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Bon là c'est clair, si vous kiffez pour le rêve américain, «Une histoire populaire de l'Empire américain » va sérieusement refroidir vos ardeurs. 
En s'appuyant sur le remarquable travail de l'historien et politologue Howard Zinn, le roman graphique de Paul M. Buhl et du dessinateur Mike Konopacki rend parfaitement des atrocités, des mensonges, des manipulations menés par les différents locataires de la Maison Blanche et leurs conseillers. Ca fait froid dans le dos, et même partout ailleurs.
Bien évidemment on savait que la fière et grande Amérique, c'étant arrogé plus grande nation du monde, avait un paquet de cadavres dans les placards, l'enquête de Zinn le démontre en large et en travers. D'Amérique Centrale au Moyen-Orient, du massacre des indiens à la ségrégation raciale, des montagnes d'Afghanistan aux rizières du Vietnam, le beau modèle américain a fait couler le sang, torturant, assassinant, non pas au nom de la liberté mais à celui de ces intérêts.
L'ouvrage, nombreux documents à l'appui, nous dévoile un monstre impitoyable. Jouant double ou triple jeu pour arriver à son objectif.
C'est absolument révoltant, ignoble mais aussi terriblement passionnant. 5/5
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De manière totalement objective, je préfère nettement les démocraties aux régimes de type autoritaire ou dictatorial. Il est vrai que ma préférence serait vers le monde occidental plutôt que la Chine ou la Russie impérialiste. Maintenant, je sais qu'il est de bon ton de taper sur les américains pour dire qu'ils ne sont pas parfaits. Je me doutais quand même un peu de leurs graves erreurs commises dans le passé à commencer par l'utilisation de la bombe nucléaire sur le Japon par deux fois.

Cette BD historique va nous faire une démonstration à charge qui pourrait nous dégoûter des USA au point de préférer aller vivre en Corée du Nord ou en Iran. Mais bon, c'est très peu pour moi.

Le dessin sans fioriture n'est pas très folichon mais c'est souvent le cas dans ce type de BD documentaire, surtout quand il s'agit d'une retranscription du livre de Howard Zinn qui est professeur de science politique de l'université de Boston. L'idée est de privilégier le propos et non de nous abreuver de belles illustrations. Il n'y a pas d'effort particulier sur le dessin qui se contente du minimum tout en restant correct. Bref, on ne jugera pas cette oeuvre sur la forme. Un bon point cependant pour dire que la lecture a été assez fluide malgré ses 300 pages grâce à une narration efficace qui ne fera pas dans le bavardage inutile.

Je trouve que c'est toujours un exercice périlleux de changer l'Histoire qu'on nous enseigne généralement en milieu scolaire ou les émissions qui existent à la TV qui reprennent essentiellement ce qu'on nomme l'histoire officielle. Là, il est question de l'histoire populaire c'est-à-dire plus proche des gens qui ont subi les événements. Cette histoire dénonce souvent les exactions des plus puissants.

Il est vrai que c'est grâce à la puissance qu'on nous impose une certaine version de l'Histoire qui ne correspond pas parfois à la réalité. L'auteur a fait des recherches assez poussés pour pouvoir nous décrire cette version plus proche du peuple que des dirigeants. C'est toujours intéressant de voir une lecture différente afin de prendre conscience qu'il y a d'autres options possibles ce qui peut alimenter le débat.

Evidemment, le ton demeure assez partisan. C'est vrai que les indiens ont été massacré par les américains et qu'ils ont volé le territoire aux différentes tributs qui vivaient là pacifiquement. Cependant, il faut savoir que depuis 1492 et la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.

Or, actuellement, il y a 57 pays qui se sont installés sur le continent américain. On sait que les massacres ont duré 4 siècles et qu'ils ont été surtout le fait des espagnols et des portugais. Or, j'ai l'impression qu'on a un peu oublié que ces deux états européens ont pourtant été le fer de lance du massacre de toutes les populations indiennes de ce continent. C'est cela qu'on appelle la relativisation.

