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Critique de Cigale17


Un roman surprenant, une belle découverte et de vraies émotions en prime ! Je n'ai pas lu le précédent roman de Markus Zusak, intitulé La Voleuse de livres, dont le succès fut planétaire. Voilà l'histoire des cinq frères Dunbar (Matthew, Rory, Henry, Clayton, Thomas, du plus vieux au plus jeune) ; leur mère est morte et leur père a fui. Ils vivent sans adultes (Matthew a dix-huit ans), chahutent beaucoup, se disputent encore plus, se battent fréquemment et s'aiment infiniment. Leurs animaux domestiques portent des noms issus de L'Iliade que leur mère Pénélope leur lisait souvent. Mais l'Assassin revient et leur vie va changer...
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Le Pont d'argile débute par quelques pages titrées « avant le commencement : La Vieille MAE ». Je suis donc allée voir à la fin du roman et, forcément, il finit par quelques pages titrées « après la fin : La Vieille MAE, revisitée »… MAE pour « machine à écrire » et cela prend toute son importance dans la structure narrative choisie par l'auteur. Matthew, l'aîné des cinq frères Dunbar, se présente comme le narrateur et commence par la fin, 11 ans après les événements principaux que je ne veux pas raconter ici. Donc Matthew, marié et père de famille au moment où il écrit, a récupéré dans des circonstances très inhabituelles une vieille machine à écrire sur laquelle il va taper ce que les protagonistes de cette histoire lui ont raconté directement et ce qu'il en a appris indirectement. MAE, c'est le moyen que l'auteur a choisi pour que l'on n'oublie jamais que Matthew est le narrateur. Ce choix est renforcé par un procédé typographique qui agit comme un rappel : le titre et le ou les premiers mots de chaque chapitre sont écrits dans une police de caractère qui imite celle des vieilles machines. Et ce n'est pas inutile : Matthew s'efface tellement au cours de la narration qu'on a tendance à oublier qu'il rapporte ce qu'on lui a raconté, pas seulement ce qu'il a vécu...
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J'ai beaucoup aimé ce formidable pavé (572 pages), sorte de roman d'apprentissage pour les cinq frères – on suit surtout Clay – dans lequel la mise en abyme (dans le roman, Matthew écrit leur histoire) et une forme de narration différée donne un étrange sentiment de décalage au lecteur. Il ne s'agit pas seulement de retours en arrière : Markus Zusak réussit à susciter une formidable empathie envers ses personnages parce que le lecteur en sait souvent plus qu'eux. Il connaît parfois leur avenir et souffre à l'avance pour ce qui va leur arriver, effet renforcé par les adresses au lecteur : « Alors, je vous en supplie, souvenez-vous-en », procédé nécessaire puisque l'explication peut venir longtemps après. Le roman développe les thèmes de la perte (le deuil, mais pas seulement), de la rédemption, du pardon et de l'amour sous différentes formes. J'ai beaucoup aimé l'écriture, parfois très proche de l'oral, parfois lyrique, mais jamais banale, même si certains procédés reviennent trop fréquemment à mon goût. Bref, j'ai demandé La Voleuse de livres à la bibliothèque…
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