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Critique de cmpf


Où Octave triomphe. Il est, grâce à son mariage avec la patronne devenue veuve, et qui meurt opportunément à son tour, le grand maitre de ce magasin, qu'il va transformer selon de toutes nouvelles méthodes.
On y voit en effet apparaîtrent
- la lumière grâce à de grandes ouvertures et les vitrines, auparavant petites et sombres,
- la diversification,
- la publicité,
- la vente par correspondance,
- l'objet d'appel,
- Etc.

Son audace séduit un banquier qui lui prêtera l'argent nécessaire aux plus gros agrandissements. Mais si ces grands magasins prospèrent, c'est en ruinant les petits commerces. Comme le Vieil Elbeuf situé en face ou celui de Bourras, marchand de cannes et parapluies qui préfère la ruine à toutes les propositions de rachat d'Octave. Et son pouvoir s'étend de rue en rue, D'autant que l'idée est dans l'air du temps et que d'autres grands magasins ont envahi les quartiers avoisinants.
C'est dans cette atmosphère que Denise, petite provinciale orpheline, arrive à Paris avec ses deux jeunes frères pour travailler dans le magasin de son oncle Baudu, propriétaire du Vieil Elbeuf qu'il entend transmettre à son commis et à sa fille promis l'un à l'autre, tel qu'il l'a reçu. Denise est très attirée par ces nouveaux magasins qui représentent l'avenir. Son oncle ne pouvant vraiment l'employer, elle s'y présentera et y connaitra un dur apprentissage. Toutefois sans le chercher et modestement (comme il sied à une femme), elle va grimper les échelons jusqu'à régner à la fois sur le magasin et sur Octave. Ceci malgré l'animosité de quelques employés et son départ avant un retour où sa position est consolidée.
Tout n'est pas pourtant simple dans la vie de la jeune fille. le plus grand de ses deux jeunes frères entre en apprentissage, mais se dévergonde dans ses heures de loisirs et c'est encore le rôle de sa soeur de se sacrifier pour lui, repoussant le moment d'acheter ce qui lui est nécessaire pour satisfaire ses caprices.
Malgré tout mon respect, toute mon admiration pour Zola, je m'interroge sur sa constance à vouloir que les femmes se sacrifient, ce qu'elles font dans ses livres (entre autres) tout naturellement sans se plaindre. Je sais que l'époque veut cela mais j'aurais aimé qu'il s'élève un peu contre. Et pourtant on en verra encore bien d'autres avant la fin des Rougon.
Un de ceux que je préfère. D'abord parce qu'il n'est pas sordide, même s'il est dur. Ensuite parce que Zola ne cherche pas à tout prix à asséner ses théories sur l'hérédité, car si je trouve l'idée bonne, je le trouve parfois un peu lourd dans ce domaine. Enfin parce qu'il est profondément vivant. On déambule sans peine au milieu des autres clientes, des employés, des surveillants, on touche les étoffes, on est ébloui par les lumières...
Aussi pour sa vérité. Tous les ressorts de la séduction du consommateur, enfin la consommatrice sont parfaitement décrits. Zola fait parfaitement sentir la dualité de ces nouveaux commerces, où d'une part contrairement aux vieilles boutiques, l'acheteuse peut toucher, comparer, où elle a le choix non seulement d'acheter ou pas puisqu'elle circule au milieu des marchandises, mais de choisir entre de nombreux articles équivalents. Et où d'autre part elle est en réalité capturée, entrée juste pour voir, ou pour acquérir un seul article elle est harponnée par le foisonnement de couleurs, de sensations tactiles, et ne sait plus ce qu'elle voulait. Les articles, moins chers que dans les boutiques, il lui semble économique de les acheter, bien qu'elle n'en ait pas eu l'intention auparavant. Seule une des clientes habituelle, mère de famille sait parfaitement en tirer parti sans se laisser prendre à la séduction des amoncellements d'articles.
La vie des employés est également expliquée, la hiérarchie et la compétition qui existent entre eux, la précarité de leur statut, lorsque les ventes baissent de façon saisonnière ils sont remerciés.
A mon avis un grand Zola, très accrocheur.

Challenge pavés 2014-2015
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