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Une fratrie (nombreuse) de 5 garçons de 13 à 20 ans totalement livrés à eux-mêmes, dont Mattew - l'aîné, le chef et le narrateur du roman - et Clay, 16 ans, le héros, le garçon au prénom d'argile ; des animaux (en pagaille) : un chat, un chien, un pigeon, un poisson rouge, des chevaux, et même un mulet - dans la cuisine ; un piano (au clavier peinturluré) ; un serpent (mort) ; Homère (l'Iliade et l'Odyssée) ; une vieille pince à linge (cachée au fond d'une poche) ; une mère (décédée) ; un père (en fuite) étrangement surnommé “l'Assassin” par ses enfants, et qui soudain réapparaît ; une machine à écrire (enterrée) ; de la tendresse (beaucoup) et de l'amour (encore plus) ; de la rancune, de la violence et de la haine pour mieux se protéger de la douleur et du chagrin (immenses) ; et, pour finir, un pont à construire... tels sont les ingrédients du dernier roman de Markus Zusak, “Le pont d'argile”. J'avais beaucoup aimé ses deux précédents livres - “La voleuse de livres” et “Le Messager” - mais j'ai eu tout d'abord un peu de mal à entrer dans ce nouveau (gros) roman, me demandant pendant un bon bout de temps ce que je venais faire au sein de cette fratrie bagarreuse, débraillée et passablement loufoque. Et puis, après une centaine de pages, le charme a opéré et je me suis laissée totalement séduire et même captiver par cette histoire à plans multiples, terriblement attachante, parsemée d'indices et de brèches ouvertes sur l'avenir qui, ne prenant leur sens que par dévoilements successifs, titillent la curiosité du lecteur tout au long du récit - une histoire très habilement construite, comme un puzzle dont les pièces, l'air de rien, s'assemblent peu à peu jusqu'au dénouement final. Avec "Le pont d'argile", Markus Zusak nous offre avec infiniment de tendresse un beau roman d'apprentissage sur le deuil et l'abandon autant que sur le passage à l'âge adulte et les difficultés à grandir au sein d'une famille détruite, et sur les épreuves à surmonter pour arriver à se construire - comme on construit un pont pour tenter de relier les pertes du passé aux possibles promesses de l'avenir. J'ai vraiment beaucoup aimé ces personnages extrêmement attachants et cette histoire pleine d'émotions et de drôlerie - ce genre d'histoires qui nous accompagne longtemps et que l'on n'oublie pas- servie par une écriture percutante qui sait allier l'humour à la poésie et qui sonne toujours juste. Une très belle lecture, qui se mérite un peu au début mais qui en vaut vraiment la peine… et, sans hésitation, mon premier coup de coeur de l'année. [Challenge Multi-Défis 2020] [Challenge Pavés 2020] + Lire la suite |