Oui, en effet le massacre ignoble de Wounded Knee en 1890 a fait près de 250 morts parmi la tribu Lakota qui a été tués par l'armée des États-Unis. Il faut savoir également que des millions d'indiens ont péri en Amérique du Sud et centrale du fait des maladies apportées par les européens.

Si on se focalise tellement sur les Etats-Unis, c'est sans doute parce que c'est une démocratie qui porte des valeurs à travers le monde en étant la Première Puissance Mondiale à l'heure actuelle depuis près d'un siècle. Il est vrai que la Chine communiste désire lui ravir cette place mais je doute que le modèle chinois soit conforme à mes valeurs de liberté.

Maintenant, comme dit, on pourrait multiplier cet exemple avec tous les Etats de la Planète qui ont sans doute un passé peu glorieux ou des choses à cacher. Je pense par exemple aux événements en Algérie qui rappelle le vocable « opération spéciale » en Ukraine pour ne pas parler de guerre.

On va ainsi découvrir le côté sombre de la politique intérieure et extérieure des Etats-Unis. C'est tout un programme composé notamment du génocide indien ainsi que de l'exploitation de la classe ouvrière. On n'oubliera pas la ségrégation raciale avec les noirs ainsi que les magouilles politico-financières.

Et puis, il y a ce colonialisme déguisé sous forme d'interventionnisme et de soutien aux dictatures opposés au communisme. Rien ne sera pardonné aux dirigeants américains ou aux grands industriels qui ont tenté de faire des avancées. Oui, le regard de l'auteur sera particulièrement critique mais il y a de quoi.

Je craignais tout de même un anti-américanisme primaire qui a d'ailleurs actuellement beaucoup de succès de ce côté-ci de l'Atlantique. Fort heureusement, il n'en n'est rien grâce à une pensée intelligente, réfléchie qui se base sur des faits concrets et facilement vérifiables.

Par ailleurs, il y a cet optimisme dans une capacité de changement qui fait du bien et qui donne une forme d'indication pour tout nouveau dirigeant voulant relever le challenge. Dans une démocratie, il faut savoir laisser exprimer des opinions contraires qui ne se laisseront pas bercer par le consensualisme de masse. On peut penser le monde différemment.

Au final, c'est un ouvrage assez instructif car portant des événements historiques connus et d'autres moins connus qui doivent retenir également l'attention. Pour tout dire, je l'ai même acheté car il a sa place dans une bibliothèque composée de diverses bandes dessinées.

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À une certaine époque, j'ai pensé que plus rien ne pouvait me choquer, que j'en avais assez vu pour ne plus m'étonner des horreurs présentes et passées. Heureusement, c'est loin d'être le cas. Je dis cela dans le sens que je ne suis pas devenue insensible et indifférente.

Cette bande dessinée est l'adaptation du livre d'Howard Zinn « Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours ». À plusieurs reprises, j'ai eu le souffle coupé comme si je m'étais prise un coup de poing dans l'estomac.

Je connaissais déjà pas mal de choses, mais j'en ai appris davantage sur plusieurs épisodes comme les enjeux de la révolution cubaine ou ce qu'il s'est passé aux Philippines.

J'ai découvert avec stupeur le massacre de Ludlow, l'existence du camp Fuston (pour les objecteurs de conscience lors de la 1ère Guerre Mondiale) et le massacre d'El Mozote (lié à la révolution sandiniste).

Les États-Unis sont-ils vraiment une démocratie ? Je me suis souvent posée cette question.

Côté illustrations, c'était sobre et efficace.

Nul n'est censé ignorer la loi, je dirai même plus : nul n'est censé ignorer l'Histoire.


Challenge livre historique 2019
Challenge bande dessinée 2019
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Ah, l'Amérique ! Pays de la démocratie et de la liberté, véritable eldorado où tout devient possible pour n'importe qui, puissance mondiale inégalable dictant sa loi sur tous les continents... Il se prend une sacrée claque, le pays de l'oncle Sam, dans cet ouvrage adapté du best-seller de l'historien et politologue américain Howard Zinn intitulé « Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours ». Un ouvrage devenu culte aux États-Unis et dans lequel l'auteur analyse les grandes lignes de la politique expansionniste menée par son pays depuis le XIXe siècle, sans ne rien omettre ou édulcorer. Et le résultat fait froid dans le dos !

