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Critique de scarlett12


Inconditionnelle de Zola depuis l'adolescence, j'ai éprouvé de nouveau une grande satisfaction à la lecture de ce chef-d'oeuvre qu'est "La terre". Puissant, âpre, cruel, réaliste et écrit d'une main d'artiste qui plus de 130 ans plus tard n'a pas pris une ride.

On nous présente d'abord Jean Macquart, frère de Gervaise (cfr "L'assommoir) qui menuisier de son état revient de la bataille de Solférino et cherche du travail dans la Beauce où Zola situe son roman. Mais ce n'est pas le personnage le plus important du roman, le principal personnage est LA TERRE, cette terre pour laquelle les paysans sont prêts à toutes les bassesses, les vilenies, mensonges, coups fourrés, violence voire assassinats !

Le père Fouan et son épouse, se sentant trop âgés pour poursuivre le dur labeur de cultivateurs qu'ils ont effectué toute leurs vies, cèdent, devant notaire, leurs biens à leurs 3 enfants : Hyacinthe, dit Jésus-Christ, paresseux, braconnier, ivrogne invétéré et surnommé également "le venteux" pour sa passion à émettre des pets sonores, à Fanny, sa seule fille et à Buteau, homme avaricieux, brutal et sans morale : des trois enfants, c'est lui qui est le plus amoureux de la terre (et des gains qu'il espère en tirer !). Fouan réalise ce partage en échange d'une rente allouée par chacun de ses enfants, rente qu'il ne touchera que rarement pour finir en jamais.

Lorsque la mère Fouan meurt (après avoir été violemment poussée par son fils Buteau), le père est successivement recueilli d'abord par sa fille qui le blesse en disant "qu'il reviendra à genoux demander à ce qu'elle le reprenne". le vieux, vexé dans son orgueil, ira chercher refuge chez Buteau qui entre-temps s'est marié avec une jeune fille , Lise, qu'il avait mise enceinte et laissé accoucher sans s'en occuper ... Ces épousailles sont le fait de la terre que la jeune femme a reçu en partage avec sa soeur, Françoise, une jeunesse de 14 ans, lors du décès de leur père, frère de Fouan (les époux sont donc cousins) et ce couple gardera Françoise comme bonniche afin qu'elle ne puisse recueillir sa part d'héritage et qu'il puisse la sauter comme une jument !

Le père s'enfuira de chez Buteau où chaque morceau de pain lui est compté et où les menaces et les violences envers lui comme envers les deux femmes sont permanentes. Il ira se réfugier chez son aîné, Jésus-Christ, et s'en trouvera bien au début, bien nourri, entraîné dans sa débauche alcoolisée, il se sentira ragaillardi jusqu'à ce que ses fils découvrent qu'il a des obligations qui lui rapportent de l'argent ... Dès lors, Jésus-Christ et sa fille "La trouille" le fouilleront toutes les nuits, le croyant endormi pour essayer de trouver les fameux papiers. Craignant pour sa vie, le père Fouan s'enfuit à nouveau et n'ayant plus de toit où loger s'en retourne finalement chez Buteau qui l'accueillera lui aussi pour mettre la main sur ces fameuses obligations.

Chez Buteau, la violence et l'obsession sexuelle envers sa petite belle- soeur Françoise règne plus que jamais, il la pince sans arrêt entre les jambes et tente par tous les moyens de la violer avec l'assentiment de sa femme (Lise, la soeur de Françoise !) A sa majorité (21 ans à l'époque), Françoise fuira et se réfugiera chez sa tante (soeur de Fouan) en attendant de recevoir du notaire sa part d'héritage. de plus, elle épousera Jean Macquart, son aîné de 15 ans qui l'avait déflorée lorsqu'elle était gamine et dont il est depuis toujours éperdument amoureux pour la plus grande rage de Buteau dont la fureur atteindra son comble lorsque le notaire attribuera à Françoise la part de terres, de mobilier, de linge, de bêtes qui lui reviennent en plus de devoir lui céder la maison familiale et de devoir la payer pour les travaux qu'elle a accompli pour lui depuis des années.

Revenons un moment sur la soeur de Fouan, surnommée "La Grande" devant laquelle tout le monde rampe tant elle est méchante, sournoise et vicieuse, ne trouvant de plus grande joie que de semer la zizanie dans sa famille, ce qu'elle a déjà prévu dans son testament, puisque aussi sinon plus avaricieuse que les autres, elle enrage de ne pouvoir emporter ses biens dans la tombe, c'est d'ailleurs grâce à ses avoirs que personne n'ose s'opposer à elle (même pas cette brute de Bureau) par crainte de se voir dépossédé dans son testament(car elle a quand même 90 piges la vioque) !

Gravitent encore autour de ce vilain petit monde une kyrielle de personnages dont les 9/10 ont les mêmes réactions face à la vie : la terre, la terre, la terre jusqu'à l'obsession, l'entretenir, l'agrandir pour profiter des ses bénéfices, l'argent, l'argent et encore l'argent , le sexe bestial à souhait et le langage d'une grossièreté inouïe !

Si ne ne peux m'empêcher de penser que Zola force peut-être un peu trop le trait, il n'en demeure pas moins que sa description des paysans de l'époque est probablement assez proche de la vérité car j'ai connu dans ma jeunesse quelques paysans assez similaires à ceux qu'il dépeint.

Je vous souhaite une bonne lecture instructive et prenante !

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