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Critique de Meps


Meps
17 février 2022
Ce que j'aime le plus chez Zola, c'est son côté roman historique... Son objectif avec les Rougons-Macquart était, à travers l'histoire d'une famille, de brosser le tableau de la vie de toute la société sous le Second Empire, et cela nous connecte donc avec le XIXe siècle, ce qui est pour lui de l'actualité est pour nous de l'histoire. Intéressant même si anecdotique, le clin d'oeil moqueur à Balzac, autre témoin volontaire de son epoque, dans ce volume via cette citation "Cependant dans le groupe de femmes où trônait Malignon, on causait littérature: Madame Tissot declarait Balzac illisible ; il ne disait pas non, seulement il faisait remarquer que Balzac avait, de loin en loin, une page bien écrite ". Ca balançait pas mal à Paris, à l'époque aussi.

Pourtant, c'est un Zola un peu étriqué que cette Page d'amour. L'action a majoritairement lieu dans deux appartements de Passy, aujourd'hui 16eme arrondisement de Paris. Et meme quand on sort de ces appartements, on se limite à deux trois rue du quartier alors que tout Paris s'étale à la fenêtre et nous offre ses monuments emblématiques. C'est qu'ici, Zola parle d'amour. Et que, à l'image de ce qu'il a pu faire pour La faute de l'abbé Mouret, pour Mimile, l'amour ça se cache. Un peu moins l'amour officialisé par le mariage des Deberle, ou le presque officiel de la servante Rosalie et de son fiancé,  mais on reste plein de pudeurs et de reserves.... alors s'il s'agit d'amour adultère, l'art est bien sûr dans la dissimulation (mais vous me direz, de nos jours, ca reste le plus souvent le cas). L'opposition principale ici est peut-être celle de l'amour filial de Jeanne, moral et bien considéré opposé à une passion que l'on cherche à combattre parce qu'elle ne pourra que nous détruire. Et pourtant, à la lecture, c'est presque l'amour de Jeanne qui finit par lasser et même pour tout dire par énerver par sa jalousie, son égoïsme, son refus de voir sa mère heureuse en dehors d'elle. La fin nous fera évidemment changer d'émotion à propos de cette jeune fille, ceux qui ont lu savent pourquoi, je préserve l'expérience de ceux qui ne connaissent pas.

On finit donc un peu déçu par une histoire qui reste en grande partie un roman d'amour malheureux banal comme il y en a tant au XIXeme. Il reste tout de même une peinture acerbe de la bourgeoisie parisienne et de ses enthousiasmes hypocrites et passagers, de ces amitiés de facade où l'apparence reste l'essentiel. Et aussi ces passages où le tableau de Paris étalé sous les yeux de l'héroïne, à différents moments de la journée ou sous diverses météos agit en miroir des émotions de celle qui le contemple.

On reste malgré tout sur notre faim et on comprend bien pourquoi cet opus n'a pas atteint la renommée des autres. Les 400 pages nécessaires pour une seule d'amour alourdissent un propos qui ne parvient pas à retranscrire de façon satisfaisante les élans de la passion.

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