Certes, on savait que l'Amérique a toujours utilisé des prétextes fallacieux pour justifier une intervention militaire à l'étranger, que tous les bénéfices de ces interventions se retrouvaient toujours dans les poches de la même petite élite, que des atrocités ont été commises à l'encontre des noirs sur et hors du territoire..., mais les événements relatés dans cet ouvrage dépasse en horreur et en cynisme tout ce que j'aurais jamais pu imaginer. Impossible de ne pas être saisi tout au long de la lecture, non seulement par ce que nous raconte Howard Zinn mais aussi par les illustrations de Mike Konopacki qui agrémentent le discours de l'historien. Des illustrations prenant tour à tour la forme de dessins, de photographies, de coupures de journaux, d'affiches de propagande, de caricatures de l'époque... Certaines prêtent à sourire, comme cette illustration montrant dos à dos deux balourds figurant les États-Unis et l'Angleterre se frottant leur énorme ventre en forme de globe terrestre. D'autres, en revanche, sont à pleurer : enfants vietnamiens errants nus dans les rues et brûles au napalm, cadavres de femmes et d'enfants entassés dans une fosse aux Philippines, prisonniers torturés par des GI américain, noirs lynchés et pendus aux réverbères des rues... Il est beau, le pays de la liberté ! L'ouvrage permet ainsi de se faire une bonne idée du rôle central joué par les médias dans la plupart des grands événements du XXe siècle et qui, tour à tour, manipulent l'opinion publique en fonction des objectifs visés par le gouvernement, ou au contraire dénoncent et publient des rapports secrets mettant en cause la CIA ou, bien souvent, le président lui-même (président qui ne sera, vous vous en doutez, jamais inquiété).

L'ouvrage est extrêmement dense et aborde quantité de sujets, mais toujours de façon claire et en donnant pour une fois la parole aux acteurs les plus modestes de l'Histoire. Tout au long de ces trois cent pages, le lecteur est abreuvé d'informations concernant aussi bien la politique extérieure menée par les États-Unis que par les événements qui se déroulèrent sur son propre territoire au cours de ces deux siècles. L'auteur revient ainsi sur le massacre de Wounded Knee et l'extermination des Indiens, mais aussi sur les horribles conditions de travail des ouvriers au moment de l'industrialisation, le rôle des syndicats, les grèves successives qui secouèrent le pays et la façon dont elles furent réprimées... Voici, à titre d'exemple, un extrait d'une revue syndicale écrit juste après la destruction d'un navire de guerre américain ayant entraîné la mort de centaine de soldats et qui montre bien à quel prix que on estimait alors la vie d'un ouvrier ordinaire : « Le Journal se joint à la tristesse général pour la perte du Maine et regrette que tant de vies aient été perdues avec le navire. Et tandis qu'il exprime de la tristesse, il exprime aussi l'espoir que le jour n'est pas trop loin où il sera généralement considéré que perdre la vie dans l'industrie de la production ou de la distribution est tout aussi noble et héroïque que de la perdre par accident à bord d'un vaisseau de guerre.Que perdre la vie noyé comme un rat dans une mine n'est pas moins grave que d'être noyé comme un rat dans la cale d'un cuirassé. (…) Que mourir déchiqueté par une torpille ne créé pas plus de chagrin dans la famille du malheureux que mourir déchiqueté par l'explosion d'une chaudière. Que l'un ne soit plus le héros d'une apothéose tandis que l'autre s'en va dans l'Éternité sans hymne ni honneur. »

