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Critique de BazaR


J'ai eu beaucoup de mal à atteindre la fin de ce livre, non pas parce que je l'aurais trouvé mauvais, bien au contraire, mais à cause de l'incroyable densité d'horreur et de malignité qu'il porte.

Chaque case met en scène le mépris de ceux qui ne sont pas américains, blancs, protestants et préférablement riches, renforcée par un dessin montrant des visages WASP gorgés de haine ou affichant un sourire cruel au moment de tuer une femme et son gosse. L'histoire des États-Unis est ici décrite sous les seuls angles de la haine, du désir d'écraser son prochain sous son talon – surtout si ce prochain n'est pas de la bonne couleur – de dominer ce monde et d'écraser sans pitié ceux qui osent résister. La façade de liberté, de démocratie, est absente, ne permettant aucune alternative d'interprétation. Chaque fois je suis ressorti essoufflé et dégouté des quelques pages que j'avais pu lire. La vérité présentée ainsi fait mal.

L'idéal américain avec lequel j'ai été élevé dans ma jeunesse se crashe en flammes. Eux qui nous protégeaient de la dictature annoncée de l'URSS n'avait donc qu'une idée en tête, instaurer leur propre dictature ? Les multiples exemples historiques présentés ici ne laissent pas la place au doute. Oh, je ne suis pas si naïf ; ne croyez pas que je découvre tout ceci. Mais dans cette bande dessinée de Zinn et Konopacki concentrent plus d'un siècle d'impérialisme en un nectar plus dissolvant que le plus pur des acides. Cela ne peut pas laisser indifférent.

Je me refuse malgré tout à céder à la haine de ce pays et à jeter le bébé avec l'eau du bain. le combat pacifique contre la monstruosité impérialiste est possible ; Zinn y participe d'ailleurs. Des victoires émaillent le récit, des droits gagnés par les femmes ou les « minorités ». le pays est en outre un producteur exubérant de Culture, souvent née en réaction de la tendance impérialiste, que je ne rejetterai pas : le Jazz, le Rock, Autant en emporte le vent, Star wars, Fondation, la conquête de la Lune, Voyager, etc., etc.

Et puis, regardons-nous dans une glace. La France a-t-elle agi autrement quand elle tenait les manettes du monde ? Ou l'Angleterre ? Ou l'Espagne ? Ou n'importe qui d'autre ? Faut-il laisser tomber à terre le manteau d'illusion et admettre que, quand on est le plus fort, on opprime mécaniquement ?
Probablement.

Ce récit indispensable n'en laissera pas moins un goût amer dans ma bouche. Je remercie carré dont la critique m'a incité à boire à cette coupe.

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