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Critique de colimasson


Malgré les abondantes études qu'Emile Zola consacra à la question sociale et au marxisme en amont de l'écriture de ce volume, le roman de L'Argent ne permet pas de saisir d'un coup d'oeil la nature du système économique de la fin du 19e siècle. 400 pages de réflexion dans ses brouillons seront réduites à un feuillet dans le roman ; pour le reste, Emile Zola connaissait mal la Bourse. Sa vie durant, il n'eut jamais à gérer ses finances. Son éditeur Fasquelle lui tenait lieu de banquier et Zola lui demandait à mesure les sommes dont il avait besoin, sans qu'il ne lui soit nécessaire de se préoccuper plus attentivement des mécanismes de la banque.


C'est tant pis mais c'est aussi tant mieux : nous n'apprendrons peut-être pas grand-chose de surprenant concernant les processus déjà avides qui fondent le système bancaire à la fin de ce siècle (les processus de notre époque, bien plus abstraits et enchevêtrés, seraient une source mille fois plus prodigue en étonnement et consternation) mais nous suivrons avec émotion la démonstration dressée par Emile Zola pour traduire ce que suscita peut-être son étude préalable : le grand scandale selon lequel la misère n'est pas provoquée par l'argent mais par l'accaparement de l'argent dans une société qui se fonde sur l'exploitation des multitudes par quelques privilégiés.


L'intrigue s'inspire de l'affaire Bontoux qui suscita le Krach de l'Union générale en janvier 1882. Cette déconfiture fut ensuite utilisée pour accuser, entre autres, les juifs et les francs-maçons. Ce roman traduit d'ailleurs très bien l'antisémitisme naissant et relié aux envies, aux jalousies et aux ambitions folles dont la source est la concurrence économique. le discours d'Emile Zola est intelligent et mesuré. Il aurait été facile de blâmer uniquement l'argent et d'en faire l'image d'un dieu avilissant qui soumet une population d'êtres humains purs par nature, mais Emile Zola préfère souligner la culpabilité de l'homme dans l'établissement d'un système dominé par l'argent. A cause de l'homme, l'argent est devenu sale : il a tout souillé, même, et surtout, le désir. Et dans cette décrépitude du lien, de l'estime et de la dignité, que devient l'amour ?


A travers L'Argent, Emile Zola s'est posé beaucoup de questions qui ont le mérite de l'intemporalité. Saurons-nous jamais créer quelque chose de noble avec et malgré l'argent, ou notre nature même nous en empêchera-t-elle toujours ?
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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