L'ouvrage nous donne également un aperçu de la lutte que durent mener les femmes pour avoir accès au droit de vote, ou encore les noirs pour que soit aboli l'inique régime de la ségrégation raciale. Un combat auquel Howard Zinn participa lui-même tout au long de sa vie sur laquelle on en apprend également beaucoup. En parallèle de l'histoire de son pays, l'historien revient également sur son propre parcours et sur les événements décisifs qui l'amenèrent à embrasser la lutte pour le pacifisme et le mouvement des droits civiques. C'est l'occasion pour le lecteur de découvrir ce que pouvait être la vie d'une famille pauvre des années 1930, mais aussi d'en apprendre plus sur certaines opérations menées pendant la Seconde Guerre mondiale, à laquelle l'auteur participa en tant que bombardier. Saviez-vous, par exemple, qu'à la toute fin de la guerre, les États-Unis décidèrent de tester une de leur nouvelle trouvaille en matière d'armement, le napalm, sur la ville de Royan, tuant ainsi des centaines de civils ? La bande dessinée revient également longuement sur les mouvements anti-guerre qui se manifestèrent tout au long du XXe siècle, pendant les deux guerres mondiales, d'abord, puis au moment du conflit au Vietnam, en Irak... Là encore ce que l'on apprend est atterrant : espionnage, adoption de mesures de plus en plus liberticides, véritables camps de concentration créés soit pour les Japonnais résidant dans le pays après Pearl Harbor, soit pour les opposants à la guerre à l'image du syndicaliste Eugène Debs qui restera trois ans en prison pour avoir prononcé un discours anti-guerre.

Enfin, on en apprend évidemment énormément sur la politique étrangère des États-Unis qu'Howard Zinn résume en ces termes : « Les dirigeants américains apprirent vite que les troubles et l'agitation sociale à l'intérieur du pays peuvent se soigner par une guerre à l'étranger. » La première intervention militaire américaine à lieu à Cuba dans les années 1890 et se solde par le remplacement des colons espagnols sur le territoire par les colons américains. Suivent ensuite un nombre incalculables d'opérations militaires partout dans le monde pour « préserver les intérêts des Américains et de leurs alliés ». Au moment de la Seconde guerre mondiale c'est l'attaque de Pearl Harbor qui sert de prétexte à l'entrée en guerre contre le Japon, au Vietnam c'est la peur que se réalise « la théorie des dominos » (si un pays devient communiste, il contaminera les autres), pour l'Irak, ce sera la présence d'armes de destruction massive... Tout est bon pour justifier auprès de l'opinion publique une intervention américaine, toujours, bien évidemment, dans l'intérêt des habitants du pays envahi. Et qu'importe si pour cela il faut soutenir des régimes fascistes, fomenter des coups d'état pour destituer des chefs d'état élus démocratiquement par leur peuple, ou encore armer des islamistes et s'en servir comme barrière à l'expansion soviétique. A la question d'un journaliste français voulant savoir s'il regrettait d'avoir armé en entraîné des islamistes radicaux qui ensuite devinrent les talibans afghans et le groupe terroriste al Quaida, le conseiller américain à la sécurité nationale répond en 1998 : « Qu'est ce qui était le plus important au regard de l'histoire mondiale ? Les Talibans ou la chute de l'empire soviétique ? Quelques musulmans turbulents, ou la libération de l'Europe centrale ? » On voit aujourd'hui les résultats de la politique américaine et ce dont sont capables ces « musulmans turbulents »...

La critique est longue, je m'en excuse, mais l'ouvrage est tellement dense et tellement passionnant qu'on aurait envie d'en parler pendant des heures. Je laisse le mot de la fin à Howard Zinn qui, après toutes les atrocités dont il vient de parler, nous encourage malgré tout par ces quelques mots d'espoir : « Il y a une tendance à penser que ce que nous voyons dans le présent va continuer. Nous oublions combien de fois nous avons été étonnés par l'effondrement soudain d'institutions, par des changements extraordinaires dans la pensée des gens, par des déclenchements inattendus de rébellions contre les tyrannies, par l'écroulement rapide de systèmes de pouvoir qui semblaient invincibles. Avoir de l'espoir dans les mauvaises périodes n'est pas juste bêtement romantique. C'est fondé sur le fait que l'histoire humaine n'est pas seulement une histoire de cruauté, mais aussi de compassion, de sacrifice, de courage et de bienveillance. »
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J'ai eu beaucoup de mal à atteindre la fin de ce livre, non pas parce que je l'aurais trouvé mauvais, bien au contraire, mais à cause de l'incroyable densité d'horreur et de malignité qu'il porte.

