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Critique de elea2020


J'ai eu un coup de coeur pour cette nouvelle très aboutie, dense et parfaite dans son écriture.

Le récit prend le parti de nous faire glisser peu à peu d'une aventure amoureuse assez banale, un flirt dans un grand hôtel, à une réflexion profonde sur la signification de cette même aventure pour le jeune garçon, Edgar, qui se retrouve dans un trio bien embarrassant avec sa mère, assez froide et peu maternelle, et le baron, chasseur de femmes comme cela a été dit plus haut. Alors qu'il se faisait une joie d'avoir un ami en la personne du baron, et se sentait grandir, devenir presque adulte, en sa pré-adolescence, il se sent vite trompé, car une fois que le baron, purement calculateur, s'est introduit grâce au fils dans les bonnes grâces de la mère, Edgar commence à déranger, et on lui suggère d'aller s'occuper seul quelque part ailleurs.

Surtout, il ne supporte plus que l'on fasse sans cesse référence à son statut d'enfant, alors que l'orgueil commençait à le gagner : il n'en était plus un, il comprenait bien plus de choses à présent. Pourtant, l'initiation n'est qu'entamée, et le garçon va subir plusieurs péripéties, épier ce qui se passe, essayer de s'imposer, pour finir par haïr sa mère et le baron, qui, il en est sûr, lui cachent un secret... Brûlant secret qui, s'il le surprend, lui permettra d'accéder au monde adulte. C'est donc une autre chasse qui se joue à présent, dont la mère d'Edgar est l'enjeu.

J'ai dévoré cette nouvelle de 69 pages, riche en réflexions sur la séduction, la conduite des adultes lorsqu'ils se laissent mener par leurs désirs et commencent à mentir, la déception liée à la tromperie et au mensonge, et bien sûr, ce moment troublant entre l'enfance et l'âge adulte, l'ambivalence de ce seuil, où l'on anticipe ce qui vient après, mais on ne voudrait pas perdre l'innocence de l'enfance, la protection des personnes aimées.

Une fois encore, l'écriture déploie à merveille des scènes, des paysages, parfois exaltants, parfois inquiétants ; la nature est un personnage à part entière, qui se prête complaisamment aux ambiances et aux ressentis des hommes qui la peuplent, et pourtant, elle reste irréductible et autonome dans son propre mystère. Un parc au printemps peut abriter aussi bien des couples qui se réfugient dans la sensualité de la nuit, qu'un enfant seul et agité, comme abandonné de tous. Zweig crée autour de nous un monde aux accents d'hier, au bord de l'abîme, et déjà étonnamment moderne, dans lequel nous trouvons toujours notre juste place.
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