Howard Zinn Un mouvement pour la Paix (2009)
Dernier discours enregistré de l'historien et activiste Howard Zinn, où il aborde le sujet de la guerre, et la nécessité de l'abolir !
Lorsque le président Bush bombarda l'Irak en 1991 sous prétexte de faire cesser l'occupation du Koweit par les Irakiens, un groupe d'Indiens de l'Oregon fit circuler une lettre ouverte, aussi amère qu'ironique : "Cher président Bush. Pourriez-vous nous aider à libérer notre petite nation occupée ? Une force étrangère occupe nos terres pour s'emparer de nos formidables ressources naturelles. Ces étrangers ont menti et mené contre nous une guerre bactériologique, tuant des milliers de vieillards, d'enfants et de femmes. Après avoir envahi notre pays, ils ont renversé les chefs et les autorités de nos gouvernements et les ont remplacés par leur propre système de gouvernement qui aujourd'hui encore contrôle notre mode de vie de bien des manières. Selon vos propres termes, l'occupation et le renversement d'une petite nation (...) est une occupation de trop. Sincèrement vôtre. Un Indien d'Amérique."
« Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs… »
Historiquement, les choses les plus terribles, guerres, génocides et esclavages, ne sont pas issues de la désobéissance, mais de l'obéissance.
La récompense de notre participation à un mouvement en faveur de davantage de justice sociale n’est pas la perspective d’une victoire future. C’est le bonheur de se révolter avec d’autres ; de prendre des risques ensemble ; de se réjouir des petits triomphes et de supporter les revers décourageants certes, mais ensemble.
La désobéissance civile n'est pas notre problème. Notre problème est l'obéissance civile. Les gens obéissent aux diktats de leurs dirigeants [...] et ils oublient la pauvreté, la faim, la guerre et la cruauté. Et pendant qu'on obéit, nos prisons sont pleines de petits voleurs alors que les vrais bandits sont à la tête du pays. L'obéissance est notre problème.
• cité par l'Hexatrône (qui se définit comme 'le rire triomphant des perdants')
C'est vrai, l'homme blanc a apporté de grands progrès. Mais si les fruits de sa civilisation brillent de milles feux et sont terriblement désirables, ils n'en sont pas moins empoisonnés et mortels. Et si le rôle d'une civilisation est de mutiler, voler et s'opposer à autrui, alors où est le progrès ? Laissez-moi penser que l'homme assis sur le sol de son tipi, méditant sur la vie, acceptant la nature de toute chose et assumant son unité avec l'univers, incorporait en lui la véritable essence de la civilisation.
Mettre l'accent sur l'héroïsme de Christophe Colomb et de ses successeurs en tant que navigateurs et découvreurs, en évoquant en passant le génocide qu'ils ont perpétré, n'est pas une nécessité technique mais bien un choix idéologique. Et ce choix sert -involontairement- à justifier ce qui a été fait.
Aux alentours de 1750, alors que près de 90% de la population blanche masculine était alphabétisée, 40% seulement des femmes savaient lire et écrire. Les femmes des classes laborieuses avaient peu de moyens de s'exprimer et encore moins de transmettre par écrit les sentiments de révolte qu'elles pouvaient éprouver devant cette sujétion.
Ce dont la femme a besoin, ce n'est pas d'agir et diriger en tant que femme, mais de s'épanouir en tant qu'être vivant, de raisonner en tant qu'intelligence et, en tant qu'esprit, de vivre librement et sans entraves.
On estime qu'environ cinquante millions d'africains furent les victimes- mortes ou vivantes- de l'esclavage pendant ces quelques siècles que nous considérons comme les origines de notre civilisation occidentale moderne....