Chaque case met en scène le mépris de ceux qui ne sont pas américains, blancs, protestants et préférablement riches, renforcée par un dessin montrant des visages WASP gorgés de haine ou affichant un sourire cruel au moment de tuer une femme et son gosse. L'histoire des États-Unis est ici décrite sous les seuls angles de la haine, du désir d'écraser son prochain sous son talon – surtout si ce prochain n'est pas de la bonne couleur – de dominer ce monde et d'écraser sans pitié ceux qui osent résister. La façade de liberté, de démocratie, est absente, ne permettant aucune alternative d'interprétation. Chaque fois je suis ressorti essoufflé et dégouté des quelques pages que j'avais pu lire. La vérité présentée ainsi fait mal.

L'idéal américain avec lequel j'ai été élevé dans ma jeunesse se crashe en flammes. Eux qui nous protégeaient de la dictature annoncée de l'URSS n'avait donc qu'une idée en tête, instaurer leur propre dictature ? Les multiples exemples historiques présentés ici ne laissent pas la place au doute. Oh, je ne suis pas si naïf ; ne croyez pas que je découvre tout ceci. Mais dans cette bande dessinée de Zinn et Konopacki concentrent plus d'un siècle d'impérialisme en un nectar plus dissolvant que le plus pur des acides. Cela ne peut pas laisser indifférent.

Je me refuse malgré tout à céder à la haine de ce pays et à jeter le bébé avec l'eau du bain. le combat pacifique contre la monstruosité impérialiste est possible ; Zinn y participe d'ailleurs. Des victoires émaillent le récit, des droits gagnés par les femmes ou les « minorités ». le pays est en outre un producteur exubérant de Culture, souvent née en réaction de la tendance impérialiste, que je ne rejetterai pas : le Jazz, le Rock, Autant en emporte le vent, Star wars, Fondation, la conquête de la Lune, Voyager, etc., etc.

Et puis, regardons-nous dans une glace. La France a-t-elle agi autrement quand elle tenait les manettes du monde ? Ou l'Angleterre ? Ou l'Espagne ? Ou n'importe qui d'autre ? Faut-il laisser tomber à terre le manteau d'illusion et admettre que, quand on est le plus fort, on opprime mécaniquement ?
Probablement.

Ce récit indispensable n'en laissera pas moins un goût amer dans ma bouche. Je remercie carré dont la critique m'a incité à boire à cette coupe.

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Voici une tranche d'Histoire contemporaine Américaine redoutable. Elle couvre une période allant du milieu du XIXème siècle jusqu'aux combats actuels contre l'intégrisme de l'Islam.

Comment une élite blanche Européenne, bien campée dans le Nouveau Monde a-t-elle réussi à donner une cadence nouvelle à la Planète toute entière pendant le XXème siècle ? C'est très simple. Tout est réglé au cordeau. Et, c'est ce que nous conte Zinn de manière cinglante.

Comme on le sait, ce fut les Indiens, les premiers, à subir l'expansionnisme outrageux sur cette partie du continent Nord Américain. Puis, avec l'industrialisation rapide des États-Unis, celui qui osait gêner une économie bien huilée était durement réprimé. Ce fut le cas dans les mines ou le chemin de fer, où les morts se sont comptés par milliers.

De plus, comme on n'est jamais satisfait de ce que l'on possède, on en redemande encore. Et là, avec l'avènement du XXème siècle, la machine à gagner de l'argent s'est emballée encore davantage. Des gouvernements, sous la coupe de riches Hommes d'Affaires, ont dû aller batailler en dehors des frontières pour maintenir leur approvisionnement en matières premières, sans penser l'once d'une seconde aux terribles troubles sociaux locaux pouvant s'en suivre. Des dictateurs à la botte des U.S.A. s'étaient installés (à l'exemple du Shah d'Iran). Mais, l'essentiel était sauvé au pays de l'Oncle Sam.

