AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Andromeda06


Dans ce quinzième tome des Rougon-Macquart, Zola nous invite à découvrir la vie des paysans. C'est à la Beauce, en Eure-et-Loir, dans un village qu'il a nommé Rognes, qu'il situe le déroulé des événements. On y suit principalement la famille Fouan, dans laquelle on verra évoluer Jean Macquart (fils d'Antoine Macquart, frère de Gervaise et Lisa).

Après son temps dans l'armée, Jean délaisse son métier de menuisier pour travailler la terre. D'abord employé chez le respectable Hourdequin, les circonstances l'amèneront à épouser Françoise qui, nouvellement majeure, peut enfin bénéficier de sa part d'héritage. le voilà désormais mêlé à des histoires de famille à n'en plus finir. Lui qui avait fui la sienne en retrouve finalement une qui ne vaut pas mieux. Chacun se bouffe les uns les autres avec leurs histoires d'héritage, d'argent, de rentes.

Comme à son habitude, Zola implante son contexte environnemental avec brio et réalisme. La terre, ici, joue son rôle à la perfection. Tout se déroule au rythme des saisons et du travail qui s'y prête. Elle est dure, intraitable, sans aucune empathie pour les paysans qui dépendent d'elle, totalement immuable et méprisante face aux déboires des hommes.

"La Terre" est l'un des Rougon-Macquart les plus difficiles à lire, mais non pas par le style de l'auteur, qui est toujours aussi minutieux et efficace. D'autant plus qu'il ne part pas dans de grandes descriptions comme il en a souvent l'habitude (et qui ne m'ont que très rarement dérangée par ailleurs), il les intègre ici dans les différents événements et actes de ses protagonistes, ce qui ne m'a pas permis d'en ressentir la moindre longueur, alors que ce roman est l'un des plus "épais" de la série.

Bien que Zola aborde avec habileté les conditions difficiles de la vie de paysan, de la dureté du labeur et du travail de la terre, ce n'est pas non plus ce qui a rendu la lecture plus ardue que d'habitude.

Non, ce qui a rendu la lecture un peu plus difficile, c'est la teneur des événements. S'il y a toujours autant (si ce n'est plus) de mesquineries, de cancans, de rancunes et de querelles entre les différents protagonistes, si l'auteur met encore une fois en avant leur cupidité et leur désir d'en avoir toujours plus, les penchants alcooliques des hommes et le "dévergondage" des femmes, il va ici beaucoup plus loin dans les différents actes des personnages. Il y est constamment question de vol et de deshéritage, mais aussi de maltraitance, de viol et de meurtre. Je n'ai pas encore tout lu des Rougon-Macquart, mais pour moi, "La Terre" fait partie des tomes les plus sombres et les plus violents, au même titre que "L'assommoir", "Germinal" ou encore "La bête humaine".

Là où ce roman se démarque des autres, c'est que Jean Macquart n'est pas le personnage principal, il sert avant tout à mettre en avant les différents membres de la famille Fouan en jouant le rôle d'une de leurs victimes dans les guerres qu'ils mènent les uns contre les autres. Il m'a un peu fait penser à Florent dans "Le ventre de Paris", qui jouait plus ou moins le même rôle, et dans lequel les Rougon-Macquart ne jouent pas un rôle premier là non plus. La famille Fouan comprend de nombreux membres détestables, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre : entre les uns trop cupides, avares, hypocrites, rancuniers ou jaloux, très peu ont eu droit à mon empathie (uniquement les "victimes", les plus faibles, dont le sort était déjà jeté dès le début...). Dans l'ensemble, les personnages principaux et secondaires, bien que très nombreux ici, sont tous bien creusés, dépeints de manière exagérément réaliste, comme l'auteur m'a toujours habituée.

"La Terre" ne fait pas partie de mes préférés parmi les vingt tomes de la série. Il ne fait pas partie non plus de ceux que j'ai le moins aimés. Il fait partie, en revanche, de ceux qui m'ont le plus marquée et que j'ai trouvés assez dur à lire, de par le sort de certains personnages pour lesquels l'auteur est sans scrupule (Françoise notamment), de par son aspect parfois bilieux et dérangeant.

Et je peux dire encore une fois avoir passé un bon moment de lecture grâce à Émile Zola.
Commenter  J’apprécie          4915



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}