldat de l'armée française pendant la Seconde Guerre mondiale, et ces années 1950 / 1960 de la montée du FLN, et avant elles les années qui ont construit la légende de la famille et de ce géant Ali, maître de la ligne de crête, dont la parole est loi sur ses terres. Puis vient « La France froide », celle d'après 1962, celle des camps, de la naissance des banlieues, celle dans laquelle va grandir Hamid, dans le silence de ses parents et le rejet de la société française à son encontre. Et pour finir « Paris est une fête », la quête identitaire d'une jeune femme libre et indépendante, qui ne maîtrise pas la langue de ses grands-parents, n'a jamais entendu parler des harkis, et qui va finir par vouloir savoir.

Alice Zeniter construit un récit très documenté, dans lequel s'expriment la psychologie complexe des personnages et la sociologie d'une population. Elle inscrit les harkis dans cette histoire qui leur a été refusée.
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