Howard Zinn donne de nombreux détails sur les milliers de morts qui se sont égrenés, ici au Nicaragua, là aux Philippines, et dans bien d'autres lieux du monde.

Par ailleurs, sur nos deux Grandes Guerres Mondiales, les industriels U.S.de l'armement se sont frottés, aussi, les mains. Ce sont des Milliards et des Milliards qui sont entrés dans les caisses des grosses entreprises Outre-Atlantique.

Et notre auteur n'oublie pas non plus d'évoquer cette guerre indirecte, insidieuse, sournoise contre la méchante, la cruelle, la diablesse Union Soviétique. Que de couleuvres, on a fait avaler aux gentils pays occidentaux.

Voilà, juste pour dire que l'on a du mal à sortir des sables mouvants de cet album, servi par des superbes dessins et photos.
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Ce projet d'adaptation en bande-dessinée du célèbre ouvrage de Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, est porté par un trio explosif : Paul Buhle pour l'initiative du projet, Howard Zinn pour le contenu et Mike Konopacki pour le dessin et le script. Édité dans sa version française par Vertige Graphic deux ans après sa publication originale (2007), cette bande-dessinée propose un regard certes militant mais également accablant sur la construction de l'empire américain de la fin des années 1890 à nos jours. Nourissant les prétextes à l'expansion de leur impérialisme économique et militaire par des discours ultra-patriotiques, les gouvernements américains successifs ainsi que le confie Howard Zinn, ont souvent pris des décisions politiques méprisant le respect de l'humanité. de guerre en guerre, les États-Unis ont réussi a imposer l'image du bon samaritain mais l'analyse présentée par Howard Zinn contredit violemment cette idée et expose une réalité bien décevante par rapport à la réalité : cela commence avec le massacre des indiens de Wounded Knee puis les répressions brutales des revendications sociales et syndicales, la Guerre hispano-américaine de 1898 pour la prétendue libération de Cuba, l'invasion des Philippines, les intérêts économiques faramineux liés à l'intervention dans la Première guerre mondiale, ceux de la Seconde guerre mondiale, l'enjeu idéologique de la guerre froide qui devait entraîner bien d'autres conflits comme la Révolution sandiniste au Nicaragua ou le scandale de l'Irangate au Moyen Orient. La liste est longue. Autant de conflits sanglants et de machinations politiques, symbole d'une "terre qui immole ses enfants" en les envoyant défendre le pays dans des contrées lointaines alors que sévissent sur son sol injustices sociales, ségrégation, misère et révoltes... Mais la Guerre du Vietnam a marqué un tournant décisif auprès de l'opinion publique et cette histoire de l'impérialisme américain "vient bousculer de manière salutaire les versions officielles et consensuelles, et souffle un vent d'optimiste de liberté d'expression retrouvée."

Pour être exact, Une histoire populaire de l'empire américain n'est pas tout à fait une fidèle adaptation de l'étude d'Howard Zinn : on y retrouve bien évidemment le ton engagé de l'historien américain et quelques thèmes communs aux deux ouvrages mais d'après moi, la bande-dessinée focalise clairement sur l'histoire politique liée à la construction de l'empire américain contrairement à Une histoire populaire des États-Unis qui étudie plutôt l'histoire sociale du pays par l'intermédiaire des "voix oubliées". Ces deux dimensions étant irrémédiablement imbriquées, on reconnaîtra facilement le lien entre les deux livres. La BD se distingue cependant dans son approche narrative : l'historien mis en scène dans la bande-dessinée lors d'une conférence contre la guerre en Irak, nous y parait plus proche, plus accessible. le récit de son enfance, de ses relations, de ses rencontres et de ses choix, éléments qu'on retrouve peu dans son étude mais qui sont ici narrés, facilitent l'appropriation du récit par le lecteur. Alors que l'étude très érudite et fourmillant de centaines de références peut s'avérer assez inaccessible, la bande-dessinée se veut elle, grand public. Pari réussi au regard de l'immense succès rencontré par L Histoire populaire de l'empire américain dont la présente édition est aujourd'hui épuisée. D'ailleurs, nous tenons avec ce titre un bel exemple de projet éditorial intelligement mené : les éditions Vertige Graphic, qui en plus de proposer un bel objet avec à l'appui images d'archives, cartes, caricatures, coupures de journaux, affiches de propagande..., se sont attachées à la dimension pédagogique du discours. Profitant du décalage temporel entre l'édition américaine et l'édition française, Vertige Graphic a enrichi son édition par des encarts informatifs intitulés "infozinn" qui idée intéressante, apportent compléments d'actualité et anecdotes pertinents.

