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Critique de lafilledepassage


Le risque de lire le nouveau roman d'un auteur qu'on aime, c'est d'être déçu ... Mais je l'ai pris, encouragée par les nombreuses critiques positives, lues ici et entendues là, et convaincue que la plume de Zeniter me charmerait une fois de plus. Mais voilà, il faut être honnête, avec les auteurs qu'on aime aussi, et peut-être même plus encore, et j'avoue que je n'ai pas trouvé dans « cet art de perdre » la fluidité de Zeniter, son talent à camper une ambiance en peu de phrases, à amener les émotions du bout des doigts, à me tenir en haleine.

Non, au début, j'ai surtout trouvé un discours froid, un style embrouillé, des phrases lourdes (je devrais même dire pesantes) et denses, … Les extraits de cessez-le-feu, de déclaration d'indépendance, perdus au milieu du récit, n'avaient selon moi pas leur place sous la forme que l'auteur leur a donnés. Et cette histoire de meule descendue de la rivière sur laquelle se construit toute la fortune du grand-père de Naïma m'a parue trop invraisemblable. Je ne suis pas contre un peu de fantastique, et dans ce sens, j'avais apprécié « Désorientale » de Négar Djavadi, où là aussi le fantastique est appelé à la rescousse pour (re)construire l'histoire familiale d'une exilée, en recherche de ses racines, réelles ou rêvées. J'ai deviné l'auteur mal à l'aise avec cette partie de l'histoire, comme si elle voulait rester objective, garder une certaine distance, pour peut-être ne pas heurter ou ne pas se laisser emporter par je ne sais quoi, un chagrin, une colère, … et cela ne m'a pas plu.

La deuxième partie, l'arrivée en France, est déjà un peu plus réussie. Plus libre, plus inspirée peut-être aussi. Zeniter respire enfin, comme si elle était soulagée d'un poids. Et j'ai beaucoup aimé le portait du père de Naïma, ce garçon qui, à onze ans, apprend à lire et à écrire, qui s'échappera de la cité d'HLM, tombera amoureux de Paris et épousera une Française.

Mais il faut attendre la troisième partie, pour retrouver la plume vivante de Zeniter. Avec des thèmes chers à tous les exilés du monde, la quête de l'identité, le poids des stéréotypes, le piège des statistiques, la difficulté d'appartenir à deux pays, deux communautés, … Et quelques belles réflexions sur la création et sa (f)utilité, la fragilité de l'oeuvre artistique face au temps et à l'argent.

Un petit Zeniter malgré tout ….
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