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Critique de Nastie92


♬ Voilà, c'est fini ♬
Ça y est, j'ai enfin terminé ce roman !
Si l'on m'avait dit qu'un jour je refermerais un livre de Zola en poussant un soupir de soulagement, je ne l'aurais pas cru.
C'est pourtant ce qui vient de m'arriver.
Jusqu'ici, j'ai toujours tourné la dernière page ravie, transportée, admirative de cet écrivain de génie, mais aussi un peu triste comme à chaque fois que je quitte un ouvrage prenant.
Après le ventre de Paris, j'ai poussé un soupir de satisfaction, ayant apprécié par les cinq sens toute la palette des victuailles que Zola nous y décrit.
Après La conquête de Plassans, j'ai poussé un soupir d'admiration devant le talent de l'auteur qui a créé un personnage diabolique et monté un incroyable scénario.
Mais ici, je suis soulagée !
Je suis soulagée d'en avoir fini parce que cette lecture, loin de m'avoir enthousiasmée comme l'ont fait tous les autres volumes des Rougon-Macquart que j'ai déjà lus, m'a globalement ennuyée.
Alors, oui, on reconnaît dans ce roman le style de Zola, mais...
Le thème était alléchant, mais...
Ce livre avait a priori tout pour me plaire, mais... il ne m'a pas convaincue.
Pourquoi donc ?
Tout d'abord, il y a les descriptions.
J'aime les descriptions, particulièrement dans Zola. Dans le ventre de Paris, je les ai trouvées époustouflantes. J'en ai savouré chaque phrase, chaque mot. À travers elles, l'auteur nous fait sentir, toucher, entendre, voir et même goûter toute la vie du quartier des Halles ; c'est la fête des cinq sens !
Mais ici, quand l'auteur dépeint un à un les arbres et les fleurs, le lecteur a droit à des pages et des pages qui semblent tout droit sorties du catalogue Vilmorin.
♫ Pour faire un arbre, mon Dieu que c'est long ! ♫ a chanté Hugues Aufray, et là, j'ai envie de dire : "Pour décrire un arbre, mon Dieu que c'est long !"
Trop, c'est trop. Quel ennui !
Et puis, il y a l'histoire et les personnages.
Le Paradou, sorte d'éden que le prêtre Serge Mouret découvre, va chambouler sa vie. Ce lieu paradisiaque va faire tourner la tête de l'ecclésiastique et causer sa perte. D'autant qu'il le visite en compagnie de la séduisante Albine...
Cela aurait pu être passionnant.
Le hic, c'est que je n'ai pas accroché, et que j'ai même trouvé de nombreux passages assez mièvres.
Après un début de roman que j'ai apprécié, des personnages qui me plaisent (La Teuse, particulièrement réussie), je me suis ennuyée à mourir dans ce Paradou. Il a beau être habité par d'innombrables plantes, sa traversée a été pour moi une véritable traversée du désert. J'ai donc tourné les pages sans grand plaisir, ayant hâte d'en sortir.
Dans la dernière partie du livre, mon intérêt a été, heureusement, un peu relancé.
J'ai même fini par y retrouver le Zola que j'aime. Ouf !
Conclusion ?
Dans ma lecture du cycle des Rougon-Macquart, je dirais que ce cinquième volume constitue un accident de parcours.
Je pardonne bien volontiers à Zola pour qui j'ai les yeux de Chimène, et vais poursuivre mon chemin avec lui... pourvu qu'il ne cherche pas à nouveau à m'emmener au Paradou.
Et maintenant, place à Son Excellence Eugène Rougon !
Mais avant cela, je vous offre un petit bout de Paradou pour que vous puissiez vous faire une idée. Ce n'est qu'un tout petit bout... à vous d'imaginer cela sur des pages et des pages...
"Le couple enjambait les obstacles, continuait sa marche heureuse entre les deux haies de verdure. À droite, montaient les fraxinelles légères, les centranthus retombant en neige immaculée, les cynoglosses grisâtres ayant une goutte de rosée dans chacune des coupes minuscules de leurs fleurs. À gauche, c'était une longue rue d'ancolies, toutes les variétés de l'ancolie, les blanches, les roses pâles, les violettes sombres, ces dernières presque noires, d'une tristesse de deuil, laissant pendre d'un bouquet de hautes tiges leurs pétales plissés et gaufrés comme un crêpe. Et plus loin, à mesure qu'ils avançaient, les haies changeaient, alignaient les bâtons fleuris de pieds-d'alouettes énormes, perdus dans la frisure des feuilles, laissaient passer les gueules ouvertes des mufliers fauves, haussaient le feuillage grêle des schizanthus, plein d'un papillonnage de fleurs aux ailes de soufre tachées de laque tendre. Des campanules couraient, lançant leurs cloches bleues à toute volée, jusqu'au haut de grands asphodèles, dont la tige d'or leur servait de clocher. Dans un coin, un fenouil géant ressemblait à une dame de fine guipure renversant son ombrelle de satin vert d'eau. Puis, brusquement, le couple se trouvait au fond d'une impasse ; il ne pouvait plus avancer, un tas de fleurs bouchait le sentier, un jaillissement de plantes tel, qu'il mettait là comme une meule à panache triomphal. En bas, des acanthes bâtissaient un socle, d'où s'élançaient des benoîtes écarlates, des rhodantes dont les pétales secs avaient des cassures de papier peint, des clarkias aux grandes croix blanches, ouvragées, semblables aux croix d'un ordre barbare. Plus haut, s'épanouissaient les viscarias roses, les leptosiphons jaunes, les colinsias blancs, les lagurus plantant parmi les couleurs vives leurs pompons de cendre verte. Plus haut encore, des digitales rouges, les lupins bleus s'élevaient en colonnettes minces, suspendaient une rotonde byzantine, peinturlurée violemment de pourpre et d'azur ; tandis que, tout en haut, un ricin colossal, aux feuilles sanguines, semblait élargir un dôme de cuivre bruni."
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