Quant au contenu à proprement parler, nul doute qu'il saura toucher et sensibiliser tout lecteur curieux : ainsi que l'annonce Howard Zinn au début de son discours "C'est vrai, nous avons libéré l'Afghanistan du régime Taliban, mais pas de nous ! C'est vrai, nous avons libéré l'Irak de Saddam Hussein, mais pas de nous ! Tout comme en 1898, nous avons libéré Cuba de l'oppression espagnole, mais pas de nous !" (p.19). Retraçant l'histoire des conflits armés menés par les USA depuis le massacre de Wounded de 1890, l'historien souligne que : "Nous pouvons tous éprouver une abominable colère contre ceux qui, selon l'idée démente que cela aiderait leur cause, ont tué des milliers de personnes innocentes. Mais que faisons-nous de cette colère ? Devons-nous réagir avec panique, frapper violemment et de façon aveugle juste pour montrer à quel point nous sommes durs ?" (p.13 du prologue). Tel un coup d'électrochoc en faveur de la prise de conscience de la population américaine, Howard Zinn, chose très appréciable, parle à la première personne du pluriel. A l'inverse du concept du "ils ont perdu , on a gagné", Howard Zinn revendique sa citoyenneté américaine et en appelle au bon sens du peuple américain. On pourra certainement trouver le discours trop militant ou trop moralisateur. le problème reste que si la prise de conscience et la contestation se font en silence, seules les personnes déjà convaincues s'intéresseront à ces questions. C'est donc à coups de trompettes et à grands cris que le combat défendu par l'historien à travers celui de Black Elk, Eugene Victor Debs, Emma Goldman, Martin Luther King, Daniel Ellsberg, Augustino Sandino et bien d'autres doit être relayé. Comme vous l'aurez compris, cette bande-dessinée m'a emballé. Lisez-la donc pour vous faire votre propre idée !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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La bande dessinée est un genre mineur. Je pouffe.
La bande dessinée détend. Euh… Pas toujours.
La bande dessinée flirte parfois (la coquine) avec l'histoire et le militantisme. Elle condense alors (en plus de 200 pages tout de même) un récit qui déborde la simple adaptation d'un ouvrage d'historien. Parce qu'elle possède un atout. Lequel?… L'art graphique! … Etonnant, non?

Donc, cette histoire populaire de l'empire américain s'appuie sur l'ouvrage éponyme d'Howard Zinn (Béni soit cet homme qui a rempli la lettre Z de mon challenge ABC et qui a apaisé ma crise anti-capitaliste démarrée avec la lecture de Gains). En 12 chapitres (comme les 12 apôtres ou les 12 salopards), Paul Buhle et Mike Konopacki mettent en scène l'historien Zinn himself, professeur émérite du département de sciences politiques de l'Université de Boston, excusez du peu. Lequel Zinn donne une conférence.
Dans une véritable débauche pour l'oeil et le neurone, le dessin presque naïf s'efface devant des photos d'archives, alterne avec des affiches, laisse la place à des illustrations proches de la peinture, souligne d'anciennes caricatures… de nombreux procédés pour bon nombre d'injustices dénoncées. Car une fois n'est pas coutume: le projecteur éclaire les minorités.
12 chapitres inspirés pour balayer sous les jupes de la statue de la liberté. Les indiens (of course), les mineurs, les noirs partis en guerre, les philippins aux Philippines, le Viet-Nam et son napalm, les Iraniens en Iran… Il y en a des miettes cachées sous le jupon.

