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Critique de Bigmammy


Paru en 1871, ce deuxième opus de la série des Rougon-Macquart introduit le lecteur dans la très haute bourgeoisie d'affaires du début du Second empire. L'héroïne de cette « saison » est Renée, une très jolie femme à qui tout semble sourire. Elle est riche, elle habite un somptueux hôtel particulier que son mari, Aristide Saccard, vient de faire construire entre le boulevard Malesherbes et le parc Monceau, elle est une des reines de Paris … et elle s'ennuie à mourir.
Son destin n'a pas été sans un terrible accroc : à dix-neuf ans, en vacances chez une tante, elle a été violée et est enceinte. IL faut lui trouver rapidement un mari complaisant, la famille est prête à payer. C'est justement d'un premier capital dont a besoin Aristide Rougon – qui a choisi de changer de patronyme pour celui de Saccard à la demande de son frère Eugène, le ministre – mais son épouse met un certain temps à mourir … Tout va être conclu dans les temps grâce à l'entremise efficace de la soeur d'Aristide, Sidonie Rougon, la courtière …
Grâce à l'argent de la dot, Aristide se lance dans la spéculation immobilière folle qui se noue autour des transformations du Paris du baron Haussmann. Aristide est aux deux bouts de la chaîne : il travaille à la voierie à l'Hôtel de Ville, il utilise des prête-noms pour ses opérations d'achats puis d'indemnisation des propriétés expropriées … Sa fortune éclate, il peut faire revenir de la campagne son fils aîné, Maxime, un jeune homme d'une beauté presque féminine, à peine plus jeune que Renée, qui va le prendre en amitié, l'initier aux belles manières, en faire un élégant séducteur …
Même si Zola se perd un peu dans les descriptions foisonnantes des toilettes et fanfreluches des dames et des végétaux exotiques de la serre luxuriante de l'hôtel particulier des Saccard, la descente aux enfers des personnages compte parmi les plus belles pages de la littérature française. Certaines scènes ont manifestement inspiré les plus grands cinéastes – je pense au cotillon du bal – et les décors sont encore plus somptueux quand on les imagine à travers la lecture. Quant aux scènes d'amour, toutes en finesse, elles émeuvent le lecteur au plus profond, malgré leur caractère scabreux.
Quand Zola publie La Curée, il a trente ans, il vient d'épouser Alexandrine dont la vie a inspiré plusieurs de ses personnages dit-on, et son propos est de dévoiler la vérité derrière la façade de cette bourgeoisie d'argent dont l'établissement du régime impérial a été l'oeuvre et le triomphe. « Ruissellement des millions et bruit grandissant des orgies », telles sont les occupations de ce nouveau monde…
On comprend comment Zola, écrivain à succès auquel on demanda de cesser de paraître en feuilleton afin que sa prose ne soit pas mise trop aisément à la disposition des petites gens, fut blacklisté par la bonne société de son temps … Et, ce qui nous manque aujourd'hui, ce sont les clés des différents personnages. Car il n'est pas douteux que Zola s'est appuyé sur les portraits de certains de ses contemporains, comme il l'a fait dans l'aventure suivante d'Aristide Saccard, que l'on retrouve dans "L'Argent"
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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