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Critique de BazaR


En sélectionnant ce bouquin lors du Masse Critique Babélio de février – un grand merci à eux et aux éditions Belin en passant – je me demandais comment l'auteur Mario Zito allait pouvoir tenir plus de deux cents pages sur le seul sujet des supernovas.
Ben quoi, quand on a lu Cosmos de Carl Sagan et Patience dans l'Azur de Hubert Reeves, on sait à peu près qu'il s'agit de la fin de vie apocalyptique d'étoiles très massives qui laissent derrière elles de très beaux rémanents (allez voir par exemple la splendide nébuleuse du Crabe ici https://fr.wikipedia.org/wiki/SN_1054) et une « minuscule » étoile à neutrons qui parfois tournent comme des toupies et larguent des jets électromagnétiques (on les appellent alors aussi pulsars). On sait aussi que c'est grâce à elles que les éléments chimiques lourds sont fabriqués. Que peut-on raconter de plus ?

Les premiers chapitres m'ont conforté dans l'idée que je n'allais pas apprendre grand-chose de neuf et plutôt suivre un rafraichissement de mémoire.
Qu'est-ce que je peux être imbu de moi-même parfois. Car ensuite j'ai été totalement détrompé. de l'eau a coulé sous les ponts de la connaissance depuis les années 1980. L'astrophysique a sacrément progressé, en très grande partie grâce aux appareils de mesure de plus en plus divers et précis. Ces appareillages sont parfois aussi impressionnants que leur sujet d'étude ; je pense en particulier au détecteur souterrain de neutrinos Super-Kamiokande japonais, cuve de 41m de hauteur et 39m de diamètre, remplie d'eau ultra-pure et tapissée de 11146 photomultiplicateurs (une image ici : https://phys.org/news/2016-11-super-kamiokande-detector-awaits-neutrinos-supernova.html). Je ne rentrerai pas dans le détail de toutes ces nouvelles connaissances – ce serait trop long. Sachez au moins que la découverte directe des ondes gravitationnelles en 2017 était associé à l'observation au même endroit du ciel d'un sursaut de rayons gamma et plus tard d'un flash lumineux situé dans une galaxie éloignée de la nôtre de 130 millions d'années-lumière. Non, il ne s'agit pas de l'explosion de l'Étoile Noire de Star Wars mais de la fusion de deux étoiles à neutrons donnant naissance à un certain type de supernova.

Mario Zito a choisi – ou peut-être était-ce l'exercice imposé de la collection Science à Plumes – une présentation orientée histoire des sciences. le mot « histoire » est ici fondamental, car c'est bien l'histoire des acteurs de la recherche tout au long des siècles qui nous est présentée, au moins autant que l'histoire de la vie des étoiles. Vous vous doutez qu'il y a de nombreux acteurs, donc l'auteur n'a pas le temps d'entrer dans les détails, mais il parvient souvent à glisser une petite caractéristique qui nous permet de « tagger » le personnage. Ainsi on apprend que Fritz Zwicky – un astrophysicien américano-suisse qui a eu un rôle capital dans la compréhension des supernovas au siècle dernier – était particulièrement imbu de lui-même (tiens ! on est deux) et que le physicien russe Lev Landau a été emprisonné pour activités antisoviétiques à l'époque des purges staliniennes et ne dut la vie sauve qu'à la mobilisation internationale de scientifiques influents.
Bien sûr, l'histoire commence par la recherche de documents historiques qui dès l'antiquité ont conservé la trace d'observations d'étoiles surbrillantes apparues d'on ne sait où. A ce titre, j'ai appris que les archives chinoises remontent sur deux milles ans ! Moi ça me fait tomber de ma chaise un tel truc. Les témoignages européens commencent réellement après la Renaissance, avec les supernovas de Tycho Brahé (1572) et Johannes Képler (1604). On a même un témoignage médiéval écrit peu après l'an mille par un moine en Suisse.

Importante question : ce livre est-il abordable par un lecteur qui ne possèderait pas de prérequis ? La collection dans laquelle il s'inscrit le prétend. Possédant des prérequis, j'ai pu suivre les explications fournies mais cela a requis tout de même une concentration certaine. Un autre lecteur abonné de Babélio assure de son côté qu'il a été largué. Il semble donc que, malgré ses efforts, Mario Zito échoue à vulgariser tout à fait son récit scientifique. Il est pourtant évident qu'il a essayé.

Enfin, je signalerais la présence d'un certain nombre de coquilles agaçantes à partir de la deuxième partie du bouquin, dont une au moins est impérativement à corriger : page 133, on parle d'une « vitesse de 1 .7 10^8 km/s, soit la moitié de la vitesse de la lumière ». Je pense qu'on voulait écrire 1.7 10^5 km/s ou 1.7 10^8 m/s.

Je sors donc ravi par ce livre qui combine, au moins pour moi, Histoire et Sciences avec beaucoup de passion. Je pense aller regarder du côté du reste de la collection Science à Plumes un de ces jours.
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