D'aucuns ricaneront doublement (oui oui je les vois): une bande dessinée et une vision subjective. Et on vient nous causer d'histoire! Il faudrait être sérieux!
A ces fâcheux, je répondrai que toute narration est subjective (et toc!). Que raconter des faits c'est opérer un choix a priori (re-toc!). le choix porte ici sur les victimes collatérales d'intérêts dits supérieurs; ce qui me plaît. Me réjouit. M'enchante. Et n'en déplaise aux amateurs de l'image d'Epinal (ville qui n'existe pas aux States) ou de l'histoire officielle, cette bande dessinée est tout aussi sérieuse que documentée.

Le non académisme de cette lecture de l'histoire des Etats-Unis tient à son humanisme et à son pacifisme clairement affiché. Son originalité tient à son message: pour Howard Zinn, seuls les mouvements collectifs peuvent infléchir les choix de l'impérialisme.
Autrement dit (en choeur): Tous, tous, tous, tous ensemble, tous ensemble…
Nous le savons. Mais une piqûre de rappel, en cette époque de… vaccin anti-grippal (ouf! un truc neutre), est bénéfique. Un rafraîchissement de la zone mémoire est salutaire. J'attends qu'un historien hexagonal (pas BHL pitié, surtout pas lui!) nous concocte un condensé des joyeusetés de nos gouvernements successifs. du XIX° siècle à nos jours. On comptera nos morts, nos opprimés, nos manipulations et malversations pour du pétrole, du fer, du zinc, de l'uranium, du gaz, Total, etc.

Préparez les banderoles! L'humanité a du pain sur la planche. On y croit!
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La prof de piano de mon fils doit me prêter depuis ... je ne compte plus (!) ... l'ouvrage d'Howard Zinn, "Une histoire populaire des Etats-Unis", depuis emprunté par un autre biais (!).
Le présent ouvrage en est une adaptation en bande dessinée. La préface est éclairante sur la volonté des auteurs, tout autant que sur le travail de Zinn lui-même.
Ainsi, le travail de Mike Konopacki, Paul Buhle et Dave Wagner n'a pas la prétention de reprendre l'intégralité de l'ouvrage de Zinn, d'où également le changement de titre. Par ailleurs, le script intègre le personnage de Zinn lui-même, qui devient un narrateur, en reprenant des éléments de "L'impossible Neutralité", autobiographie de l'historien.
On peut critiquer l'engagement évident de Zinn, ses prises de position sur nombre d'événements historiques qu'il décrit, relate, décortique et sur la lecture qu'il fait de la place des États-Unis dans la marche du monde. Parler de "bonne marche" du monde serait ici inapproprié, tant l'auteur vient démonter le mythe américain pour se pencher tout au contraire sur l'impérialisme US et la façon dont cette grande démocratie, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, a renié nombre de ses principes fondateurs.
Les auteurs de la BD elle-même ont fait un énorme travail d'adaptation, de mise en rythme de cette histoire afin de coller au support et au format choisi. Avec l'utilisation judicieuse d'images d'archive, de coupures de presse pour venir étayer le discours, venir en appui du dessin, pour l'introduire ou pour le prolonger. Se tissent ainsi des ponts avec le réel. Un réel que j'ai parfois découvert, puisqu'au-delà d'épisodes parfois très connus, cette somme apporte aussi un éclairage sur des épisodes plus anecdotiques ou plus exactement beaucoup moins médiatisés de l'histoire du XXème siècle.
Autant de bonnes raisons qui font de ce travail un "must", quand bien même le fond serait au service d'une vision particulière de l'Histoire. Mais après tout, c'est bien le rôle de l'historien que de proposer des clés d'interprétation du passé pour comprendre le présent.
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Clair, fouillé, éclairant... lu d'une traite. A rendre obligatoire dans les programmes d'histoire français ? Déniché dans mon CDI, alors que je re-cotais les BD. A faire lire d'urgence pour un peu mieux comprendre le monde qui nous entoure et pourquoi nous en sommes là.
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