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Critique de Pas-chacha


C'est grâce à la proposition de faire une lecture commune avec deux autres babeliotes que je me suis enfin décidée à me mesurer à cette légende de la littérature française.
Ne l'ayant pas étudié en classe et n'ayant pas vu le film, j'étais vierge d'a priori.

J'ai été bien sûr subjuguée par le style de l'auteur. Qui est à la fois très descriptif et très percutant, qui parvient à nous faire entrer dans cet univers de la mine qui m'était tout à fait inconnu.

Mais c'est l'objet du roman et son intrigue qui m'ont le plus frappés. Cette exposition d'une profonde misère sociale, d'un monde totalement inimaginable sans description aussi réaliste, m'a vraiment touchée.

Nous rentrons directement dans le vif du sujet et avec Etienne, le fils de Gervaise (que je découvre en ce moment dans l'assomoir) nous découvrons l'univers des corons, le travail difficile, mal rémunéré, sans oxygène, dangereux. Grâce à la puissance évocatrice de l'auteur nous cotoyons les mineurs, le noir, l'univers clos. Et ça m'a glacé.
Puis nous découvrons les familles. Leur extrême pauvreté, aussi bien du côté des logements que de la nourriture, mais aussi la cohabitation avec des voisins très proches. Et la misère sociale, où les hommes boivent, les femmes cherchent à nourrir leur famille et éduquer leurs enfants, pendant que les jeunes filles copulent, parfois malgré elles, jeunes et avec l'espérance d'être mariées à leur tour, ce qui entraînera sa famille dans une plus grande pauvreté puisque l'argent qu'elles gagneront ira au nouveau ménage.

Comment ne pas être atterrée?

Et puis nous découvrons l'univers bourgeois et capitaliste, totalement inconscient de la misère environnante.

Tout cela mènera à une grève d'une grande envergure, dans laquelle les hommes oublieront qui ils sont devenus par leur éducation et l'ordre social pour devenir ce qu'ils sont quand ils ne se laissent guider que par les tripes et la faim.

Un roman dans lequel nous nous enfonçons peu à peu, toujours plus dans l'horreur de la misère. La famille Maheu, la mère et Catherine surtout, m'a beaucoup émue. Leur courage et leur abnégation sont un modèle de force et d'impuissance.

Les idées montrées dans le livre me semblent assez modernes, et j'ai vraiment eu l'impression d'assister à une scène réelle. Derrière l'intrigue, nous pouvons voir une dénonciation de la bourgeoisie, du capitalisme mais aussi de l'absence d'éducation, de la soif de pouvoir. Je dirais que j'en retiens la même sempiternelle question: Comment réagirions-nous à leur place? Entre l'acceptation de son sort, la lâcheté, ou la résistance au risque de perdre tout ce qu'on a?

Un monument que je suis très heureuse d'avoir découvert et qu'il était beaucoup plus facile de lire que je ce que j'imaginais.
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